137 militants de la flottille pour Gaza expulsés : « Nous n’avons pas été traités comme des humains »
La flottille Global Sumud a été interceptée alors qu’elle s’approchait des côtes de la bande de Gaza, et des centaines de militants à bord de ces bateaux ont été arrêtés par les forces israéliennes. Parmi les personnes à bord, il y avait sept Belges, dont Alexis Deswaef, vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), qui a entamé une grève de la faim.
La flottille Global Sumud a été interceptée alors qu’elle s’approchait des côtes de la bande de Gaza, où Israël mène une offensive dévastatrice en réponse à l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.
Des centaines de militants à bord de ces embarcations ont été capturés par les forces israéliennes et attendaient leur expulsion. Parmi eux, 137 militants de 13 pays ont été transportés samedi vers Istanbul, dont 36 ressortissants turcs.
« Nous avons été interceptés par un grand nombre de navires militaires », a déclaré Paolo Romano, conseiller régional de Lombardie en Italie, à l’AFP à l’aéroport d’Istanbul. « Tous les bateaux ont été pris d’assaut par des personnes lourdement armées et ramenés à terre », a ajouté le jeune homme de 29 ans. « Ils nous ont mis à genoux, face contre terre. Et si nous bougions, ils nous frappaient. Ils se moquaient de nous, nous insultaient et nous frappaient », a-t-il encore précisé. « Ils ont utilisé à la fois la violence psychologique et physique. »
Une fois en Israël, les militants ont été placés dans une prison où ils ont été retenus sans possibilité de sortir et sans accès à de l’eau en bouteille, selon ses dires.
« Horrible expérience »
« Ils ouvraient la porte pendant la nuit et nous criaient dessus avec des armes pour nous effrayer », a-t-il ajouté. « Nous avons été traités comme des animaux. »
Le journaliste italien Lorenzo D’Agostino, également à bord de la flottille, a affirmé qu’ils avaient été « kidnappés dans les eaux internationales alors qu’ils se trouvaient à 55 miles (un peu plus de 100 km) de Gaza ». « Nous avons passé deux jours infernaux en prison. Nous sommes maintenant libres grâce à la pression de l’opinion publique internationale qui soutient la Palestine », a-t-il précisé, alors que des centaines de milliers de personnes ont manifesté samedi à Rome en soutien aux Palestiniens pour réclamer la fin de la guerre à Gaza. « J’espère vraiment que cette situation prendra fin rapidement, car la manière dont nous avons été traités est barbare. »
Parmi les membres de la flottille, qui comptait environ 45 navires, se trouvaient également des politiciens et des militants, dont la militante suédoise pour le climat Greta Thunberg.
Iylia Balais, une militante malaisienne de 28 ans, a qualifié l’interception des bateaux par Israël de « pire expérience » de sa vie. « Nous avons été menottés (les mains dans le dos), nous ne pouvions pas marcher, certains d’entre nous ont été contraints de s’allonger face contre terre, puis on nous a refusé de l’eau et certains d’entre nous n’ont pas reçu de médicaments », a-t-elle déclaré.
Adalah, l’organisation de défense des droits de la minorité palestinienne en Israël, rapporte des témoignages similaires, évoquant diverses formes de mauvais traitements et d’agressions infligés par les gardiens de prison : absence de nourriture, confiscation de médicaments et manque d’accès à l’eau potable.
Examens médicaux et témoignages
Les militants ont été transportés à Istanbul à bord d’un avion spécialement affrété par Turkish Airlines.
Les proches des militants turcs attendaient leur arrivée dans le salon VIP de l’aéroport d’Istanbul, brandissant des drapeaux turcs et palestiniens tout en scandant « Israël assassin ».
À leur arrivée, les militants turcs devaient subir des examens médicaux et comparaître devant le tribunal dimanche pour témoigner, ont précisé leurs avocats. La Turquie a condamné l’interception de la flottille par Israël comme « un acte de terrorisme » et a annoncé avoir ouvert une enquête.
Dans un message publié sur X, le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan a salué les militants comme « des personnes courageuses qui ont donné voix à la conscience de l’humanité » et a affirmé qu’Ankara veillerait à ce que tous ses ressortissants soient rapatriés, sans préciser de chiffre global.
Le militant libyen Malik Qutait a déclaré qu’il n’avait pas peur et qu’il s’engageait à continuer d’essayer d’atteindre Gaza. « Je vais rassembler mon groupe, organiser l’approvisionnement en médicaments et en aide humanitaire, trouver un bateau et je vais réessayer », a-t-il ajouté.
Concernant les militants toujours en Israël, Adalah a indiqué que ses avocats avaient pu rencontrer ce vendredi 3 octobre environ 80 participants de la flottille lors d’audiences devant le tribunal chargé de réexaminer les ordres de détention.
L’association a précisé : « Environ 200 audiences ont eu lieu tard dans la nuit de jeudi et se sont poursuivies jusqu’au vendredi matin, sans aucun préavis aux avocats d’Adalah et en l’absence d’avocats de la défense pour les participants de la flottille. Les audiences se poursuivent aujourd’hui, et nos avocats se trouvent actuellement à la prison de Ktziot, où sont détenus des centaines de membres de la flottille. »
Au total, sept Belges avaient rejoint la flottille. Parmi eux, Alexis Deswaef, vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH). Il a entamé une grève de la faim. Il avait annoncé dans une vidéo enregistrée avant son arrestation qu’il agirait ainsi s’il était arrêté, et ce jusqu’à sa libération. La situation des Belges n’est pas claire pour l’instant.

