Algérie

L’opposition espagnole presse Sanchez de résoudre la crise avec l’Algérie

Alors que la crise entre Alger et Madrid, sur fond de différend sur la question du Sahara occidental, entre dans sa première année, la Commission des affaires étrangères du Sénat espagnol se réunira à la fin de ce mois de mai pour se pencher sur une motion de protestation déposée par le parti d’opposition, Partido Popular (Parti populaire [PP]).

Ce dernier critique ouvertement le gouvernement Sanchez et le tient pour responsable des pertes qu’ont subies plus de 600 entreprises en Espagne en raison du gel des échanges commerciaux avec l’Algérie.

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Selon la presse ibérique, la requête du Parti populaire indique que les entreprises dont l’activité consiste dans le commerce avec l’Algérie ont subi, entre juin et novembre 2022, des pertes qui s’élèvent à 733 millions d’euros.

Un montant qui représente un manque à gagner dû à l’arrêt des exportations vers l’Algérie et qui a largement dépassé le milliard d’euros depuis cette date. En matière de pourcentage, les exportations de ces entreprises vers notre pays ont baissé de 82 % par rapport au volume des échanges d’avant la crise.

Le parti d’opposition, Partido Popular, adresse une requête au Sénat espagnol

Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez

Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, devant le parlement.

Au cours de cette période de six mois, la valeur des exportations des entreprises espagnoles vers l’Algérie a atteint 165 millions d’euros (contre 938 millions d’euros pour la même période de 2021). En outre, les chiffres du gouvernement algérien indiquent que l’Espagne a exporté 2,16 milliards USD vers l’Algérie en 2020 (moules industriels, colorants, huile de soja, céramique et viandes rouges essentiellement). Durant la même année, l’Algérie a exporté 2,59 milliards USD vers l’Espagne (du gaz et du pétrole brut et raffiné en grande partie).

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Après cet exposé chiffré, les députés du parti d’opposition (PP) ont souligné qu’il était « inacceptable » que ces pertes se poursuivent. Dès lors, ils ont appelé le gouvernement du Premier ministre, Pedro Sanchez, à « entreprendre des efforts diplomatiques » pour tenter de persuader le gouvernement algérien de renoncer à sa position de boycott.

La requête du Parti populaire a également mentionné la réunion qui a eu lieu entre un groupe de PDG espagnoles et le ministre de l’Industrie au début de l’année (2023) pour discuter de la crise, soulignant que « si rien de positif n’en est ressorti, c’est en raison de l’absence de contacts diplomatiques avec le gouvernement algérien ».

Alger — Madrid : le dialogue de sourds

De l’autre côté, les déclarations des responsables algériens ces derniers mois dénotent leur refus catégorique de reprendre le dialogue avec le gouvernement Sanchez tant que celui-ci n’aura pas manifesté pas la volonté de revenir sur se décision de soutenir le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune

L’Algérie, par la voix du Tebboune, assure qu’elle n’a aucun problème avec le peuple espagnol.

Cependant, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albaris, a déclaré que cette décision représentait « une position souveraine de l’Espagne ». Des propos qui, selon Alger, dénotent que la décision du gouvernement espagnol d’appuyer le plan marocain est irréversible.

D’ailleurs, en avril dernier, le président Tebboune a déclaré que l’Algérie a un problème « avec Sanchez personnellement, non avec le peuple espagnol ». Il en a voulu pour preuve la poursuite de l’approvisionnement de l’Espagne en gaz.

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Du reste, Alger a repoussé les tentatives répétées de l’Union européenne de résoudre la crise avec Madrid. En mars dernier, le chef de la diplomatie européenne, l’espagnol Josep Borrell, a effectué une visite en Algérie dans le but d’inciter les responsables algériens à infléchir leur position arguant que le boycott commercial violait les engagements de l’Algérie stipulés dans l’accord d’association avec l’Union européenne (2005).

Toutefois, il se trouve qu’Alger réclame justement la révision radicale de cet accord qu’elle estime injuste et « inéquitable » pour l’économie nationale. C’est ainsi que Borrell est à Bruxelles bredouille.