Belgique

”Ce n’est pas normal d’avoir peur quand on est en rue simplement parce qu’on est une femme”

Maëlle, étudiante, est en permanence sur le qui-vive: « Je me fais tout le temps suivre en rue »

Camille Wernaers explique subir les violences en rue depuis son adolescence. “Quand j’étais plus jeune, je vivais dans le Brabant flamand et je devais marcher trente minutes avant de prendre les transports en commun. Les mecs qui klaxonnent, sifflent ou te traitent de salope, c’était quasi quotidien. Une fois, un gars m’a suivie tout le trajet, j’avais très peur.”

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Sensibiliser dès le plus jeune âge

Depuis 2015, la journaliste – qui vit désormais à Bruxelles – a changé de moyen de locomotion et circule principalement à vélo. Elle pensait avoir “un peu plus la paix”. Elle a vite déchanté. “Les cyclistes s’en prennent déjà régulièrement plein la tronche, surtout à Bruxelles, entame-t-elle, en riant. Mais j’ai remarqué que le fait d’être une femme à vélo, c’est double peine. J’ai parfois l’impression que porter une jupe, c’est même triple peine. Par exemple, lorsque je sors à vélo avec mon compagnon, je me fais insulter, engueuler, klaxonner, mais pas lui. Moi, je suis la salope sur son vélo qui ennuie les bagnoles et qu’on va insulter parce que je suis une femme. Lui, c’est un cycliste qui, sans doute, ennuie tout autant, mais qu’on ne va pas insulter de la même façon.”

Il y a quelques jours, la jeune femme a d’ailleurs évité une agression de justesse. “Un gars faisait une manœuvre et j’ai dit “Attention” pour éviter qu’il me roule dessus. Je l’ai recroisé plus tard. En fait, il m’a suivi pour me frapper. Heureusement, d’autres garçons sont intervenus pour m’éviter des coups.”

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Et de conclure : “Il m’est déjà arrivé de devoir changer mes habitudes pour éviter un comportement harcelant de la part d’un homme, et ça n’est pas normal. On m’a reproché de confondre drague et harcèlement. Sauf que la drague, ça ne doit pas susciter un malaise. Siffler une fille, ça n’est pas de la drague. Il faut oser dénoncer ces choses et, selon moi, entamer un travail d’éducation auprès des jeunes garçons déjà à l’école. C’est par l’éducation et la sensibilisation à ce phénomène qu’on avancera.”