Belgique

Baromètre des hôpitaux : satisfaction des Belges majoritaire, plaintes sur maux de tête persistantes.

Le baromètre révèle que 4% des sondés se disent totalement insatisfaits, un chiffre stable par rapport à 2021, reflétant des insatisfactions persistantes. 6 patients sur 10 estiment devoir attendre beaucoup trop longtemps pour rencontrer un spécialiste, mettant en évidence des délais d’attente jugés non satisfaisants.

La proximité avant la qualité

Un récent baromètre révèle que le choix d’un hôpital par les patients belges repose principalement sur la proximité géographique. La proximité est le critère principal, avant même la qualité des soins. Philippe Malflite exprime sa fidélité à son hôpital habituel : « J’ai toujours été suivi ici même avant mes problèmes de cancer. Je n’ai pas de voiture, donc je prends les transports en commun. Déjà pour arriver ici, j’en ai pour une heure de trajet. La proximité est donc mon premier critère« . Pour beaucoup de patients, la qualité des soins et de l’accueil reste toutefois un facteur important dans leur choix.

Les patients tiennent à leur médecin, à un hôpital, à la qualité qui a été prouvée lors de leurs soins

En revanche, le contexte actuel de fusions hospitalières et les réformes à venir suscitent des inquiétudes parmi les patients. Le Docteur Wissam Bou Sleiman, directeur général médical du CHU Brugmann et président de Hospitals.be, souligne les résultats de cette enquête : « Ce baromètre nous prouve que les patients tiennent à une proximité des soins. Ils tiennent à leur hôpital qui est tout proche dans leur environnement. C’est une réalité indéniable comme le fait que la qualité des soins fournis est le deuxième critère en termes de choix d’un hôpital. Les patients tiennent à leur médecin, ils tiennent à leur soignant, ils tiennent à un hôpital, ils tiennent à la qualité qui a été prouvée lors de leurs soins. D’ailleurs, il n’y a que 47% des patients interrogés qui voient d’un bon œil, par exemple, les fusions hospitalières.« 

Pour les patients, les fusions des hôpitaux dans un secteur fiévreux sèment la confusion

Il faut toujours réfléchir en mettant le patient dans la réflexion globale

Le président de l’association belge des hôpitaux reconnaît que malgré une satisfaction générale, il existe une réelle volonté politique de réformer le secteur. En se basant sur un rapport d’experts, le directeur général médical du CHU Brugmann souligne les enjeux et l’importance d’une réflexion future : « Il y a une volonté politique de réformer, mais il y a également une nécessité de mutualiser et de rationaliser l’offre des soins. C’est un fait et une nécessité. Je pense qu’il faut combiner cette notion de proximité avec la qualité. Cela doit être étudié à la lumière de plusieurs indicateurs et de plusieurs critères. Tous les critères doivent être pris en considération pour pouvoir également répondre à la qualité des soins. Il faut toujours réfléchir en mettant le patient dans la réflexion globale.« 

Manque d’informations et de temps consacré aux patients

Selon le baromètre des hôpitaux, 4% des personnes interrogées se déclarent totalement insatisfaites. Ce chiffre reste stable par rapport à 2021, mais il reflète certaines insatisfactions persistantes. Les Belges expriment leur mécontentement face au manque d’explications et d’empathie, ainsi qu’à un temps d’écoute insuffisant. Dans un contexte de pénurie de professionnels de la santé et de réforme du secteur hospitalier, il est de plus en plus difficile de répondre à toutes les attentes.

Coralie Chan, infirmière coordinatrice en chef du service d’hémato-oncologie ambulatoire, explique qu’une grosse organisation est nécessaire face à la réalité des ressources humaines : « On fait vraiment tout notre possible. Mais il y a cette réalité où on a une activité qui est importante. On veut prendre en charge tous nos patients de la meilleure façon possible et, à ce moment-là, il arrive effectivement qu’on n’ait pas suffisamment de temps pour être à l’écoute autant qu’ils en auraient peut-être besoin. C’est quelque chose qui est partagé dans tous les secteurs, dans toutes les unités.« 

Il y a des situations où on n’a pas encore tout à fait le personnel suffisant

Ce manque de temps pour les patients, relevé dans ce baromètre, est un point que cette infirmière coordinatrice en chef déplore, attribuant cela à la réalité sur le terrain : « Il y a une pénurie au niveau infirmier. Donc on travaille vraiment pour pouvoir recruter nos futurs collègues, pour pouvoir les former le mieux possible. Mais cela reste un métier difficile avec des horaires qu’il faut concilier, une charge mentale, intellectuelle et physique qui est présente. Il y a des situations où on n’a pas encore tout à fait le personnel suffisant. Ce qui fait qu’on n’a pas ce temps qu’on souhaiterait pour nos patients. Mais je pense que, globalement dans le secteur, il y a une volonté que le patient soit toujours satisfait.« 

Des délais trop longs pour un rendez-vous

Les délais d’attente sont une vraie problématique dans toute la Belgique

La majorité des patients exprime un véritable mécontentement quant au temps d’attente pour obtenir un rendez-vous, jugé excessif. Six patients sur dix estiment que l’attente pour voir un spécialiste est beaucoup trop longue.

Le Docteur Wissam Bou Sleiman, président de l’association belge des hôpitaux, en fait le constat : « Les délais d’attente sont une vraie problématique dans toute la Belgique. Vous avez des patients qui parfois sont confrontés à des délais d’attente qui sont très importants, qui se comptent en mois et parfois plus qu’une année. Ils sont insatisfaits de cette accessibilité et de la possibilité de prendre un rendez-vous. Nous n’avons pas vraiment une homogénéité dans les délais de rendez-vous. Il y a effectivement certaines spécialités qui ont des délais beaucoup plus importants que d’autres.« 

Bien que 87% des Belges gardent confiance en la qualité du secteur hospitalier, cette satisfaction repose sur le travail des soignants présents dans les hôpitaux. Le président de Hospitals.be rappelle que plusieurs hôpitaux sont dans une situation difficile et font face à des problèmes majeurs de pénurie, que ce soit parmi le personnel médical ou infirmier. Pour que la satisfaction des patients demeure élevée, « il faudrait qu’on puisse travailler et réfléchir sur les moyens qui sont donnés dans l’ensemble des hôpitaux belges« , conclut-il, insistant sur le fait que ce baromètre doit constituer un outil essentiel de réflexion pour un secteur toujours en proie à des défis.