Accord imminent à la COP30 : décevant, sans sortie des énergies fossiles.
Après deux semaines de négociations entre près de 200 pays, un texte modeste préparé par la présidence brésilienne du sommet sera adopté, célébrant l’accord de Paris et la coopération climatique. Le texte de compromis prévoit un triplement de l’aide financière pour l’adaptation des pays en développement à l’horizon 2035, par rapport à l’objectif actuel de 40 milliards par an.
Après deux semaines de discussions entre près de 200 pays et une nuit de négociations à Belem, les nations sont sur le point d’adopter un texte modeste élaboré par la présidence brésilienne du sommet, qui célèbre l’accord de Paris et la coopération climatique.
Ce texte n’appelle cependant à une accélération de l’action que de manière « volontaire » et ne fait qu’une référence indirecte à la sortie des énergies fossiles, rappelant le consensus de la COP28 à Dubaï, sans utiliser explicitement ces termes. Cela contraste avec le plan qui avait été demandé par plus de 80 pays européens, latino-américains ou insulaires.
« Wopke Hoekstra a déclaré : ‘Nous devons le soutenir car, au moins, il nous emmène dans la bonne direction. Nous n’allons pas cacher que nous aurions préféré davantage, et plus d’ambition sur tout’. »
La ministre française Monique Barbut a ajouté que les Européens avaient choisi d’accepter ce texte en raison du facteur de pression qui était fait sur eux : « On a dit qu’une des raisons pour lesquelles on s’opposait à ce texte, c’était parce qu’on ne voulait pas payer de l’argent pour les pays les plus pauvres. »
Le ministre fédéral du Climat, Jean-Luc Crucke (Les Engagés), s’est lui aussi dit déçu sur la VRT : « Cet accord n’est pas celui dont nous rêvions. Mais un accord vaut toujours mieux que pas d’accord du tout. Sinon, cela aurait signifié la fin de l’accord de Paris, et ce n’était pas ce que nous voulions. Nous avons plus d’ambition que beaucoup de pays dans le monde. »
Pas de mention des énergies fossiles
En 2023, lors de la COP28 à Dubaï, les pays s’étaient engagés à « opérer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques », une première dans l’histoire des conférences climatiques de l’ONU. Depuis, les pays producteurs ou dépendants des énergies fossiles ont bloqué toutes les tentatives de réitérer cet engagement à l’échelle multilatérale.
L’analyste Li Shuo, de l’Asia Society à Washington, voit dans ce résultat un nouveau « point d’inflexion dans la politique climatique mondiale ». Il a déclaré : « Alors que l’ambition climatique nationale ralentit, les négociations internationales sont désormais limitées par une volonté politique en déclin. Lorsque les États-Unis se retirent, les autres acteurs deviennent prudents et indécis. »
La combustion du pétrole, du gaz et du charbon est largement responsable du réchauffement climatique.
Des pays comme la Russie, l’Arabie saoudite ou l’Inde ont été désignés par la France comme les leaders du refus, mais ils ne sont pas les seuls. Une partie du monde en développement n’avait pas comme priorité la lutte contre les combustibles fossiles en arrivant au Brésil il y a deux semaines. Pour ces pays, l’urgence réside dans les financements, et la COP30 leur offre un petit gain.
Triplement de l’aide financière des pays en développement
Le texte de compromis propose de tripler l’aide financière pour l’adaptation des pays en développement d’ici 2035, comparativement à l’objectif actuel de 40 milliards par an.
Ces pays expliquent que de nombreuses économies, qu’elles soient pauvres ou émergentes, ne disposent pas des ressources pour adopter les énergies renouvelables rapidement ou pour adapter leurs infrastructures à un climat changeant. Ils réclament des engagements financiers supplémentaires de la part des pays les plus riches pour soutenir les nations les moins développées.
Mais est-ce suffisant ? « Pas vraiment. Mais les négociations intergouvernementales fonctionnent selon le plus petit dénominateur commun. Et notre combat continue », a déclaré un négociateur bangladais à l’AFP.
Les Européens isolés
L’accord prévoit d’instaurer un « dialogue » sur le commerce mondial, une première dans le cadre des négociations climatiques. La Chine, qui s’oppose aux taxes carbone aux frontières, en avait fait une priorité.
La présidence brésilienne a jusqu’à la fin refusé d’inclure dans son texte la création d’une « feuille de route » pour sortir des énergies fossiles, alors même que le président brésilien Lula lui-même l’avait soutenue.
L’UE avait évoqué la possibilité de quitter Belem « sans accord ». Cela aurait constitué un échec retentissant pour le pays hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans une région emblématique des enjeux environnementaux, l’Amazonie. Cependant, les Européens auraient été « isolés », selon un membre d’une délégation des 27.
Ces derniers ne voulant pas être perçus comme responsables d’une catastrophe diplomatique alors qu’ils tentent de maintenir en vie le régime climatique mondial.
« Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose pour le climat seront ravis de voir qu’on n’arrive pas à se mettre d’accord », avait prévenu le président de la COP30, le diplomate brésilien André Corrêa do Lago.
Les pays doivent maintenant adopter ce texte lors d’une séance de clôture.

