Belgique

Affaire Sanda Dia : “Vous savez ce qui s’est passé”, déclare le ministère public qui requiert 18 à 50 mois de prison contre les 18 prévenus

Les 18 prévenus étaient initialement jugés, en avril 2022, devant le tribunal correctionnel d’Hasselt. Mais le président du tribunal avait déclaré qu’il n’était compétent que pour juger les faits survenus lors du baptême, le 5 décembre 2018 dans un chalet situé à Vorselaar, et non sur la série d’évènements qui se sont déroulés avant, à Louvain. Les parents de Sanda Dia avaient interjeté appel, estimant que c’est l’entièreté de la séquence qui a été fatale au jeune étudiant, décédé à l’hôpital le 7 décembre.

Le ministère public avait également fait appel et le procès a été suspendu, raison pour laquelle c’est aujourd’hui devant la cour d’appel d’Anvers que l’affaire est traitée.

Une immense fresque en mémoire de Sanda Dia, mort en 2018 après des activités de baptême

Depuis ce lundi et jusqu’à la fin de la semaine, la cour d’appel devra statuer si le tribunal correctionnel d’Hasselt est compétent pour l’ensemble des faits – dont la réunion préparatoire organisée à Louvain et ce qui s’est passé le jour du drame, à Vorselaar – ou si seuls les faits du 5 décembre doivent être jugés.

Si la cour décide de suivre le président du tribunal, le procès pourra se poursuivre à Hasselt. Dans le cas contraire, l’affaire pourrait être traitée à Anvers en degré d’appel.

Durant la première audience qui s’est tenue ce lundi, l’avocate générale Annelies De Cauwer a déclaré que, selon elle, tous les prévenus ont pris une part active et directe au rituel du baptême. “Ils ont aidé à la préparation, la mise en place, l’incitation et la réalisation. Sans les organisateurs, il n’y aurait pas eu de baptême ni de crime. Ils sont tous responsables en tant qu’auteurs ou coauteurs.” Elle a requis 18 à 50 mois de prison, selon les rôles de chacun. Les prévenus risquent également des amendes pouvant atteindre 8 000 euros et la déchéance de leurs droits pendant cinq ans.

”Aucun parent ne devrait enterrer son enfant”

Le baptême fatal à Sanda Dia a eu lieu le 5 décembre 2018. Le cercle Reuzegom avait organisé une épreuve à laquelle ont pris part le jeune homme qui avait 20 ans aux moments des faits, et deux autres bleus. Le baptême avait débuté à Louvain par l’ingurgitation forcée de grandes quantités d’alcool. Ils ont dû aussi avaler de la nourriture pour animaux et une mixture dans laquelle une souris avait été broyée.

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Déjà affaiblis, assommés d’alcool, Sanda Dia et les deux autres bleus ont ensuite dû creuser un trou dans un terrain près du chalet de Vorselaar et s’y installer avant d’être arrosés d’eau glacée. Pour être réchauffés, les membres du cercle les ont aspergés d’urine.

Sanda Dia est resté plus longtemps dans le trou avant de perdre connaissance. Les autres étudiants l’ont conduit aux urgences, sans expliquer ce qui s’était déroulé. Deux jours plus tard, le 7 décembre 2008, Sanda Dia est mort d’une insuffisance cardiaque.

”Perdre un jeune être cher est horrible. Lorsque quelqu’un meurt à cause de la vieillesse ou de la maladie, il est déjà difficile d’y faire face. Sans parler de la vie d’un jeune homme. Aucun parent ne devrait enterrer son enfant, quelles que soient les circonstances”, a déclaré l’avocate générale, ce lundi, en s’adressant aux parents de Sanda Dia.

Elle a également adressé un mot aux accusés. “Vous savez ce qui s’est passé et ce qui ne s’est pas passé. Vous avez tous été impliqués. Vous pouvez contribuer à la recherche de la vérité et apporter des réponses à la famille”.

Le procès reprend ce mardi. Les avocats des parents de Sanda Dia seront notamment entendus. Dans l’après-midi, les avocats de la défense s’exprimeront.