Belgique

Certains profs vont devoir passer plus de temps en classe : combien d’heures travaillent-ils déjà ?

Deux heures de plus en classe par semaine seront instaurées dès la prochaine rentrée pour tous les profs de la 3e à la 6e secondaire dans la Fédération Wallonie-Bruxelles. La charge de travail des enseignants peut varier, un jeune prof ayant un besoin de préparation plus important qu’un collègue plus expérimenté.


Deux heures supplémentaires de cours par semaine à partir de la rentrée prochaine pour tous les enseignants de la 3e à la 6e secondaire. C’est probablement la mesure la plus significative adoptée ce vendredi par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles afin de faire des économies dans le secteur de l’éducation.

Il s’agit d’une harmonisation de l’horaire avec celui de leurs collègues des deux premières années du secondaire, qui effectuent déjà vingt-deux heures par semaine, contre vingt heures pour le secondaire dit « supérieur ».

Concrètement, cela représente une augmentation de 10 % du temps d’enseignement devant les élèves pour les enseignants concernés (les enseignants de plus de 60 ans et ceux du secteur spécialisé étant exemptés). Cela s’effectue sans augmentation de salaire, bien que le salaire des enseignants du secondaire supérieur soit déjà 25 % plus élevé que celui de leurs homologues du secondaire inférieur, ces derniers n’ayant pas de master universitaire.

De manière générale, la charge horaire hebdomadaire peut varier de dix-huit heures dans le secondaire spécialisé à vingt-six heures dans le maternel ordinaire. La majorité des enseignants se situe plutôt autour de vingt-quatre heures de cours par semaine en primaire, et désormais vingt-deux dans l’ensemble du secondaire.

Il convient de noter qu’il s’agit d’heures de cours de cinquante minutes, et non d’une heure pleine, comme c’est traditionnellement le cas dans l’enseignement. Ainsi, on peut plutôt évoquer une trentaine d’heures passées face aux élèves chaque semaine en primaire et dix-huit dans le secondaire.

Cependant, il est bien établi que ce temps de classe ne représente pas l’intégralité du travail effectué par les enseignants tout au long de l’année.

À ce propos, un syndicat tel que la CSC fait généralement la distinction entre le travail effectué en classe et celui préparatoire. Ce dernier, bien que moins visible, est tout aussi crucial et inclut notamment : la préparation des cours (recherche, rédaction, création de supports, etc.); les corrections et la saisie des évaluations; ainsi que la gestion du journal de classe (y compris en format numérique). À ces tâches, il faut également ajouter celles liées à la fonction de titulaire de classe (élaboration des bulletins, rédaction de rapports disciplinaires, réunions de parents) ainsi que la gestion pédagogique spécifique (en collaboration avec le centre PMS ou avec des parents en dehors des heures prévues). Il ne faut pas négliger non plus le travail d’équipe avec le reste du personnel de l’établissement : conseils de classe, réunions d’équipe, surveillance, conseils de discipline, etc. Les activités socioculturelles organisées par les enseignants au sein de l’école et le temps de formation continue font également partie de ces tâches.

En somme, les représentants des enseignants estiment qu’il est aisé de doubler le temps de travail des enseignants par rapport à celui qu’ils passent en classe avec les élèves, portant ainsi ce temps à environ quarante heures de travail hebdomadaire.

Une estimation qui rejoint les résultats d’une des rares études scientifiques réalisées sur le sujet. En 2024, une équipe de la VUB a demandé à près de 9600 enseignants flamands de suivre scrupuleusement leurs heures de travail en dehors des heures de cours via une application. Les résultats furent sans équivoque : ils ont constaté une moyenne de 46 heures de travail par semaine, bien au-delà d’un temps plein traditionnel de 38 heures. En moyenne, 17 heures de ce temps étaient consacrées durant les vacances scolaires.

Malgré ces chiffres, le nombre d’heures réellement travaillées par les enseignants n’a jamais été officiellement établi, ce qui nourrit les débats récurrents sur la question.

À cet égard, la Déclaration de politique communautaire (DPC) du gouvernement actuel MR-Engagés prévoit justement « l’évaluation et, le cas échéant, l’ajustement des différences de charge de travail entre les enseignants de disciplines différentes ». Cela a suscité l’inquiétude des syndicats enseignants qui, bien qu’ils plaident depuis des années pour une meilleure objectivation du travail des enseignants, perçoivent cela comme une volonté de diviser d’emblée les professeurs entre ceux qui en feraient « plus » et d’autres « moins ».

Il est cependant reconnu que la charge de travail hors classe peut varier en fonction du profil de chaque enseignant. Un enseignant débutant devra consacrer plus de temps à la préparation des cours qu’un enseignant expérimenté disposant déjà d’un répertoire bien fourni. Les corrections dans l’enseignement secondaire supérieur peuvent également être plus ardues (c’était d’ailleurs la raison pour laquelle ces enseignants avaient initialement moins d’heures de cours). De plus, une part du travail collectif, effectué pour l’école ou lors d’activités socioculturelles supplémentaires, dépend aussi de l’implication individuelle des enseignants.