Cessez-le-feu : l’aide humanitaire n’arrive pas encore adéquatement à Gaza.
Les autorités israéliennes ont annoncé jeudi que la date d’ouverture du passage de Rafah entre la bande de Gaza et l’Egypte serait annoncée « ultérieurement ». Malgré le cessez-le-feu, le problème de la saturation des hôpitaux perdure, avec un hôpital de terrain accueillant 160 patients pour une capacité officielle de 110 lits.
Les autorités israéliennes ont annoncé jeudi que la date d’ouverture du passage de Rafah, qui relie la bande de Gaza à l’Égypte, sera dévoilée « ultérieurement ». Cela intervient après qu’une annonce de la télévision publique israélienne sur une ouverture prévue ce mercredi.
La date sera communiquée « une fois que la partie israélienne, en collaboration avec la partie égyptienne, aura achevé les préparatifs nécessaires à l’ouverture du point de passage », a précisé le Cogat, l’organisme du ministère israélien de la Défense chargé des activités civiles dans les Territoires palestiniens. Ce passage doit, selon l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, permettre l’acheminement d’un volume accru d’aide internationale vers la bande de Gaza.
Sur le terrain, les ONG constatent une augmentation du nombre de camions d’aide humanitaire, notamment des camions-citernes transportant du carburant, mais « ce n’est toujours pas assez », met en garde Caroline Willemen, coordinatrice chez Médecins Sans Frontières, actuellement dans le sud de la bande de Gaza.
En plus du volume de camions pouvant entrer dans l’enclave, l’importation de certains matériaux reste limitée. « Certains matériaux sont considérés par les autorités israéliennes comme ‘dual use’ (ndlr : des biens, des logiciels et des technologies ayant des applications civiles et militaires). Cela comprend des matériaux essentiels pour notre hôpital, pour la stérilisation et la purification de l’eau. Tout cela reste bloqué aux frontières en Égypte et en Jordanie », déplore-t-elle.
Les contrôles de sécurité et les procédures administratives n’autorisent l’entrée des camions qu’au compte-goutte. « Il y a un peu plus de nourriture sur le marché, mais nous continuons de diagnostiquer des cas de malnutrition aiguë tous les jours. Ce n’est pas parce qu’il y a de la nourriture sur le marché que tout le monde y a accès. » Des cuisines populaires fonctionnent pour nourrir les habitants, mais elles ne suffisent pas. De plus, le système d’eau potable n’est pas opérationnel.
L’ONU appelle à l’ouverture de tous les points de passage, soulignant l’urgence de la situation et la nécessité d’une aide humanitaire à grande échelle.
Malgré le cessez-le-feu, la saturation des hôpitaux demeure un problème. « Notre hôpital de terrain, qui a officiellement une capacité de 110 lits, accueille 160 patients. Ce chiffre ne diminue pas car, même s’il y a moins de nouveaux patients qui arrivent, les blessures sont tellement complexes que le travail continue. […] Il va y avoir un travail de reconstruction énorme, y compris pour le système de santé, » alerte Caroline Willemen.
Les habitants de la bande de Gaza, pour la plupart, retrouvent leurs maisons en ruines, avec des tentes souvent installées à proximité, alors que les nuits deviennent de plus en plus fraîches avec l’arrivée de l’hiver. « Certains n’ont même pas de tente », témoigne la coordinatrice de MSF.
Pour elle, tout type d’aide humanitaire (services médicaux, eau, alimentation et abris) est encore indispensable et urgent. « Ce sera malheureusement le cas pour les mois et les années à venir », ajoute-t-elle.
Du point de vue de la perception sur place, « ce cessez-le-feu est un espoir très fragile », explique-t-elle. « Avec ce cessez-le-feu, tout le monde ressent ce qu’il a perdu pendant ces deux ans d’horreur, toutes ces émotions que l’on n’a pas eu le temps de traiter car on était en mode survie. […] Le peuple palestinien va se rétablir, mais ce sera un travail de plusieurs années et générations. »

