Après le meurtre de l’épouse d’un patron de Goodyear à Woluwe-Saint-Pierre, le voisinage s’interroge: « On a envie de comprendre ce qui s’est passé »
Carmel D. a été tuée le 17 mars à son domicile. La police judiciaire fédérale (PJF) de Bruxelles a ouvert une enquête sur ce qui a d’abord semblé être un homicide lié à un banal cambriolage qui a mal tourné. Mais de nouveaux éléments ont été révélés. L’affaire pourrait prendre un autre tournant.
- Publié le 16-04-2025 à 06h33

Lundi 17 mars, le corps sans vie de Carmel D., une femme de 61 ans, a été retrouvé dans son appartement situé dans une rue tranquille à deux pas du collège Saint-Michel, dans la commune bruxelloise de Woluwe-Saint-Pierre. C’est son mari, un des grands patrons de l’entreprise Goodyear, le fabricant de pneus, qui a fait la macabre découverte.
Si, au départ, c’est la thèse du cambriolage qui a mal tourné qui a été dévoilée dans la presse, d’autres hypothèses sont évoquées depuis que le parquet de Bruxelles a fait savoir qu’une personne proche de l’environnement professionnel du veuf a été arrêtée. Il s’agit de G.V, la secrétaire personnelle du mari de la victime.
G.V. a été inculpée du chef d’assassinat et de port d’arme par destination. Ce dernier élément signifie qu’un objet, qui n’est pas une arme à la base, a été utilisé comme tel. L’autopsie de la victime a par ailleurs révélé que celle-ci était porteuse de quatre plaies dans la région thoraco-abdominale par un objet contondant ou piquant.
La suspecte a comparu jeudi 10 avril devant la chambre du conseil, qui a décidé le maintien de la détention préventive pour un mois. La Libre a tenté de joindre l’avocat de G.V., sans réponses au moment d’écrire ces lignes. Contactée également, la défense du veuf de Carmel D. n’a pas souhaité faire de commentaire.
En attendant, l’enquête, elle, se poursuit. Un soulagement pour les riverains qui espèrent que la justice permettra rapidement de faire toute la lumière sur cette affaire.
« Ça peut arriver dans tous les quartiers »
« Nous attendons que la police fasse son travail. J’avais peur en pensant que c’était un cambriolage et on n’a pas envie de voir ce genre de choses nous arriver ici. Maintenant que ça ressemble un peu à autre chose, on a surtout envie de comprendre ce qui s’est passé, témoigne une habitante du quartier. C’est évident que cela choque de savoir qu’il y a eu un mort dans notre voisinage. Mais il n’y a pas grand-chose à en dire. C’est triste, mais en même temps, nous ne connaissions pas ces gens. Certes, ils vivaient ici, mais ils étaient nos voisins sans vraiment être nos voisins, si vous voyez ce que je veux dire. »
Une autre dame croisée dans les parages ajoute. « La dame, je l’ai sans doute croisée à l’une ou l’autre reprise sans savoir qui elle était précisément. Ce n’est pas non plus comme s’il s’agissait d’une célébrité. Si nous n’avions pas eu les infos dans les médias, nous n’aurions jamais su qu’elle était la femme d’un grand patron. »
Et une autre personne qui travaille dans le quartier d’ajouter. « C’est triste, mais en même temps, plus rien ne m’étonne à Bruxelles, on y voit de tout, faisant allusion aux faits de criminalité liés au narcotrafic qui se multiplient dans la capitale. Après, ici, ça a l’air d’être un peu autre chose. On avait tous un peu peur en pensant qu’il s’agissait d’un cambriolage. Comme c’est un quartier tranquille, on s’inquiétait en s’imaginant que notre quotidien risquait d’être un peu moins calme. Au final, de ce qu’on a en sait, tout ça ressemble plutôt à une histoire de cœur et de cul qui s’est mal terminée. Un crime passionnel quoi. Et ça, au fond, ça peut arriver dans tous les quartiers de toutes les villes. »
Des statistiques criminelles en baisse dans la commune
Cette crainte quant à un possible cambriolage venu perturber la quiétude des habitants, Benoit Cerexhe (Les Engagés) l’a entendue à de très nombreuses reprises. Le bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre n’est, en effet, pas habitué à des faits de criminalité en tout genre. La population wolusanpétrusienne non plus. Et elle l’a fait copieusement savoir à son maïeur.
« J’ai toujours dit – et dès le départ – qu’il s’agissait d’un cas isolé et qu’il ne fallait pas céder à la panique. Beaucoup de gens pensaient effectivement qu’il s’agissait d’un cambriolage et avaient donc peur de voir d’autres faits du genre se multiplier, explique Benoit Cerexhe. Pourtant, les statistiques criminelles sont formelles : en six mois, il y a, sur l’ensemble de la commune, une baisse de plus de 30 % des cambriolages. Mais de nombreux habitants ont malgré tout eu peur après cette histoire. J’ai reçu beaucoup de courriers de personnes inquiètes de voir la situation se dégrader dans le quartier, détaille le bourgmestre. Aujourd’hui, nous ne pouvons que constater que j’avais raison, qu’il n’y a aucune dégradation à déplorer puisque tout porte à croire que nous sommes face à un acte qui a manifestement été prémédité. C’est un drame, bien sûr, mais il ne reflète pas ce qu’il se passe au quotidien à Woluwe-Saint-Pierre. »
Benoit Cerexhe, en tant que bourgmestre et chef de sa police, a-t-il été sollicité pour aider les enquêteurs, par exemple, en mettant à disposition les images des caméras de surveillance, très nombreuses dans le quartier, interroge-t-on. « C’est à la zone de police qu’on demande ce type de choses et ici, c’est la police judiciaire fédérale (PJF) qui a pris le dossier en mains, répond-il. Mais il est vrai qu’il y a de nombreuses caméras de surveillance dans le quartier, et il est plus que probable que les images ont été utilisées pour l’enquête. Pour le reste, je ne sais rien, c’est du domaine de la justice et nous la laissons travailler sereinement. »