Belgique

Bolsonaro, Chirac, Berlusconi, Saakashvili : des anciens présidents jugés

La condamnation à 27 ans de prison de Jair Bolsonaro au Brésil pour complot en vue d’un coup d’État a fait l’effet d’une bombe politique. Nicolas Sarkozy a été condamné en 2021 pour corruption et trafic d’influence, puis en 2024 pour financement illégal de campagne électorale, écopant de peines d’un à trois ans de prison, partiellement aménagées sous bracelet électronique.

La condamnation à 27 ans de prison de Jair Bolsonaro au Brésil pour complot en vue d’un coup d’État a fait l’effet d’une bombe politique. © Mauro PIMENTEL / AFP
Jacques Chirac passe en revue les effectifs de l’école nationale de police de Nîmes où il inaugurait un nouveau commissariat de police, le 8 novembre 2004. © Dominique FAGET / AFP

Nicolas Sarkozy, du Palais de l’Élysée au banc des accusés

Son successeur à l’Élysée, Nicolas Sarkozy, a lui aussi été rattrapé par la justice. Condamné en 2021 pour corruption et trafic d’influence, puis en 2024 pour financement illégal de campagne électorale, il a écopé de peines d’un à trois ans de prison, partiellement aménagées sous bracelet électronique. La Cour de cassation a rejeté son pourvoi dans l’affaire des écoutes, rendant définitive sa condamnation à un an de prison ferme sous bracelet électronique pour corruption et trafic d’influence, une sanction inédite pour un ancien chef de l’Etat. Une première pour un ancien président encore très présent dans le débat public français.

Nicolas Sarkozy, a lui aussi été rattrapé par la justice. © PHILIPPE MERLE / AFP

Silvio Berlusconi, le « Cavaliere » face aux juges

Trois fois président du Conseil, Silvio Berlusconi a été poursuivi dans une multitude de dossiers. © GIULIO NAPOLITANO / AFP

Bettino Craxi, l’exil d’un Premier ministre

Autre figure italienne, Bettino Craxi, chef du gouvernement dans les années 1980, fut au cœur du scandale Tangentopoli ( » Mains propres « ), qui a révélé l’ampleur de la corruption politique en Italie. Condamné à plus de dix ans de prison, il choisit l’exil en Tunisie, où il meurt en 2000, fuyant la justice de son pays.

Mikheil Saakashvili, l’ancien président géorgien emprisonné

Héros de la  » révolution des Roses  » en 2003, Mikheil Saakashvili avait promis de tourner la page de la corruption en Géorgie. Mais après son départ du pouvoir, il a été condamné pour abus de fonctions et détournement de fonds. Depuis 2018, il cumule plusieurs peines, dont une récente de neuf ans supplémentaires. L’ancien président est aujourd’hui affaibli par des conditions de détention dénoncées par ses partisans.

Luiz Inácio Lula da Silva, de la prison au retour triomphal

Condamné en 2017 à près de douze ans de prison pour corruption et blanchiment d’argent dans le scandale Petrobras, Lula sera libéré après 580 jours derrière les barreaux pour vice de procédure. © EVARISTO SA / AFP

Jacob Zuma, les émeutes de la colère en Afrique du Sud

En Afrique du Sud, l’incarcération de Jacob Zuma en 2021 a déclenché des violences d’une ampleur inédite depuis la fin de l’apartheid. L’ancien président, poursuivi dans plusieurs affaires de corruption, a refusé de témoigner devant la justice et écopé de 15 mois de prison pour outrage à magistrat. Son arrestation a provoqué des émeutes qui ont fait plus de 300 morts.

Ehud Olmert, le Premier ministre israélien derrière les barreaux

Enfin, en Israël, l’ancien Premier ministre Ehud Olmert a été condamné en 2014 à six ans de prison pour corruption lorsqu’il était maire de Jérusalem. L’affaire concernait un vaste projet immobilier à Jérusalem, surnommé « Holyland », pour lequel Olmert a été accusé d’avoir reçu des pots-de-vin afin de faciliter l’octroi de permis de construire et d’autres autorisations. Sa peine a été réduite, et il a finalement purgé 19 mois derrière les barreaux, devenant le premier chef de gouvernement israélien à passer par la case prison.

L’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert a été condamné en 2014 à six ans de prison pour corruption lorsqu’il était maire de Jérusalem. © RONEN ZVULUN / POOL / AFP

Et Donald Trump dans tout cela ?

Difficile de passer à côté de l’exemple le plus marquant de ces dernières années : Donald Trump. L’ancien président américain, candidat à un retour à la Maison-Blanche, est en effet empêtré dans une série d’affaires judiciaires qui ont déjà donné lieu à plusieurs condamnations, tant civiles que pénales.

Au civil, Trump a été reconnu responsable d’agression sexuelle et de diffamation envers l’autrice E. Jean Carroll. Il a été condamné à verser des dizaines de millions de dollars de dommages et intérêts. À New York, il a également été frappé par une décision pour fraude financière, sa société ayant surévalué la valeur de ses actifs immobiliers pour obtenir des avantages bancaires et fiscaux. Résultat : une amende colossale de plusieurs centaines de millions de dollars et des restrictions de gestion.

Sur le plan pénal, il est devenu en 2024 le premier ex-président des États-Unis à être reconnu coupable dans une affaire criminelle. Un jury new-yorkais l’a jugé responsable de falsifications comptables liées au paiement dissimulé à l’actrice de films pour adultes Stormy Daniels. S’il a été dispensé de peine de prison, cette condamnation reste historique. À cela s’ajoute une condamnation pour outrage au tribunal, assortie d’une amende, pour avoir attaqué publiquement témoins et jurés au cours de son procès.

Au-delà de ces décisions déjà tombées, Trump reste visé par d’autres procédures judiciaires qui pourraient encore alourdir son casier : son rôle dans l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021, ses pressions en Géorgie pour  » trouver  » des voix lors de l’élection de 2020, ou encore sa gestion de documents classifiés après son départ de la Maison-Blanche.

L’ironie est que, malgré ce passif judiciaire déjà lourd et ces menaces judiciaires en suspens, Donald Trump conserve une base électorale solide et a même réussi à se faire réélire président. Son cas illustre parfaitement le paradoxe d’une démocratie où un dirigeant peut être simultanément condamné par les tribunaux et plébiscité par les urnes.

Donald Trump reste visé par différentes procédures judiciaires qui pourraient encore alourdir son casier judiciaire. © Mandel NGAN / AFP

Une justice qui n’épargne plus les puissants ?

De Paris à Tbilissi, de Rome à Pretoria, les affaires judiciaires visant d’anciens chefs d’État rappellent que l’immunité présidentielle n’est pas éternelle. Si certains, comme Lula, parviennent à rebondir jusqu’au sommet du pouvoir, d’autres voient leur carrière brisée et leur image ternie à jamais. La condamnation de Jair Bolsonaro s’inscrit ainsi dans une longue liste d’exemples où la justice, parfois sous pression de l’opinion publique, a fini par rattraper ceux qui ont un jour occupé les plus hautes fonctions.