90 milliards débloqués pour l’Ukraine : Prévot annonce un renforcement européen
Au terme d’un Conseil européen crucial, les 27 États membres se sont accordés sur un emprunt commun à hauteur de 90 milliards d’euros, 24 pays ayant décidé de participer, tandis que la Hongrie, la Slovaquie et la Tchéquie se sont montrées réticentes à soutenir financièrement l’Ukraine. Le ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot, a précisé que cet emprunt servira à soutenir l’effort de guerre de l’Ukraine et à financer sa résistance face à l’agression russe.
Au terme d’un Conseil européen décisif, les 27 États membres ont décidé d’un emprunt commun de 90 milliards d’euros. En réalité, 24 pays ont soutenu cette mesure, car la Hongrie, la Slovaquie et la Tchéquie ont exprimé leur réticence à financer l’Ukraine.
C’est donc l’option du prêt qui a été retenue, plutôt que de mobiliser les avoirs russes. C’est un choix soutenu par la Belgique depuis le début, selon Maxime Prévot (Les Engagés), ministre des Affaires étrangères. « Parce que c’est l’option la plus sûre, celle qui a déjà été régulièrement utilisée, qui ne créait pas de risque juridique, de risque budgétaire, de risque d’effondrement des places financières ou de perturbations existentielles pour Euroclear, un outil financier majeur à Bruxelles », a-t-il déclaré au micro de Thomas Gadisseux.
Pour le vice-Premier ministre, l’idée d’utiliser les avoirs russes gelés, bien que séduisante, présentait un « danger gigantesque ». « Jamais une telle opération de confiscation par un biais ou par un autre des avoirs souverains d’un État n’a pu être mise en œuvre. Même durant la Deuxième Guerre mondiale. Il y a le droit international qui empêche ça », a rapporté Maxime Prévot. La Belgique en a donc fait son fer de lance et, à force d’alerter, a réussi à s’imposer.
### À quoi servira cette enveloppe ?
Bien que l’Ukraine soit toujours en guerre, la question se pose sur l’utilisation de cette somme. « Précisément à soutenir l’effort de guerre de l’Ukraine », a noté Maxime Prévot. Cela signifie-t-il financer des armes ? « À pouvoir faire en sorte qu’elle continue de pouvoir résister à la guerre d’agression russe, puisque jusqu’à présent, il n’y a toujours pas de plan de paix qui a été conclu et scellé », a-t-il précisé.
De plus, des efforts diplomatiques sont actuellement entrepris pour aboutir à un cessez-le-feu dans les prochaines semaines. Cet argent pourra également servir à des enjeux de reconstruction de l’Ukraine. Comme les avoirs souverains russes immobilisés pourraient également participer à un futur plan de paix, ils pourraient même être utilisés pour rembourser tout ou partie de l’emprunt qui va être contracté.
### Une Belgique isolée, vraiment ?
Pour fournir cette aide indispensable à l’Ukraine, la Belgique s’est retrouvée « bien seule face aux risques et aux menaces russes, également en cas de procès, de poursuites, de condamnations », a appuyé Maxime Prévot. Pour lui, la solidarité que l’Ukraine « est évidemment en droit d’attendre de l’Union européenne », doit également bénéficier à la Belgique afin qu’elle ne se sente pas isolée. « Petit à petit, les pays se sont rendu compte que la sécurité juridique devait prévaloir », a-t-il déclaré.
Cependant, pour Marianne Dony, professeure honoraire en droit européen à l’ULB, cette image de la Belgique isolée n’est pas tout à fait exacte. L’Italie, la Bulgarie et Malte ont également cherché d’autres moyens de soutien à l’Ukraine.
De plus, la Hongrie, la Slovaquie et la Tchéquie ne souhaitaient pas participer à l’emprunt. « Pour convaincre les trois pays d’accepter cette décision à l’unanimité, on s’est dit qu’on ferait une coopération renforcée », a ajouté Marianne Dony.
Elle note un assouplissement de la part de la Hongrie, qui aurait pu s’opposer, malgré les garanties de non-participation. « Plus que la victoire de l’un ou de l’autre, on est en présence d’un véritable stratège européen », a-t-elle affirmé.
### Une victoire pour l’Ukraine, mais aussi pour l’UE
Bien que trois pays se soient abstenus, l’unanimité a été atteinte. Les États membres se sont unis pour soutenir l’Ukraine alors que l’Europe était divisée ces derniers mois. Est-ce un geste politique ? « C’était l’occasion pour l’ensemble de l’Union européenne de montrer qu’elle était encore capable de parler d’une voix commune, de peser dans la communauté internationale », a relevé Maxime Prévot. Il a reconnu que sur la question de Gaza ou sur la négociation du plan de paix potentiel pour l’Ukraine, l’UE n’a pas « joué les premiers rôles ». « Le poids de l’Union européenne s’en trouve désormais renforcé », a-t-il ajouté.
Alors que le Premier ministre Bart De Wever évoque une « victoire modeste », Maxime Prévot, lui, se dit soulagé. Après avoir « subi une campagne de délation » sur les réseaux sociaux le qualifiant de « meilleur ami de Poutine », il est satisfait de démontrer le soutien de la Belgique envers l’Ukraine. « C’est un soulagement parce que grâce à cette solution, l’Ukraine a les moyens financiers qu’elle espérait, l’Union européenne a une solution et la Belgique a pu se faire respecter », a conclu Maxime Prévot.

