Bart De Wever promet 1000 euros net supplémentaires par an d’ici 2030
Mille euros net par an en plus dans la poche d’un travailleur ou d’une travailleuse est ce que promet le Premier ministre devant les députés fédéraux ce mercredi matin. Les députés fédéraux doivent accorder ou non leur vote de confiance, programmé vendredi à 11 heures, 48 heures après la fin du discours du Premier ministre.
Mille euros net par an supplémentaires pour un travailleur ou une travailleuse, c’est la promesse faite par le Premier ministre devant les députés fédéraux ce mercredi matin. « Encourager le travail est l’un des principes de ce gouvernement. Nous le faisons non seulement grâce à des réformes du marché du travail, mais aussi par une réforme fiscale », a-t-il déclaré, sans donner de détails sur les mesures envisagées.
Conformément à l’accord budgétaire conclu lundi, la réforme fiscale sera avancée et débutera dès 2026, avec un salaire minimum dont le brut sera égal au net. En 2028, une autre partie de la réforme sera mise en œuvre, soit un an plus tôt que prévu, tandis qu’un troisième volet sera reporté à 2030, après les prochaines élections de 2029.
Mais d’abord, « cuire le gâteau »
« Il faut d’abord cuire le gâteau avant de pouvoir le partager. » Le Premier ministre Bart De Wever a défendu les choix budgétaires de la coalition Arizona dans leur accord conclu lundi matin.
« Le prix à payer de détourner le regard trop longtemps est qu’il devient impossible d’élaborer un budget sans effort. Cela nous rend, en tant que décideurs politiques, vulnérables. Mais il n’y a pas d’autre choix », a-t-il déclaré.
Fervent amateur de citations latines, le chef du gouvernement a cette fois évoqué la mythologie grecque. « Cela me rappelle quelque peu le carrefour d’Héraclès. Le héros grec devait choisir entre deux chemins différents, chacun représenté par une déesse : l’un par la pécheresse Cakia, l’autre par la vertueuse Arété […] Héraclès choisit à juste titre Arété, le chemin difficile. Finalement, il atteindra l’Olympe et rejoindra les dieux. »
« Nous sommes encore loin d’atteindre l’Olympe dans ce pays aujourd’hui. Soyons clairs. Mais ce gouvernement a assurément le courage de suivre le chemin d’Arété », a-t-il conclu.
L’opposition de gauche n’est pas convaincue. Selon elle, les travailleurs ne verront jamais les 500 euros supplémentaires promis par la coalition Arizona. D’autres politiques sont possibles, ont martelé le PS, le PTB et Ecolo.
« L’effort budgétaire sera supporté à 95 % par la classe moyenne, c’est une répartition totalement injuste. Les fameux 500 euros que l’on nous avait promis, on en sera bien loin. Pour un bon nombre de travailleurs, ce sera même 500 euros en moins », a déclaré le chef de groupe PS, Pierre-Yves Dermagne.
Les socialistes contestent le caractère inévitable des mesures annoncées pour ramener le budget dans les limites européennes. « Avec Elio Di Rupo comme Premier ministre, nous avons réalisé un effort similaire, voire supérieur, en allant chercher près des multinationales, en luttant contre la fraude. Il est possible de répartir équitablement l’effort et d’éviter une série de nouvelles taxes. »
Une mesure emblématique de l’accord budgétaire au sein du gouvernement est une « correction » de l’indexation, plafonnée à 4000 euros brut. « C’est une définition étrange des épaules les plus larges, cela touche 40 % des salariés de notre pays », a souligné la cheffe de groupe PTB, Sofie Merckx, qui évoque un « vol de l’index ».
Le Premier ministre a annoncé les mesures budgétaires au Parlement alors que les syndicats étaient en grève pour leur troisième jour consécutif contre la politique du gouvernement. « Ce gouvernement aurait dû écouter la colère des gens, des travailleurs qui manifestent aujourd’hui dans la rue », a regretté Sofie Merckx.
