Budget fédéral : Bart De Wever demande courage aux partis majoritaires
Le chef du gouvernement fédéral a mis en garde contre le péril budgétaire que court le pays et a assuré que « ne pas consentir des efforts maintenant serait coupable ». Pour respecter ses engagements vis-à-vis de l’Europe, le gouvernement doit trouver au moins 8,2 milliards d’euros d’ici la fin de la législature.
Ne pas consentir des efforts maintenant serait coupable
Interrogé par l’opposition, le chef du gouvernement fédéral a une nouvelle fois mis en garde contre le péril budgétaire que court le pays. Des efforts ont déjà été consentis depuis l’entrée en piste de l’Arizona, mais ils devront s’intensifier si la Belgique veut éviter un scénario qualifié de catastrophique. « Ne pas consentir des efforts maintenant serait coupable », a affirmé Bart De Wever.
Depuis quelques jours, diverses pistes pour réduire les dépenses ou augmenter les recettes circulent dans la presse : augmentation de la TVA, saut d’index, restriction des avantages fiscaux des sociétés de gestion, accentuation du retour au travail des malades de longue durée, etc. Le Premier ministre s’est abstenu de les commenter.
Mercredi, le gouvernement a tenu une réunion en comité restreint, prélude d’un conclave budgétaire qui devrait commencer vendredi, après une journée de jeudi consacrée à des entretiens bilatéraux avec les vices-Premiers ministres des partis de l’Arizona. « J’en appelle aux partis de la majorité afin qu’ils accordent la même priorité. Je comprends que cela n’est pas facile, que cela demande du courage, mais c’est pour cela que l’on a été élu : pour assumer ses responsabilités et réaliser l’assainissement le plus difficile de ce siècle. Montrons donc aussi vite que possible aux marchés financiers que notre pays fait ce qu’il faut pour retrouver une santé financière solide », a-t-il déclaré devant les députés.
Le Premier ministre prononce traditionnellement son discours de politique générale le deuxième mardi d’octobre devant la Chambre. Le gouvernement parviendra-t-il à conclure un accord budgétaire d’ici là ? Certains en doutent au vu de l’ampleur de la tâche et des quelques jours qui lui restent. Bart De Wever n’a pas voulu se prononcer. Si le gouvernement veut respecter ses engagements vis-à-vis de l’Europe, il doit trouver au moins 8,2 milliards d’euros d’ici la fin de la législature, en plus de ce qui a déjà été convenu dans l’accord de gouvernement. Pour atteindre un déficit réduit à 3 % du PIB en 2030, la somme s’élève à 16,6 milliards. Les références cyclistes à un col hors catégorie se multiplient depuis quelques semaines.
Éviter l’effet boule de neige
L’Arizona n’est pas au bout de ses peines. Bien que les présidents de parti aient rivalisé d’idées pour faire entrer de l’argent et/ou en dépenser moins, aucun n’a proposé un ensemble permettant d’atteindre les 8 à 10 milliards requis. Cela souligne l’inventivité dont devra faire preuve le gouvernement et le « réalisme » auquel chaque formation de la majorité devra se résoudre dans les jours à venir.
L’un des défis majeurs est d’éviter l’effet boule de neige, c’est-à-dire une flambée des charges d’intérêt de la dette publique qui pourrait atteindre 21 milliards d’euros en 2030. « Nous devons appuyer sur la pédale d’accélérateur pour éloigner notre pays du viseur des marchés internationaux », a souligné Bart De Wever, prenant pour contre-exemple la France voisine.
Ce que vous allez faire, c’est faire payer les gens
L’opposition a violemment critiqué certaines des pistes évoquées, notamment la hausse de la TVA et le saut d’index. « Ce n’est pas un col hors catégorie que vous venez de franchir, mais un sommet de déconnexion de la réalité vécue par une grande partie de la population », a déclaré Pierre-Yves Dermagne (PS). « Ce que vous allez faire, c’est faire payer les gens », a poursuivi Raoul Hedebouw (PTB), tandis que François De Smet (DéFI) a exprimé son inquiétude quant aux priorités du Premier ministre. « Dans votre appel aux partis de la majorité, vous avez réclamé des efforts pour satisfaire les marchés, pas les citoyens », a-t-il observé. Ecolo-Groen a accusé le gouvernement d' »aveuglement » : dans son dernier rapport, le comité de monitoring a mis en garde contre une diminution constante des recettes depuis dix ans, ce qui ne semble pas inquiéter le Premier ministre, selon les Verts.
À droite, la perspective d’une hausse de la TVA a également fait bondir l’Open Vld. « BDW-BTW », a lancé Alexia Bertrand, associant ainsi les initiales du Premier ministre à celles de la taxe sur la valeur ajoutée en néerlandais.

