Bruxelles en difficulté budgétaire sans gouvernement, Maxime Fontaine conteste la faillite.
Les finances bruxelloises sont dans le rouge et le ministre du Budget Dirk De Smedt a déclaré que Bruxelles risque le « shutdown », la cessation de paiements au printemps prochain. Maxime Fontaine a affirmé que Bruxelles n’a pas de problème à se financer et que la menace de shutdown est théorique, précisant que la charge d’intérêts a augmenté de moins de 100 millions à 500 millions d’euros, pouvant atteindre 850 millions d’euros par an.
Le cas de Birmingham ne peut pas être directement comparé à celui de Bruxelles, une ville-région. Cependant, les finances de Bruxelles sont déficitaires. La ville est-elle sur le point de connaître une situation similaire à celle de Birmingham ?
Maxime Fontaine déclare : « C’est clair que la situation financière de Bruxelles n’est pas bonne. Il est évident qu’il faut un gouvernement rapidement. Cela dit, Bruxelles n’a pas de problème de financement aujourd’hui. Les recettes sont stables, Bruxelles parvient à se financer sur les marchés sans difficulté et à des taux avantageux. Par conséquent, parler de faillite pour Bruxelles n’a pas vraiment de sens. »
Le ministre du Budget, Dirk De Smedt (Open Vld), a déclaré que Bruxelles risque un « shutdown », soit une cessation de paiements au printemps prochain. Que signifie cette affirmation exactement ?
M.F. : « C’est effectivement surprenant, car ce « shutdown » prévu pour avril ou mai est le résultat d’un stress test. La banque Belfius s’est interrogée : si Bruxelles ne réussit plus à se financer, combien de temps peut-elle tenir ? En réalité, Bruxelles ne rencontre pas de problème de financement. Nous sommes dans un scénario théorique. C’est un peu comme me demander : ‘Si votre salaire n’est plus versé, combien de mois pouvez-vous tenir ?' »
Cela signifie que la menace soulevée par le ministre du Budget est théorique ? Erronée ?
M.F. : « Elle est théorique. Il a récemment précisé dans les médias : ‘il n’y aura pas de problème pour payer les salaires des fonctionnaires’. Je pense qu’il est temps de sortir de cette communication qui est davantage politique que ce que montrent réellement les indicateurs des finances publiques. »
Bruxelles peut-elle donc durer comme ça longtemps, même sans gouvernement ?
M.F. : « Longtemps ? C’est la question. À un moment donné, cela posera des problèmes. Cela cause déjà de réelles difficultés en ce qui concerne la circulation des financements. Il est clair que toutes les ASBL, le secteur non marchand, et même certaines entreprises privées rencontrent des situations complexes. Les financements arrivent en retard, pas du tout, ou partiellement. D’autre part, la charge d’intérêts est passée en quelques années de moins de 100 millions à 500 millions d’euros, et pourrait atteindre 850 millions si aucune mesure n’est prise. Donc, dire que la situation est tenable, je ne le dirais pas, mais à l’heure actuelle, il n’y a pas d’urgence ou de faillite. »
850 millions d’euros par an, c’est ce que la Région bruxelloise pourrait payer uniquement en intérêts ?
M.F. : « Oui, c’est juste en intérêts. C’est de l’argent gaspillé qui ne sert absolument à rien. Plus vite nous aurons un gouvernement, plus vite celui-ci pourra tenter d’atténuer cette augmentation de la dette qui entraîne cette charge d’intérêts, et surtout, tranquiliser les marchés pour s’assurer que les taux favorables aux financements de Bruxelles restent les mêmes. »
M.F. : « C’est un mauvais signal, c’est certain. Après, est-ce que la Région en dépendait beaucoup ? À priori non. De plus, avec ce stress test, nous avons constaté que Bruxelles pouvait tenir six mois. Donc, a-t-elle réellement besoin de ces lignes de crédit quotidiennes ? Il semblerait que non. »
Quelles sont alors les conséquences pour les Bruxellois de cette absence de gouvernement et de budget, ainsi que de ces menaces théoriques sur les finances de Bruxelles ?
M.F. : « Les deux principales conséquences sont, d’une part, cette difficulté de circulation des financements qui place plusieurs secteurs de Bruxelles dans des situations réellement préoccupantes. D’autre part, cette charge d’intérêts, qui constitue de l’argent gaspillé, ne permet pas de financer certaines infrastructures ou d’assurer la politique sociale. »

