Adaptation du tronc commun : réactions partagées et opposition hostile.
La ministre de l’Education, Valérie Glatigny (MR), et la Ministre-Présidente, Elisabeth Degryse, ont annoncé que le tronc commun prévu dans le Pacte pour un enseignement d’excellence sera mis en place dans les trois premières années du secondaire. La CGSP-Enseignement a rejeté les adaptations au tronc commun annoncées par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, affirmant que cela renforce la dualité de l’école et favorise l’orientation précoce des élèves les plus défavorisés.
Dans un communiqué, la ministre de l’Éducation, Valérie Glatigny (MR), et la ministre-présidente, Elisabeth Degryse, ont annoncé la mise en place du tronc commun prévu dans le Pacte pour un enseignement d’excellence pour les trois premières années du secondaire.
Au départ, il était prévu que tous les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles suivent le même programme jusqu’en troisième secondaire. Ce tronc commun est déjà en place jusqu’en sixième primaire. Des questions subsistaient concernant les modalités pour les élèves entrant en première secondaire dès septembre 2026. Après l’installation du gouvernement de la Fédération durant l’été 2024, celui-ci avait clairement indiqué son intention de revoir les modalités du Pacte pour un enseignement d’excellence en secondaire. À plusieurs reprises, Valérie Glatigny a mentionné l’introduction d’ »activités orientantes » en secondaire, comme le précise cette note d’orientation. Ainsi, en troisième secondaire, les élèves devront choisir, parmi 8 périodes par semaine, des activités « de transition » (mathématiques, sciences, langues, sciences économiques) ou « qualifiantes » (matières de l’enseignement technique ou professionnel). Ils auront également la possibilité de sélectionner un mélange de quatre périodes de chaque type.
### Des adaptations rejetées par la CGSP-Enseignement et le Setca
Du côté des syndicats, la CGSP-Enseignement a rejeté ce mardi les adaptations au tronc commun annoncées par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. « Nous constatons qu’une fois de plus, ce gouvernement fait le choix de renforcer la dualité de l’école, de favoriser l’orientation précoce des plus faibles, c’est-à-dire des plus défavorisés », a réagi le syndicat socialiste.
Les organisations syndicales avaient été invitées ce mardi au cabinet de la ministre Glatigny pour préciser les décisions, mais la CGSP a refusé d’y assister en raison de l’absence de concertation préalable. Pour le syndicat socialiste, la vision du gouvernement MR-Engagés pour l’enseignement reflète une école qui « relègue, sélectionne et exclut les moins chanceux ». « L’école est une chance pour la société. Elle mérite mieux que ce gouvernement », a conclu le syndicat.
Le Setca a également exprimé sa désapprobation face à cette réforme. « Ce n’est pas un réaménagement du tronc commun, disons-le tout de go, il s’agit d’un renoncement au tronc commun et de la sauvegarde d’un système qui est reléguant, discriminant et injuste pour les élèves », a déclaré Adrien Rosman, coordinateur communautaire au Setca-SEL. Rosman estime que le tronc commun prévu jusqu’en troisième secondaire était « la meilleure manière de lutter contre l’échec scolaire, contre la relégation, contre le décrochage scolaire ». Il s’inquiète également des conséquences de la réforme pour les élèves actuellement en primaire : « Les élèves préparés au référentiel vont être pris en otage par une décision qui remet en question la réforme structurelle engagée ici il y a quelques années », a-t-il ajouté. Il considère aussi que « l’ensemble des membres du personnel de l’enseignement sont confrontés à une réforme idéologique voulue par la ministre MR ».
### « Il y a moyen de vivre avec ce genre de propositions » (SeGec – Enseignement catholique)
Le secrétariat général de l’enseignement catholique (SeGEC) a accueilli sans enthousiasme, mais sans grande inquiétude, les adaptations du tronc commun annoncées par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. « Il y a moyen de vivre avec ce genre de propositions », a commenté son secrétaire général, Alexandre Lodez, interrogé par Belga. « Si l’on prend les trois années du secondaire ensemble, cela représente un total de 92 périodes de cours, dont 8 seraient en fin de compte orientantes. Ça représente donc à peine 10 %, c’est relativement limité », a-t-il ajouté. Pour lui, les changements annoncés en première sont mineurs et n’entraînent pas de problèmes majeurs.
Concernant les huit périodes d’options réintroduites en troisième année du secondaire, le SeGEC, qui a récemment proposé une formule similaire, juge la proposition « intéressante », notamment l’idée des trois voies possibles (transition, qualification et polyvalente). Cependant, le SeGEC émet des réserves sur l’organisation de visites d’entreprises lors des jours blancs, notant que « voir 70.000 élèves débarquer dans des entreprises sur deux jours n’est pas très réaliste ».
Le SeGEC approuve également le renforcement des mathématiques en deuxième secondaire et la concentration sur une seule langue moderne, tout en soulignant qu’il ne faudrait pas imposer systématiquement l’apprentissage du néerlandais, les élèves des filières techniques ayant davantage besoin de l’anglais.
Le SeGEC soutient la décision du gouvernement de maintenir une épreuve certificative externe à la fin de la troisième année, tout en notant que « l’esprit a changé ».
### Un « Sabotage » pour Ecolo, une « réforme déconnectée » pour le PS
L’opposition critique vivement la réforme du tronc commun soutenue par la majorité MR-Engagés.
Ecolo a dénoncé ces adaptations, jugeant le tronc commun désormais « dénaturé et bricolé ». « Aujourd’hui, le gouvernement MR-Engagés a définitivement enterré la lutte contre les inégalités scolaires. Une nouvelle fois, les Engagés se sont assis sur leurs promesses préélectorales », déclarent-ils dans un communiqué. Ecolo parle d’un « nouveau recul ». Le parti écologiste perçoit cela comme une forme de « mépris » envers le travail effectué par les acteurs de l’enseignement pendant près de dix ans, et envers les travaux scientifiques démontrant l’efficacité d’un tronc commun allongé pour améliorer le système éducatif et lutter contre les inégalités.
Pour Ecolo, le tronc commun, tel que pensé lors du Pacte, était un « levier essentiel » pour lutter contre les inégalités scolaires, permettant d’ »éviter une orientation précoce qui enferme les jeunes dans une filière et des parcours d’exclusion ».
Le PS partage également une vision critique, qualifiant la réforme de « déconnectée » des besoins des élèves, qui aggravera le déficit. Il décrit cette adaptation du tronc commun comme l’aboutissement d’un « lamentable feuilleton politique qui dure depuis plus d’un an ». Le PS estime que « les Engagés ont abandonné leurs promesses d’une refonte de l’enseignement ».
Les socialistes affirment que cette adaptation du tronc commun renforcera le chaos dans les établissements et prolongera l’incertitude déjà présente depuis des mois. Ils critiquent la réintroduction d’options en troisième année, y voyant un « retour en arrière déplorable », « en contradiction avec les constats des acteurs de l’enseignement ».
De leur point de vue, le PS aurait pu accepter une option donnant aux écoles la possibilité d’aménager les grilles horaires, mais souligne que « plus d’un tiers de la grille horaire sera à la carte » et retournera à des filières spécialisées, perçues comme des options de relégation. Enfin, le PS souligne que la réintroduction des options en troisième secondaire coûtera jusqu’à 60 millions d’euros par an à la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui doit réaliser des économies.

