Bert Engelaar, comme un cheveu sur la soupe de Bart De Wever
Le tout nouveau secrétaire général de l’ABVV (FGTB) a promis qu’il ferait vivre un enfer aux partis de l’Arizona si la coalition voyait le jour et si certaines mesures évoquées dans la presse se concrétisaient. L’homme a d’ailleurs déjà commencé à œuvrer en coulisses pour influencer les discussions…
- Publié le 28-01-2025 à 14h20
- Mis à jour le 28-01-2025 à 15h12
Il ne reste que quelques jours à Bart De Wever pour aboutir à un accord de gouvernement. Le formateur nationaliste a un ultime – c’est ce qu’il a plusieurs fois répété – rendez-vous avec le Roi ce vendredi 31 janvier. Et les prochaines heures s’annoncent périlleuses. Une cinquantaine de points doivent encore être débattus autour de la table des négociations. Autant de dossiers sur lesquels les cinq partis de la future Arizona (N-VA, CD&V, Vooruit, MR et Les Engagés) n’arrivent pas à s’entendre. Pour s’assurer d’aboutir à la date fixée, le président de la N-VA réunira les négociateurs dans un endroit isolé à partir de mercredi. En « enfermant » ainsi les représentants des partis de la future Arizona, le bourgmestre d’Anvers espère permettre aux équipes de se concentrer sur un accord de gouvernement, en évitant des fuites dans la presse qui ont pollué les discussions ces sept derniers mois.
Ce vendredi encore, le formateur a fulminé après la divulgation de sa note socio-économique, qui a fait bondir les syndicalistes de l’ABVV (FGTB). Ces derniers n’ont pas manqué de faire remonter leurs craintes aux socialistes flamands qui ont dans la foulée organisé un bureau de parti. L’objectif ? « Mettre la pression sur leur président Conner Rousseau », rapportait une source francophone à La Libre, soulignant que tout cela ne facilitait pas le travail de Bart De Wever.
« Des temps très durs s’annoncent »
Et, derrière ces actions à destination du leader de Vooruit, se trouve Bert Engelaar, le secrétaire général de l’ABVV. Entré en fonction le 1er janvier, il a déjà dit tout le mal qu’il pensait de l’Arizona au cours de ses premières prises de parole, parlant de propositions sur la table « inacceptables » et de « pire recul depuis le Pacte social de 1944 ». Dans une interview à De Standaard, il a été jusqu’à menacer les négociateurs de mouvements de mobilisation monumentaux : « Si le buffet de Bart De Wever reste aussi indigeste, des temps très durs s’annoncent. » Et s’il a estimé que mieux valait un gouvernement avec le parti socialiste flamand que sans, il a tout de même ajouté que son cœur aurait tendance à conseiller à Conner Rousseau de ne pas monter au pouvoir avec l’Arizona. « Le PS, le PTB et les écologistes vont organiser une opposition féroce. Et ils auront raison », a poursuivi le syndicaliste auprès de nos confrères du Standaard. « Les travailleurs flamands ne feront que travailler plus dur pour gagner moins. De plus, l’Arizona met de côté la concertation sociale. Désolé, mais ce n’est pas ma vision de la société. Si Vooruit accepte cela, ils savent qu’ils s’exposent à des printemps, étés, automnes et hivers chauds. »
Le numéro deux du syndicat socialiste, à côté du président Thierry Bodson, n’a pas perdu son temps depuis sa prise de fonction. Son visage apparait de plus en plus à la télévision flamande. Et il ne risque pas de se faire plus discret dans les prochains mois. Surtout si l’Arizona devait se mettre d’accord sur les mesures qu’il juge impensables.
Un vent de renouveau… mais pas trop
Il est encore monté au créneau, ce lundi. Cette fois, pour les enseignants. Et ce n’est pas un hasard qu’il fasse de la défense de ce secteur l’une de ses priorités. En effet, Engelaar est né dans une famille d’enseignants, où l’on « ne roulait pas sur l’or ». Il n’a pas suivi le chemin de ses parents, puisqu’il est entré après ses études au service juridique de l’ABVV où il a monté les échelons jusqu’à la consécration de ce 1er janvier 2025. Père de quatre enfants, il a vu sa fille quant à elle opter pour le métier de ses grands-parents. Elle se forme actuellement pour devenir institutrice maternelle.
L’homme, qui ne cache pas sa passion pour la bière dont il collectionne les verres et autres gadgets dans son bureau, attache une importance toute particulière à la contestation sociale, « encore plus en ces temps compliqués ». C’est pourquoi il clame son effroi face aux dernières sorties du président du MR, Georges-Louis Bouchez. « Il mène une croisade personnelle », regrette-t-il. « Je n’accepte pas non plus ses attaques contre l’organisation de manifestations. Bouchez veut nous museler. Le droit de manifester n’a jamais été aussi menacé qu’aujourd’hui, à cause de tous ces partis de droite. »
Bert Engelaar dit vouloir apporter un vent de renouveau au sein du syndicat socialiste. Mais sans tergiverser sur les valeurs historiques de l’ABVV/FGTB. Quitte à mobiliser ses troupes en masse pour s’assurer qu’elles soient respectées et à se fritter avec ses comparses socialistes du nord du pays.