Attentat à Bondi Beach : Unia constate une hausse des actes antisémites en Belgique
En 2024, on n’a jamais eu autant de signalements et de dossiers liés à l’antisémitisme, selon Patrick Charlier, le directeur d’UNIA. Entre octobre 2024 et septembre 2025, plus de 1650 actes antisémites ont été recensés en Australie, atteignant un niveau historique.
La communauté internationale a exprimé ses condoléances aux Juifs australiens touchés par la fusillade sur une plage de Sydney. « L’antisémitisme n’a pas sa place dans nos sociétés », a réagi le Premier ministre Bart De Wever sur X.
L’antisémitisme a connu une recrudescence en Australie ces dernières années, avec plus de 1 650 actes antisémites recensés entre octobre 2024 et septembre 2025. Ce niveau atteint un chiffre historique, presque cinq fois supérieur à celui observé avant les attaques du Hamas le 7 octobre 2023. En Belgique, des mesures de sécurité ont déjà été renforcées autour de sites sensibles, et l’antisémitisme y est également en hausse.
Comment expliquer cette situation ? Faut-il s’inquiéter pour la communauté juive de Belgique ? Patrick Charlier, directeur d’UNIA, l’organisme fédéral responsable de l’égalité des chances et de la lutte contre le racisme, a répondu aux questions de Julie Morelle et Sarah Heinderyckx lors de l’émission « Le Monde en Direct » sur La Première.
Peut-on quantifier l’antisémitisme en Belgique ? A-t-on constaté une augmentation des actes antisémites ces dernières années ? « Oui, nous avons constaté une augmentation des actes antisémites. En 2024, un nombre record de signalements et de dossiers a été enregistré, bien que ces faits ne soient que ceux qui nous sont rapportés. Nous savons qu’il y a des incidents qui ne parviennent pas jusqu’à nous. Donc, cela reflète principalement notre propre activité. En 2024, les signalements liés à l’antisémitisme ont atteint un niveau sans précédent, » a déclaré Charlier.
Il a précisé qu’il existe une réalité : « On parle d’un ‘antisémitisme d’ambiance’. Nous sommes en contact avec de nombreuses organisations juives qui font état de cet antisémitisme d’ambiance. »
Les membres de la communauté juive se sentent contraints de se justifier par rapport aux événements à Gaza et peuvent se distancier des actions du gouvernement israélien. Ceux qui expriment des opinions pro-sionistes peuvent rapidement être accusés de comportement génocidaire, ce qui ne devrait pas être associé au sionisme.
Charlier a également établi un parallèle avec la stigmatisation des musulmans dans le contexte des attentats terroristes en Europe. « Les musulmans devaient se justifier des actes terroristes qui avaient été commis. Aujourd’hui, les Juifs pourraient devoir se justifier à nouveau suite aux événements tragiques en Australie. »
Il a ajouté qu’il y a une stigmatisation de certains groupes, avec une responsabilité qui leur est attribuée, ce qui entraîne une pression sur les Juifs en Belgique, qui peuvent hésiter à se proclamer comme tels. Cela affecte leur bien-être et le respect de leurs droits fondamentaux en tant que Juifs belges.
Concernant la définition de l’antisémitisme, Charlier a expliqué qu’elle a d’abord une définition légale en Belgique : « C’est l’incitation à la haine, la violence ou la discrimination sur base d’un critère appelé ascendance. » Stigmatiser quelqu’un en raison de son origine juive peut être qualifié d’antisémitisme. Les discours qui relèvent de la loi sur le négationnisme sont également inclus.
Il a souligné que l’antisémitisme se manifeste souvent par des discours ou actes haineux, plutôt que par des discriminations au sens strict, comme le refus d’accès à un emploi ou à un logement en raison de l’origine juive. Parmi l’ensemble des dossiers traités, 73% concernent la discrimination et 18% le discours de haine, tandis qu’en matière d’antisémitisme, ces chiffres sont de 10% pour la discrimination et 72% pour les discours de haine.
La question de la définition de l’antisémitisme est cruciale car elle varie d’une personne à l’autre. Charlier a posé la question de savoir si un appel au boycott de produits israéliens serait considéré comme antisémite, une question dont la réponse diffère selon les opinions, comme le souligne Benjamin Netanyahou.
En conclusion, Charlier a noté que les actes signalés ne donnent pas toujours lieu à des condamnations pénales, car certaines formes d’antisémitisme ne tombent pas sous le coup de la loi. Néanmoins, il existe des condamnations pour des actes tels que des chants antisémites par des supporters de football ou des appels à la mort des Juifs lors de manifestations. Les procédures judiciaires ne sont pas la seule réponse nécessaire, et d’autres types de réactions, comme des condamnations morales ou des sanctions disciplinaires, sont aussi cruciales.

