Belgique

Budget du gouvernement Starmer : hausses d’impôts à Londres, marchés rassurés.

Rachel Reeves a déclaré : « Ce sont mes choix : ni austérité, ni endettement, ni aveuglement face à l’injustice », en présentant le plan gouvernemental devant les députés. Les hausses d’impôts annoncées mercredi rapporteront 26,1 milliards au budget annuel d’ici la fin de la mandature, puis 29,8 milliards de livres l’année suivante, en 2030-2031.


« Ce sont mes choix : ni austérité, ni endettement, ni aveuglement face à l’injustice, » a déclaré la ministre des Finances Rachel Reeves en présentant le plan gouvernemental aux députés. Alors que le gouvernement du Premier ministre Keir Starmer est à un niveau très bas dans les sondages et devancé par le parti europhobe d’extrême droite Reform UK, cette échéance tant attendue revêtait une importance politique cruciale.

Les attentes se sont tournées vers les marchés financiers après le discours de Rachel Reeves, qui ont réagi favorablement : la livre sterling a gagné en valeur et les taux des emprunts d’État ont diminué. « Cela suggère que la Chancelière a franchi un obstacle majeur avec ce budget et que ses mesures bénéficient d’une crédibilité budgétaire auprès des investisseurs, » a commenté Kathleen Brooks, analyste chez XTB. « Dans l’ensemble, les marchés financiers respirent un peu. »

Les hausses d’impôts annoncées mercredi devraient générer 26,1 milliards de livres dans le budget annuel d’ici la fin de la législature, puis 29,8 milliards de livres l’année suivante, en 2030-2031. D’après l’Office for Budget Responsibility (OBR), l’organisme britannique de surveillance des finances publiques, les recettes fiscales représenteront alors 38% du PIB, un niveau jamais atteint au Royaume-Uni.

Après avoir longuement réfléchi, Rachel Reeves a finalement décidé de ne pas augmenter l’impôt sur le revenu, ce qui aurait contredit une promesse de campagne des travaillistes, optant plutôt pour une manœuvre plus discrète, parfois qualifiée de « taxe déguisée » : l’extension du gel des seuils de cet impôt. Cette mesure, principale source de revenus annoncée, impose davantage ceux dont le salaire dépasse une certaine tranche. Des augmentations d’impôts sur les propriétés de luxe, les jeux d’argent ou les retraites privées ont également été annoncées.

Ces choix difficiles ont été influencés par une économie en difficulté depuis que les travaillistes sont revenus au pouvoir en juillet 2024 : la croissance stagne (+0,1% au troisième trimestre), tandis que le déficit (environ 5% du PIB l’année dernière) et la dette préoccupent les marchés. Elle a de nouveau blâmé mercredi les « décisions néfastes » des conservateurs, au pouvoir pendant 14 ans, ainsi que « l’héritage du Brexit et de la pandémie ».

Cependant, son budget de l’année précédente a également été fortement critiqué : malgré 40 milliards de livres de hausses d’impôts, dont 25 particulièrement controversées pour les entreprises, et des investissements de dizaines de milliards, il n’a ni permis de rétablir l’équilibre budgétaire ni de favoriser la croissance.

« Elle avait juré que ce serait une mesure exceptionnelle. Elle avait déclaré à tout le monde qu’à partir de maintenant, la stabilité serait au rendez-vous et qu’elle financerait tout grâce à la croissance. Aujourd’hui, elle a rompu chacune de ces promesses, » a accusé la cheffe de l’opposition conservatrice, Kemi Badenoch. Pour compenser le coût politique de ces hausses d’impôts, Rachel Reeves a présenté une série de mesures destinées à « apporter un soulagement immédiat aux familles ».

Parmi ces mesures, la suppression d’un plafond sur les allocations familiales, ainsi qu’une augmentation supérieure à l’inflation des pensions de retraite et du salaire minimum. Ces éléments sont essentiels pour un budget travailliste dans un pays confronté à une inflation persistante (+3,6% en octobre), où les coûts du gaz et de l’électricité sont élevés.

Rachel Reeves « a peut-être sauvé son poste et accordé plus de temps au gouvernement », estime Kathleen Brooks. « Bien sûr, le véritable test sera de savoir si l’économie pourra rebondir. » L’OBR a fourni mercredi une réponse mitigée, en abaissant les prévisions de croissance du pays jusqu’en 2029, malgré une révision à la hausse pour cette année (de 1 à 1,5%).