Belgique

Bart De Wever : « C’est un évolutionniste, pas un révolutionnaire »

Bart De Wever est au cœur de l’attention médiatique belge et étrangère depuis hier soir. Selon un sondage publié quelques jours avant le sommet européen, 67% des Belges s’opposaient en effet à la mobilisation des avoirs de la Banque centrale de Russie pour financer le soutien à l’Ukraine.

Depuis hier soir, Bart De Wever est au centre de l’attention médiatique en Belgique et à l’étranger. « Le Premier ministre De Wever triomphe« , a titré De Morgen. De son côté, Le Monde lui a consacré un article intitulé « Bart De Wever, le nationaliste flamand devenu défenseur des intérêts belges« .

La Belgique, soutenue par l’Italie, la Bulgarie et Malte, s’opposait à l’utilisation des avoirs russes pour soutenir l’Ukraine, craignant des représailles. Ces pays plaidaient plutôt pour un emprunt conjoint des Européens. Cette proposition a été jugée inacceptable par le Chancelier allemand Friedrich Merz et le Président hongrois Viktor Orbán.Cependant, cette idée s’est finalement concrétisée, marquant une victoire significative pour Bart De Wever… et pour la Belgique. En effet, un sondage publié quelques jours avant le sommet européen montrait que 67% des Belges s’opposaient à la mobilisation des avoirs de la Banque centrale de Russie pour financer le soutien à l’Ukraine.

Expérience politique et plurilinguisme

« C’est un coup fort de notre Premier ministre« , a immédiatement observé Ivan De Vadder, journaliste et analyste politique pour la VRT. « Il a tenu bon contre la pression de toute l’Union européenne. » Selon ce journaliste flamand, cette victoire de Bart De Wever est due à son expérience politique. En tant que Président de la N-VA depuis plus de 20 ans, il a survécu à 70 autres présidents de parti durant cette période. Son expérience en tant que bourgmestre d’Anvers pendant 12 ans lui a également été bénéfique pour mener à bien de telles négociations.

Sa maîtrise des langues étrangères contribue aussi à son succès récent, souligne Beda Romano, correspondant à Bruxelles pour le quotidien italien « Il Sole 24 ORE ». « Sa capacité pédagogique d’explication en anglais est remarquable par rapport à ses homologues, ce qui lui confère un avantage sur d’autres dirigeants européens« , complète-t-il.

Une popularité croissante, même auprès des Francophones

En refusant de céder aux pressions de ses homologues européens, Bart De Wever gagne en popularité en Belgique, y compris auprès des Francophones. Lors des Grandes Conférences catholiques, tenues le 1er décembre, il avait déjà réussi à séduire son auditoire, majoritairement francophone. Il y avait déclaré renoncer pour le moment à ses ambitions confédéralistes. Le nationaliste flamand a ensuite salué le Roi… ainsi que son rôle de Premier ministre fédéral. À la fin de la conférence, il a même eu droit à une standing ovation. Il ne fait aucun doute que la Belgique est bien le pays du surréalisme.

« Comme la partie francophone de la Belgique l’a découvert, Bart De Wever est un évolutionniste, pas un révolutionnaire« , souligne Ivan De Vadder. « Il participe au Te Deum, à la fête nationale… il se présente au niveau européen d’abord comme un Belge« , assure cet analyste politique.Il semble éloigné le temps où, à son arrivée à la tête du pays, les Wallons et Bruxellois attribuaient à De Wever une note de 4,5 et 4,8 sur 10 quant à ses capacités à exercer cette fonction.

Pour établir la confiance avec ses compatriotes francophones, De Wever a capitalisé sur un autre atout majeur : son image de « Premier ministre avec du pouvoir ». « On n’a pas vu cela en Belgique depuis de nombreuses années« , analyse Karel Verhoeven, rédacteur en chef du journal De Standaard.

De Wever, rassembleur de la droite européenne ?

Cette image d’homme fort, Bart De Wever la joue également sur la scène européenne. Pour Ivan De Vadder, notre Premier ministre serait même en train de gagner en appréciation dans ce cadre. « Idéologiquement, il est en train de rassembler la droite dans l’UE, par exemple avec Georgia Meloni (la Première ministre italienne, ndlr). Il pourrait jouer un rôle important dans l’UE dans les années à venir« , affirme le journaliste. « Au départ, on le connaissait surtout au niveau européen pour son humour. Aujourd’hui, il a prouvé qu’il sait faire preuve de rationalité face à l’émotion.« 

« Avec cet homme, tout va changer »

Bart De Wever est souvent comparé à Jean-Luc Dehaene – Premier ministre belge dans les années 1990 – en raison de leurs ambitions de « redressement national ».Cependant, pour Ivan De Vadder, son profil ressemble davantage à celui de Leo Tindemans, ancien Premier ministre belge du CD&V dans les années 1970, dont le slogan était « avec cet homme, tout va changer« . Pour l’analyste flamand, le président de la N-VA est en passe de réaliser ce slogan. Une partie de l’électorat constate qu’il respecte ses promesses électorales et qu’avec lui à la tête du gouvernement, le changement est possible.

Reste à déterminer si le changement de comportement de Bart De Wever envers l’État fédéral et les francophones depuis son accession à la fonction de Premier ministre est le résultat d’une démarche sincère ou s’il s’agit d’une façade destinée à accroître sa popularité.

Avoirs russes gelés : Bart De Wever a gagné son bras de fer

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement