« Je n’irai pas à Canossa » : origine et signification de la réponse de Tebboune qui fait grand bruit
Lors de sa récente interview télévisée, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a surpris son auditoire avec une phrase lourde de sens : « Je n’irai pas à Canossa ».
Prononcée en réponse à une question concernant sa visite en France, qui était prévue pour octobre 2024. Cette réplique a immédiatement suscité l’attention des médias français tels que TF1 et Le Figaro. Une phrase qui puise ses racines d’un événement historique d’une grande portée symbolique.
Alors que signifie réellement l’expression » Je n’irai pas à Canossa », qui est devenue célèbre dans la sphère politique actuelle, et pourquoi a-t-elle fait réagir tant de monde ?
الرئيس الجزائري عبد المجيد تبون بخصوص سؤال حول زيارته إلى فرنسا: Je n’irai pas à Canossa pic.twitter.com/3KLqZ1AvFc
— AL24news – قناة الجزائر الدولية (@AL24newschannel) October 5, 2024
« Je n’irai pas à Canossa » : l’histoire derrière les mots du président
Pour comprendre l’origine et la signification de la mystérieuse expression » je n’irai pas à Canossa », il faut remonter à l’an 1077, et plonger dans la période médiévale, où l’un des plus gros conflits de pouvoir a eu lieu entre l’Église et l’Empire.
À l’époque, Le pape Grégoire VII et l’empereur du Saint-Empire romain germanique, Henri IV. Se disputaient pour s’emparer des rênes du pouvoir en Europe. Le pape d’un côté, voulant inclure les évêques dans la Querelle des Investitures pour renforcer le pouvoir spirituel de l’Église. Et Henri VI de l’autre, visant à renforcer le pouvoir impérial et étendre son influence dans toute l’Europe.
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Le conflit atteint son paroxysme lorsque le pape Grégoire VII excommunie l’empereur Henri IV. Ainsi, il le prive du soutien de l’Église et de l’appui des nobles. Mettant en péril sa position sur le trône.
Henri VI sent alors son règne vaciller, il ne trouve autre solution que de s’excuser auprès du pape. Vêtu d’habits de pénitent, pieds nus, il se rend à Canossa, une petite forteresse en Italie où se trouvait le pape. L’hiver était rude, la neige tombait, Henri VI a attendu trois jours devant l’Église, implorant la levée de son excommunication.
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Grégoire VII fini par lui accordé son pardon. Mais la scène de l’empereur agenouillé devant le pape a marqué les esprits. Symbolisant la soumission et l’humiliation, « aller à Canossa » est depuis lors devenue un aveu de faiblesse.
Cependant, au fil du temps, l’expression a également pris une connotation de défi avec la négation. « Je n’irai pas à Canossa » est devenue synonyme de refus de s’incliner ou se plier à une quelconque autorité.
Bien que cette expression tire ses origines du Moyen Âge, elle continue de vivre dans les discours politiques actuels. De ce fait, le président algérien Abdelmadjid Tebboune, en choisissant cette formule, il rejette l’idée d’une capitulation ou de compromis forcé. Ainsi, il envoie un message clair : le refus de céder à la pression ou toute autre forme de soumission sur le plan diplomatique.