Les gens attendaient les fameux 500 euros en plus
« Ça fait 40 ans que l’on dit à la classe travailleuse qu’il faut se serrer la ceinture. C’est toujours dans la poche des mêmes que l’on va chercher. Les gens attendaient les fameux 500 euros en plus. On a bien compris qu’ils n’en verront jamais la couleur. »
« C’est toujours ce même discours qui vise à faire croire qu’il n’y a pas d’autre choix, alors que d’autres politiques qui ne punissent pas la classe moyenne et les familles sont possibles, » a dénoncé Sarah Schlitz (Ecolo-Groen).
Les écologistes s’inquiètent de la charge qui sera imposée aux malades que le gouvernement veut remettre au travail. « On fait des malades les boucs émissaires de la société alors que l’on va réduire la prévention et diminuer le budget des soins de santé, etc. Punir, toujours punir, plutôt que de comprendre les causes, c’est une méthode brutale qui ne fonctionne pas », a affirmé la cheffe de groupe.
Effet avec un certain décalage
Du côté du gouvernement, le MR a rappelé la nécessité de redresser la situation budgétaire et de considérer le programme du gouvernement dans sa globalité. « On sait que la situation est difficile, mais il est essentiel de regarder les mesures dans leur ensemble et on constate que nous réalisons des réformes majeures, avec une diminution des dépenses représentant 80 % de l’effort requis, » a expliqué le vice-Premier ministre David Clarinval.
« Mais ces réformes produiront des effets avec un certain décalage. Donc, pour combler le fossé, nous avons dû prendre des mesures. Les taxes concernées sont les moins douloureuses possibles », a-t-il assuré, en mettant l’accent sur le « coup de pouce » accordé aux entreprises. « Avec la diminution des cotisations sociales d’un milliard, la norme énergétique, les plans PME, trois milliards seront consacrés à la compétitivité des entreprises. »
« Taxes, taxes, taxes », dénonce l’opposition flamande
L’Open Vld a déploré que l’accord budgétaire du gouvernement De Wever soit constitué à moitié de nouvelles taxes. « C’est toujours des taxes, toujours des taxes », a réagi la cheffe de groupe Alexia Bertrand après le discours de politique générale du Premier ministre. « Tout ce qui procure un plaisir, même minime, est taxé », considère la libérale.
Tout ce qui procure un plaisir, même minime, est taxé
« Vous mangez des frites ? Vous êtes taxé. Vous allez à un concert ? Vous êtes taxé. Idem pour la salle de sport. » Alexia Bertrand estime également que l’accord est « extrêmement complexe. »
« Avec cet index en centimes, le gouvernement ne sait clairement toujours pas où il va et applique des montants différents entre actifs et pensionnés. Un pensionné verra son indexation réduite dès 2000 euros brut, tandis qu’un actif se verra appliquer un montant différent (à partir de 4000 euros brut, ndlr). En bref, il s’agit de prendre, de contrôler et de taxer. C’est ni plus ni moins que de l’étatisme. » L’Open Vld estime qu’il aurait fallu accorder plus d’attention aux dépenses.
Les épaules les plus larges ne sont pas vraiment touchées
Quant à Groen, le député Stefaan Van Hecke a qualifié l’accord de « très déséquilibré ». « Les épaules les plus larges ne sont pas vraiment touchées », a jugé l’écologiste. M. Van Hecke a mentionné l’indexation des salaires que le gouvernement prévoit d’implémenter en 2026 et 2028. « Ils ouvrent la porte à quelque chose que les socialistes voulaient absolument protéger », a-t-il fait remarquer, pointant Vooruit sans les nommer. « C’est une grave attaque contre le pouvoir d’achat de la classe moyenne et des pensionnés. »
Le député a cependant salué l’introduction d’une taxe sur les colis provenant de l’extérieur de l’UE. « Et je ne verrais pas d’inconvénient à ce qu’elle soit légèrement supérieure à 2 euros par colis. Je constate aussi plusieurs lacunes en matière de recettes, que ce soit sur la lutte contre les abus des sociétés de management ou les droits d’auteur. »
Les députés fédéraux doivent maintenant décider de valider ou non le vote de confiance. Ce vote ne pourra intervenir que 48 heures après la fin du discours du Premier ministre et est prévu pour vendredi à 11 heures. Ce vote pourrait être différé si le débat sur la déclaration n’est pas achevé.

