Belgique

Après dix-sept ans d’attente, le bouddhisme sera (enfin) reconnu en Belgique

Mais cette fois-ci, cela semble être la bonne. La décision figurait dans l’accord de gouvernement conclu par la Vivaldi. L’accord sur le texte constitue une première étape. Il devra ensuite être soumis au Conseil d’État, discuté en comité de concertation avant d’être validé par le Parlement, “idéalement avant les vacances parlementaires”, espère Carlo Luyckx, président de l’UBB, coupole qui regroupe 35 organisations affiliées.

Le bouddhisme deviendrait ainsi la huitième conception philosophique reconnue en Belgique, aux côtés des cultes catholique, israélite, anglican, protestant-évangélique, islamique, orthodoxe et de la laïcité. “Il était très important pour nous d’être traités sur un pied d’égalité que les autres croyances et religions officielles reconnues en Belgique”, précise Carlo Luyckx. Une fois le texte adopté, l’UBB sera l’interlocuteur officiel des autorités belges dans la gestion de l’organisation.

Des cours dans les écoles ?

Cette reconnaissance permettra au bouddhisme d’avoir le même traitement que les autres religions et conception philosophique reconnues. Cela implique le paiement par l’État fédéral d’une vingtaine de conseillers et le financement, par les provinces et la Région bruxelloise, d’implantations locales. Citons encore la possibilité de disposer de conseiller dans les prisons, dans l’armée ou dans les aéroports, la diffusion d’une émission concédées sur les chaînes publiques, ou encore la mise en place d’un cours de bouddhisme dans les établissements scolaires.

Ce dernier point pourrait d’ailleurs se heurter à quelques soucis, comme le souligne la politologue et chercheuse au Crisp Caroline Sägesser, spécialiste des questions liées à l’organisation des cultes et croyances en Belgique. “Le timing est en effet particulier. L’introduction de ces cours interviendrait précisément au moment où la Fédération Wallonie-Bruxelles songe à faire disparaître les cours dits philosophiques des horaires des écoles. Par ailleurs, les termes exacts de la Constitution en matière d’enseignement évoquent les ‘religions reconnues’ ou ‘la morale non confessionnelle’. Il faudrait alors préciser comment les cours de bouddhisme pourraient s’y inscrire”, pointe la chercheuse.

Le bouddhisme ne devrait pas être reconnu comme culte à proprement parler, mais bien comme une conception philosophique non confessionnelle, selon le second paragraphe de l’article 181 de la Constitution. Une disposition qui avait initialement été pensée lors de la reconnaissance de la laïcité organisée. En Belgique, on estime que le bouddhisme compte 150 000 adeptes.

Des critères flous

Les bouddhistes ne sont pas les seuls à attendre leur reconnaissance officielle. Le forum hindou de Belgique a aussi introduit une demande il y a plusieurs années. À partir de cette année, cette organisation va recevoir un financement fédéral afin de se structurer. Faut-il y voir un premier pas vers une reconnaissance future ? Le bouddhisme recevait depuis 2008 une subvention de la part de l’État fédéral (à hauteur d’environ 200 000 euros par an) afin de s’organiser en vue de sa reconnaissance. La laïcité organisée avait aussi pu compter sur un tel financement avant d’être reconnue en 2002.

Mais les critères autorisant la reconnaissance sont flous. “Il est d’ailleurs assez curieux de voir le dossier du bouddhisme aboutir alors que le système de gestion des cultes et croyances est à bout de souffle en Belgique. Il avait d’ailleurs été épinglé par la Cour européenne des droits de l’homme en avril 2022, lorsqu’elle avait été saisie par des congrégations de témoins de Jéhovah”, rappelle encore Caroline Sägesser.