Accord budgétaire : la classe moyenne ne paie pas.
En Belgique, la politique est décrite comme un sport qui se joue à 11 millions, et il est affirmé que la classe moyenne paie à la fin. Le budget indique que le gouvernement ne parviendra pas à redresser les comptes seulement en remettant au travail des gens accusés de profiter du système, et il ne réussira pas non plus en réduisant uniquement les dépenses d’un État jugé trop lourd.
Fin des illusions sur l’effort budgétaire
En Belgique, la politique est un sport qui se joue à 11 millions, et à la fin, c’est la classe moyenne qui paie. Cette affirmation, bien que réductrice, illustre pour moi la fin d’une illusion : celle que ceux qui travaillent allaient être protégés et que « l’effort c’est les autres« , comme n’aurait pas dit Jean-Paul Sartre.
Ce budget démontre que le gouvernement ne pourra pas redresser les comptes en remettant uniquement au travail des personnes accusées de profiter du système, ni en se contentant de réduire les dépenses d’un État considéré comme obèse. L’automne a apparemment douché ces illusions que l’accord de gouvernement, dans l’euphorie de janvier, avait tenté de masquer sous le terme « effets retour » : huit milliards d’argent magique, qui n’avaient convaincu personne.
Business as usual
Retour sur Terre pour Bart De Wever et retour au « business as usual« . En effet, de l’idée de réaliser 90 % de l’effort sur les dépenses, évoquée en janvier – un véritable tournant libéral –, on revient à un traditionnel 60/40 : 60 % d’économies sur les dépenses, 40 % de nouvelles recettes. Ce ratio est comparable à celui du gouvernement Di Rupo en 2011 ou de Dehaene dans les années 1990. Un ratio assez centriste. La raison est pragmatique : pour atteindre un « effet volume » (faire entrer beaucoup d’argent), il est impossible de ne pas inclure le groupe numériquement le plus important : la classe moyenne.
L’augmentation des taxes sur la consommation, teintée de transition énergétique (l’écologie punitive ?), la non-indexation des salaires supérieurs à 4 000 euros et des allocations sociales supérieures à 2 000 euros, le doublement de la taxe sur les comptes titres, le retour au travail des malades de longue durée… La liste est longue, mais il est évident que l’effort a été largement réparti pour éviter de heurter un partenaire, qu’il soit libéral francophone ou socialiste flamand.
Tout le monde y perd dans le gouvernement, même De Wever
Politiquement, tous les partis y trouvent leur compte, c’était l’objectif de la communication d’hier. Cependant, je dirais que tous les partis y perdent, ce qui est une autre façon de voir qu’un compromis est équilibré. Vooruit assume près de deux milliards d’économies sur les malades de longue durée, mais obtient un plan financier et des augmentations de taxes sur le capital. Le MR accepte des hausses de TVA, d’accises et un gel des plus hauts salaires, mais évite un saut d’index généralisé et le symbole d’une TVA à 22 %. Les Engagés et le CD&V, restés plus discrets durant la crise, peuvent se féliciter d’un compromis somme toute centriste, mais apparaissent comme en retrait et subissent l’événement. Enfin, Bart De Wever réussit à remettre en ordre les comptes de l’État, mais sa crédibilité a été ébranlée après des offres finales pas si finales et des ultimatums pas si ultimes.
Nouveau testament de l’Arizona
Est-ce donc le nouveau testament du gouvernement ? En partie, oui, car il met fin à des malentendus et à des illusions issues de l’accord de gouvernement. Mais en même temps, il est encore illusoire de penser que le plus dur est passé. Un exemple : deux milliards sur les neuf dépendent du retour au travail de 100 000 malades de longue durée d’ici 2030. C’est une ambition élevée, d’autant plus que, dans le même temps, les chômeurs en fin de droit vont arriver sur le marché du travail et que les flexijobs et le travail étudiant sont encouragés. De plus, le mouvement social se durcit. Tout cela, souvent oublié, ne permet pas de revenir à l’équilibre, mais de stabiliser le déficit à 4,2 %. On peut donc prédire qu’il est très probable que le gouvernement traverse d’autres moments difficiles, voire encore plus compliqués. Et il est aussi très probable qu’à la fin, la classe moyenne doive encore payer davantage.

