Allergies et chocs anaphylactiques en hausse : la prévention sauve des vies.
Les allergies alimentaires touchent de 2 à 3% de la population mondiale et 6 à 8% des enfants, selon l’Organisation Mondiale de la Santé. En Belgique, le Conseil supérieur de la Santé observe une hausse de la fréquence et de la gravité des réactions liées à ces allergies.
Les allergies alimentaires représentent le quatrième grand problème de santé publique. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, « elles touchent de 2 à 3 % de la population mondiale et 6 à 8 % des enfants ».
En Belgique, le Conseil supérieur de la santé note une augmentation tant de la fréquence que de la gravité des réactions allergiques.
L’anaphylaxie, qui peut être causée par un aliment, une piqûre d’insecte ou un médicament, est une réaction allergique sévère et potentiellement mortelle nécessitant une injection d’adrénaline immédiate.
« L’anaphylaxie est une urgence vitale et trop peu de personnes savent comment réagir », déclare le docteur Dimitrios Salamouras, pédiatre spécialisé en allergologie alimentaire et respiratoire à Bruxelles. Il précise qu' »il y a une nette augmentation de la prévalence des allergies alimentaires, en Belgique et ailleurs. Toutes populations confondues, enfants et adultes, il y a énormément de personnes allergiques. »
Dimitrios Salamouras souligne aussi que « Nous ne sommes pas très vigilants dans les restaurants, notamment. Or, les cas de chocs anaphylactiques ne sont pas anecdotiques. » Pour le monde médical, il est urgent d’agir pour inverser cette tendance.
Le choc anaphylactique est la forme la plus grave des réactions allergiques, mettant en jeu le pronostic vital de la personne concernée. « L’anaphylaxie peut évoluer en quelques minutes à peine », explique le Dr Salamouras. « Et l’adrénaline est le seul traitement d’urgence reconnu capable de stopper la progression d’une réaction sévère. »
Un choc anaphylactique peut être fatal dans les 5 à 30 minutes suivant le contact avec l’allergène, entraînant souvent des hospitalisations. « Tout le monde devrait donc apprendre à reconnaître les signes d’une allergie et à utiliser un stylo auto-injecteur », ajoute-t-il.
La France organise régulièrement des campagnes de sensibilisation sur les allergies et les comportements à adopter en cas de suspicion de choc anaphylactique. Carine Thauvin, secrétaire de l’Association française pour la prévention de l’allergie (AFPRAL), fait remarquer que « le risque de choc anaphylactique reste minimisé au sein de la population. On estime que 65 % des Français et Françaises sous-estiment la gravité des allergies. » Elle souligne également que des campagnes sont souvent dédiées à la reconnaissance des signes d’anaphylaxie et au bon usage des stylos auto-injecteurs.
Une étude suisse de 2020 propose, sur la base de résultats et de projets pilotes, de déployer des auto-injecteurs dans les lieux publics les plus concernés, notamment les écoles, et de garantir leur géolocalisation pour un accès rapide en cas d’urgence. Cependant, Carine Thauvin tempère l’idée d’un déploiement massif de ces dispositifs s’il n’est pas encadré. « L’accès public à l’adrénaline, comme c’est le cas pour les défibrillateurs, est une piste intéressante », dit-elle, tout en alertant sur les enjeux techniques, car « l’adrénaline n’est pas stable, elle doit être conservée en dessous de 25 degrés. »
Sur le terrain, la situation est complexe. Martha, qui gère une boutique de cookies à Ixelles, explique : « On fait attention aux allergènes et on propose des cookies sans gluten et sans noix. Mais, en tant que petit établissement, il est difficile d’éviter les traces. » L’une des missions de l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire est d’accompagner les entreprises pour une bonne communication des allergènes aux consommateurs.
« L’AFSCA demande aux professionnels du secteur Horeca d’informer la clientèle sur les allergènes », indique Martha. « Nous sommes censés être au courant, mais il nous manque souvent du temps, ce qui rend la sensibilisation dépendante de la prédisposition de chacun. Malheureusement, beaucoup minimisent les allergies. Des campagnes nationales pour l’utilisation de l’adrénaline et sensibiliser les gens seraient très utiles ! »
Martha témoigne de sa prise de conscience : « J’ai un jour dû faire face à une grosse frayeur, et aujourd’hui, j’ai toujours un stylo d’auto-injection à côté de ma caisse. » Elle ajoute que « cela fait peur, et on espère ne pas devoir l’utiliser. Mais cela rassure, tant moi que mes clients concernés. »
L’AFPRAL milite pour des campagnes d’information généralisées, notamment à travers des vidéos pratiques visant les professionnels de la restauration, les équipes éducatives et le grand public. « La prévention et les formations sont nécessaires pour apprendre à reconnaître les signes d’anaphylaxie, à utiliser un auto-injecteur et à agir en cas d’urgence. Nous savons que nos campagnes ont de l’impact. La Belgique pourrait s’en inspirer », conclut Carine Thauvin.
Face à la montée des allergies et des chocs anaphylactiques, le Dr Salamouras indique que « la Belgique devrait clairement mettre la prévention et la sensibilisation au cœur de sa stratégie. » Former les citoyens, informer les professionnels et normaliser les gestes d’urgence constitueraient des actions à fort impact, susceptibles de sauver des vies dès aujourd’hui. « Informer, répéter, entraîner », résume Carine Thauvin, pour que chacun puisse, en cas de besoin, agir efficacement.

