Belgique

Bruno Colmant : « Faire monter les présidents de parti au gouvernement? Non, cela affaiblirait le pouvoir législatif »

Tous les présidents de parti qui négocient l’Arizona (N-VA, MR, Les Engagés, CD&V, Vooruit) devraient participer au futur gouvernement fédéral. Telle est l’invitation que formulait il y a quelques jours le président du MR Georges-Louis Bouchez à l’adresse de ses collègues. Son argument : garantir l’efficacité de l’exécutif en ces temps de crises, en propulsant ministres ceux qui ont négocié l’accord gouvernemental. Bonne ou mauvaise idée ? « La Libre » a posé la question à Bruno Colmant, économiste, ancien chef de cabinet de Didier Reynders aux Finances et membre de l’Académie royale de Belgique.

Bruxelles - Bruno Colmant: CEO de la Banque Degroof Petercam (JC Guillaume)
Bruno Colmant, économiste, ancien chef de cabinet de Didier Reynders aux Finances et membre de l’Académie royale de Belgique. ©JC Guillaume

Pourquoi êtes-vous défavorable à l’idée que les présidents de parti, qui ont pourtant négocié l’accord de gouvernement, embarquent dans l’exécutif ?

Je n’y suis pas favorable car, dans un système aussi particratique que le nôtre, je crains que cela accentue la discontinuité démocratique, que cela affaiblisse encore un peu plus le rôle du parlement. Je m’explique. En Belgique, le vote d’un adhérent de parti est en pratique plus important que le vote d’un électeur lambda. Nous, citoyens, pouvons élire de futurs parlementaires mais dont nous savons qu’ils vont obéir aux ordres d’un président de parti qui, lui-même, a été élu par des adhérents de parti.