Algérie

Festival International du film documentaire : le chant kabyle honoré

Maillon fort de la culture berbère, le chant a traversé des générations pour s’instaurer en tête de gondole des traditions ancestrales. Dans l’énorme catalogue musical de la région de la Kabylie, le chant d’Achewiq se distingue.

De part les messages émouvants qu’il véhicule, l’Achewiq est un chant particulier, car il n’est chanté que par les femmes. Faisant recours au chant pour s’exprimer en laissant libre cours à leurs cordes vocales, les femmes algériennes de la Kabylie ont su créer un genre à part entière.

Pour l’édition de 2023 du Festival international du film documentaire, FIPADOC, la réalisatrice française, Elina Kastler, rend hommage à ce chant kabyle atypique. En effet, la réalisatrice d’origine algérienne participe à ce festival, à Biarritz, avec le film documentaire Achewiq – le chant des femmes courage.

Nostalgique de ces racines, Elina Kastler a indiqué, « Ma mère est kabyle, mais elle est née en France. En revanche, mes grands-parents sont nés en Kabylie et ne parlent pas français. Quand j’ai découvert ce chant, j’étais très émue, parce que cela me rappelait ma grand-mère » dit-elle dans un entretien accordé à Rfi.

Revenant sur le choix du titre de son film documentaire, Kastler a dit, « Les femmes courage, ce sont des femmes kabyles. » ajoute-t-elle. Née en 1996, la jeune réalisatrice française fait découvrir au monde entier un chant qui fait rythmer et donne le tempo au quotidien des femmes de la Kabylie.

« Les femmes chantaient dans leur quotidien. Je me suis rendue compte que ce chant fait toujours partie du quotidien. Pour la femme kabyle, chanter lui permet d’expédier ses souffrances, de les conter, de les extérioriser, d’avoir ce terrain, ce lieu de sécurité où elle peut se permettre de dire tout ce qu’elle veut, au travers du chant. » explique-t-elle.

Festival International du Film Documentaire : Achwiq, un message planétaire

Questionnér sur la relation entre le chant Achwiq et l’actualité féminine, la réalisatrice a répondu, « En Kabylie, lorsque la femme chante, elle est respectée, même si elle peut parfois dire des choses qui ne correspondent pas à la société traditionnelle. Dans le cadre du chant, on l’autorise à dire tout ce qu’elle veut. Donc, cela devient vraiment très important pour les femmes de chanter. » explique-t-elle au micro de la Radio France internationale.

Elina Kastler, réalisatrice du film Achewiq

Dans la lignée de cette explication, Elina Kastler ajoute, « Mon choix de faire un film où il n’y a que des femmes, il vient du chant lui-même, puisque le chant Achewiq est un chant exclusivement féminin, qui est réservé aux femmes. » dit-elle.