Belgique

À Bruxelles, le MR proposera un gouvernement d’urgence provisoire sans secrétaire d’État.

Bruxelles est en attente de la formation d’un gouvernement stable et actif, ce qui entraîne des problèmes de plus en plus urgents pour la région. Le MR proposera la mise en place d’un « gouvernement d’urgence provisoire » lors de la dernière session du parlement bruxellois le 11 décembre prochain pour élaborer un budget 2026.

J + 543. Record battu. Bruxelles reste sans gouvernement et les problèmes pour la région deviennent de plus en plus pressants : « Pas de gouvernement stable et actif, pas de budget et pas de ligne politique pour les prochaines années. » Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, en charge depuis fin octobre de former une coalition, propose une option de dernière chance : remplacer certains ministres actuels du gouvernement en affaires courantes par d’autres, tout en ajoutant des représentants des partis ayant remporté les élections de juin 2024 : le MR et les Engagés.

Un budget à proposer au parlement

« Je propose que l’on mette en place un gouvernement dès maintenant et que ce gouvernement, de manière resserrée, soit chargé de mettre en place un budget à proposer au Parlement. » Cette proposition a en effet déjà été soumise par d’autres partis lors des négociations, mais avait été refusée par les libéraux à ce moment. « C’est vrai que j’ai toujours refusé cette solution car ce n’est pas une bonne manière de former un gouvernement. » Cependant, le président du MR considère aujourd’hui que la situation est encore plus urgente.

Un gouvernement d’urgence provisoire sans secrétaire d’État

Dans un communiqué diffusé jeudi après-midi, le MR a précisé sa volonté de mettre en place un « gouvernement d’urgence provisoire » pour la dernière session du parlement bruxellois qui aura lieu le 11 décembre prochain. Pour le Mouvement Réformateur, il s’agit de « la dernière fenêtre politique pour installer un gouvernement avant la fin de l’année. Au-delà de cette date, le risque de paralysie institutionnelle et de shutdown financier deviendrait important en 2026« .

Ce gouvernement d’urgence, limité dans le temps, serait formé uniquement de ministres, sans secrétaires d’État, afin d’assurer une exécution rapide et efficace des missions prioritaires. Selon le MR, le mandat de ce gouvernement serait d’élaborer et de faire voter un budget 2026 pour éviter un shutdown des institutions et de gérer les dossiers urgents qui ne peuvent plus attendre.

Le MR présentera cette proposition sur la base de l’article 35 de la loi spéciale de réformes institutionnelles. « La liste gouvernementale sera soumise aux greffes du Parlement bruxellois et sera ouverte à la signature de l’ensemble des parlementaires bruxellois dans un esprit de responsabilité collective indispensable« , a-t-il ajouté.

Dans l’esprit du MR, dès l’instauration de ce gouvernement, le travail politique, notamment concernant la Déclaration de Politique Régionale, et budgétaire « devra se poursuivre activement, avec l’ambition d’élargir la coalition à d’autres forces politiques. L’objectif final demeure la construction d’une majorité large et légitime dans les deux groupes linguistiques pour un gouvernement de plein exercice« . « Le MR appelle solennellement à la responsabilité de tous les groupes politiques. Nous les incitons à se positionner rapidement et à analyser cette proposition d’urgence sans a priori(…) » pour « doter Bruxelles d’un gouvernement avant qu’il ne soit trop tard« .

Georges-Louis Bouchez exprime sa volonté, à travers cette initiative, de susciter la solidarité entre les partis. « À partir du moment où vous êtes dans un gouvernement, il y a une solidarité naturelle parce que vous devez vous présenter ensemble au Parlement… Vous forcez les gens à faire des efforts parce que, quand vous êtes dans un gouvernement, vous n’avez plus le choix que d’avancer ensemble plutôt que de compter sur la bonne volonté qui manifestement, était absente.« 

Très particulier si on exclut le premier parti qui a fait plus de 100.000 voix

Cette proposition présente « l’avantage » d’exiger moins de consensus en contournant le processus traditionnel de formation et les votes de majorité nécessaires. Cependant, il est crucial de déterminer qui remplacera les ministres actuels. « Il faudra voir quels partis démocratiques ont envie de soutenir cette solution« , souligne le président du MR. « Je trouverais quand même très particulier qu’on exclue le premier parti qui a fait plus de 100.000 voix lors des dernières élections.« 

La chose la plus importante en politique, c’est la cohérence

Le jour où le record d’instance sans gouvernement est atteint, le président centriste, Yvan Verougstraete, a suggéré l’idée de former une majorité au sein du MR. « Même pour les Engagés, je ne vois pas comment vous pouvez être le partenaire du MR (au fédéral et à la Région wallonne, ndlr) et de l’autre côté, être le partenaire du principal opposant (le PS, ndlr) aux lignes politiques que nous mettons en place en Wallonie et au fédéral. »

Cohérence

« La chose la plus importante en politique, c’est la cohérence. Les gens peuvent ne pas être d’accord avec vous mais si vous êtes cohérents, ils vous reconnaîtront une certaine forme de sincérité politique et auront un certain respect. »

Cette solution permettrait de répondre « à une exigence immédiate », avance Georges-Louis Bouchez, « devant les agences de notation et les marchés financiers, dire que nous avons stabilisé la situation politique. » C’est sa proposition de la dernière chance. Reste à voir comment elle sera reçue par les potentiels partenaires de coalition.