À Louvain-la-Neuve, des jeunes distribuent de l’eau pour que la soirée se termine bien


Le briefing

Il est plus au moins 16 heures quand les étudiants et étudiantes qui participent au projet H2O arrivent à leur bureau. Parfois, les températures sont élevées, ils savent alors que leur mission sera intense. Les après-midis pluvieuses comme aujourd’hui présagent souvent des soirées plus calmes. Mais, avant de penser à ce soir, l’heure est au debriefing de la semaine dernière et aux discussions sur les manières d’approcher les jeunes aujourd’hui. Aglaé, Samuel, Théo, Louise, Laura et Alexia prennent place autour d’une table et Aglaé explique l’opération:  » Nous, on participe à H2O comme étudiants. Le projet s’axe sur trois points. Tout d’abord, la distribution active d’eau dans Louvain–la-Neuve. On a des sacs à dos avec de l’eau dedans et un petit robinet et on va vers les gens pour leur proposer de l’eau. Notre but c’est qu’ils alternent eau et alcool. Même quand ils ne boivent pas d’alcool, on leur distribue de l’eau juste pour s’hydrater. On essaie aussi de faire une limitation des déchets, qui n’est pas toujours facile. On distribue des cendriers portables, des sacs poubelles, etc. Et puis, à une certaine heure on essaie de voir comment les étudiants rentrent, s’ils prennent bien le train, … On veut être sûrs que tout le monde rentre correctement.  » Tout en découvrant les questions de l’enquête, Théo ajoute : « D’habitude, notre temps est vraiment consacré à tout ça. Mais aujourd’hui, vu la météo, on sait qu’il n’y aura pas énormément de monde. Donc, on va essayer une autre manière d’aborder les jeunes. On va continuer ce qu’on fait d’habitude,bien sûr, mais on va aussi faire une enquête sur la consommation d’alcool chez les jeunes avant et pendant la crise Covid ».

À Louvain-la-Neuve, des jeunes distribuent de l'eau pour que la soirée se termine bien
©Clémence Dascotte

Les préparations

L’heure tourne au fil des discussions, et, vers 17 heures, l’équipe descend dans la réserve afin de s’apprêter. Ici, on trouve tout le matériel nécessaire pour assurer prévention et distribution d’eau. Deux tailles de sacs sont disponibles dans les armoires, cinq litres ou quinze. Tout en préparant le matériel, Samuel indique que « les jours comme aujourd’hui, quand on sait qu’il n’y aura pas trop de monde, on prend des sacs de cinq litres pour éviter d’avoir vingt litres sur le dos « . Une fois les vestes H2O enfilées, les sacs sur le dos et les dernières indications données, l’équipe se divise afin de commencer cette nouvelle mission. « On se sépare pour couvrir plus de terrain et puis ça fait moins peur que d’arriver à sept. On se donne chacun une zone. On s’adapte au terrain, s’il n’y a pas beaucoup de gens on n’a pas vraiment de zone on tourne un peu partout « , explique Aglaé.

Faire de la prévention et créer du lien

L’équipe de Louise, Alexia et Laura se dirige vers le lac de Louvain-la-Neuve. Tout en marchant Laura explique qu’elle participe au projet H2O en tant qu’éducatrice de rue :  » Avec mon collègue Adrien on est engagé par la Chaloupe, un service d’aide aux jeunes, on participe chaque semaine aux missions d’H2O. On a une mission qui se rapproche plus d’éducateur de rue, on n’est pas là pour distribuer de l’eau ou faire de la prévention mais vraiment plus pour créer du lien avec les jeunes de semaine en semaine et créer une atmosphère bienveillante dans laquelle ils peuvent se confier. » Pour elles trois, le point fort du projet est sa co-construction : « On essaie, c’est vraiment de l’essai-erreur, il n’y a pas de techniques écrites sur papier même pour l’approche des jeunes, sur comment les inciter à ramasser leurs déchets et ainsi de suite. Ça c’est super chouette car on a beaucoup de liberté malgré que l’on ne soit « que » étudiant, on est au cœur du projet. On a des superviseurs mais au final sur le terrain c’est nous qui y sommes donc c’est à nous aussi de leur dire ce qui va ou pas, ce qu’il faut changer. »

À Louvain-la-Neuve, des jeunes distribuent de l'eau pour que la soirée se termine bien
©Clémence Dascotte

Un public-cible jeune

De l’autre côté de la ville, Théo, Aglaé et Samuel se dirigent vers un point d’eau afin de remplir leurs sacs. Ils en profitent pour déjà repérer les groupes de jeunes qui auraient éventuellement besoin ou envie d’eau. Quand on pense à Louvain-la-Neuve, ce sont les étudiants du supérieur qui viennent naturellement à l’esprit. Et pourtant, Aglaé confie que ce sont les secondaires le public-cible du projet. « Le plus souvent, on vise les secondaires mais on a aussi des supérieurs qui sont là. Ce sont ceux qui ne rentrent pas en kot le weekend. Pendant la semaine, on est plus sur des guindailles et là c’est aux organisateurs de soirées de s’occuper de ça. Ici c’est un dispositif qui vise la ville et pas la guindaille dans les salles d’animation. Nous, c’est surtout les secondaires car eux, il n’y a personne pour les encadrer. « 

Tout en parcourant les rues vers les terrains de sport afin d’hydrater les plus courageux, le groupe revient sur l’origine du projet :  » Pendant le Covid, les gens ont été enfermés pendant plus d’un an. C’était une période où on n’arrêtait pas de nous dire de sortir, de voir nos amis dans des parcs. Alors, tout le monde se retrouvait dehors et il y a eu des centaines de personnes au même endroit. Il y a eu pas mal de débordements et c’était assez compliqué le rapport d’autorité avec la police. Donc ils ont créé le projet H2O pour trouver un intermédiaire. On n’est pas la police mais on n’est pas leur pote non plus, on ne va pas aller boire des verres avec eux. On amène les infos mais sans être une autorité non plus, on est comme des grands frères. » Après avoir rencontré les plus sportifs sur le terrain Martin V, et avoir distribué eau et cendriers jetables dans les différentes rues de la cité étudiante , l’heure est à la pause.

À Louvain-la-Neuve, des jeunes distribuent de l'eau pour que la soirée se termine bien
©Clémence Dascotte
À Louvain-la-Neuve, des jeunes distribuent de l'eau pour que la soirée se termine bien
©Clémence Dascotte

Une fois la pause terminée, la nuit est tombée et les rues de Louvain-la-Neuve sont de plus en plus animées. L’équipe, qui a retrouvé toute son énergie, rejoint la Place des Sciences. Elle s’assure que tous les étudiants vont bien, distribue de l’eau et leurs apporte soutien et encadrement. Au fil des heures, les représentants du projet H2O sont de plus en plus sollicités. À minuit, l’équipe remplit ses derniers gobelets et retourne au local afin de ranger ses affaires. Huit heures après le premier, c’est un dernier briefing qui a lieu, histoire pour les étudiants de voir ce qu’ils pourraient encore améliorer avant leur prochaine mission.