Belgique

Affaire Grégory : Jacqueline Jacob mise en examen comme corbeau.

Jacqueline Jacob, âgée de 81 ans, a été mise en examen pour association de malfaiteurs, selon Me Stéphane Giuranna, après plus d’une heure et demi d’interrogatoire à la cour d’appel de Dijon. Les enquêtes de stylométrie de 2021 et 2023 soutiennent « très fortement l’hypothèse » que Mme Jacob a écrit la lettre du 16 octobre 1984 revendiquant le crime.


Agée de 81 ans, Jacqueline Jacob a été mise en examen pour association de malfaiteurs, a déclaré Me Stéphane Giuranna, à l’issue d’un interrogatoire de plus d’une heure et demie à la cour d’appel de Dijon.

La grand-tante est suspectée d’être l’un des corbeaux – qui seraient cinq selon une expertise – ayant menacé pendant des années la famille de Grégory Villemin. Selon les juges enquêteurs, elle aurait également revendiqué le crime.

Jacqueline Jacob, 81 ans, dont le mari Marcel est un frère de la grand-mère du petit garçon, est arrivée peu avant 10H00 à la cour d’appel de Dijon, chargée de l’enquête sur l’un des crimes non résolus les plus emblématiques de France.

Entourée de ses avocats et de son mari, elle est restée silencieuse, tout comme ses conseils, face aux caméramans et photographes qui l’ont suivie jusqu’au palais de justice.

L’octogénaire, déjà soupçonnée en 2017, a subi son deuxième interrogatoire après 41 ans d’une enquête chaotique sur l’assassinat de Grégory Villemin, retrouvé noyé, pieds et mains liés, à l’âge de 4 ans, le 16 octobre 1984, dans une rivière des Vosges.

Ses avocats ont qualifié cette accusation de « lunaire ».

Déjà poursuivie précédemment

En 2017, Jacqueline Jacob avait déjà été poursuivie pour « enlèvement et séquestration suivie de mort », et avait même été incarcérée quatre jours. Cette mise en examen avait été annulée en mai 2018 pour vice de forme, révélant les complications de cette enquête.

Elle est suspectée d’être l’un des corbeaux ayant menacé la famille Villemin pendant des années. La famille avait reçu des dizaines de lettres et d’appels anonymes avant la mort de Grégory. Le succès du père de l’enfant, Jean-Marie Villemin, générait des jalousies. Selon des témoins, Jacqueline Jacob, déléguée CGT, l’aurait qualifié de « chef de mes couilles » en 1982. Les époux Marcel et Jacqueline Jacob ont démenti toute haine.

D’après l’arrêt du 18 juin dernier ordonnant l’interrogatoire de Mme Jacob, des expertises graphologiques de 2017, suivies d’analyses stylométriques en 2021 et 2023, attribuent à Jacqueline Jacob trois courriers anonymes de 1983, dont un du 4 mars qui menace directement les Villemin. « Je vous ferez votre peau » y était écrit.

De plus, la stylométrie soutient « très fortement l’hypothèse » que Mme Jacob a écrit la lettre du 16 octobre 1984 revendiquant le crime. Dans ce courrier, il était indiqué : « J’espère que tu mourras de chagrin le chef (…) Voilà ma vengeance. Pauvre con« . Elle serait également à l’origine d’un appel téléphonique anonyme de revendication passé le même jour.

Son beau-frère, René Jacob, a déclaré avoir reconnu sa voix après avoir écouté un enregistrement d’un corbeau devant les gendarmes le 2 août 2022.

Dès le début des investigations, les enquêteurs avaient souligné la forte animosité entre les Jacob et les Villemin, alimentée par des jalousies anciennes.

En 2017, lors de sa première mise en examen, Mme Jacob avait clamé sa « totale innocence ».

La défense dénonce une « pseudo-expertise »

Les défenseurs de Mme Jacob estiment aujourd’hui que les arguments des juges enquêteurs sont aussi « surréalistes et lunaires« , comme l’a résumé Frédéric Berna, un des avocats de Jacqueline Jacob, qui a promis de contester toute mise en examen.

La défense reproche notamment des « pseudos expertises en stylométrie« , une méthode récente dont la fiabilité doit encore être établie, et souligne que le procureur général de Dijon, Philippe Astruc, a lui-même affirmé que les preuves à charge « ne suffisent pas à constituer des indices graves ou concordants » justifiant une mise en examen.

M. Astruc a également noté qu’une expertise de 1991 avait attribué la lettre de revendication du crime non pas à Mme Jacob, mais à Bernard Laroche, cousin du père de Grégory, qui avait été inculpé par la justice avant d’être tué par Jean-Marie Villemin.

En 2017, Mme Jacob était restée silencieuse lors de son audition. Ce vendredi, Me François Saint-Pierre, un des avocats des parents de Grégory, se demande si elle « acceptera de dire ce qu’elle sait sur la mort de Grégory?« , estimant que cela serait « la seule attitude digne de sa part.«