Algérie

Crise de l’immobilier en Algérie : les « semsars » menacés de disparition

Le marché immobilier en Algérie est actuellement en proie à une forte stagnation qui a impacté l’activité des intermédiaires, les poussant à réduire leurs commissions en raison d’une rareté des transactions.

Ces derniers redoutent une aggravation de la situation et la prolifération de plateformes de vente immobilière en ligne n’arrange en rien la situation. Ces circonstances pourraient entraîner la disparition d’une profession qui a duré des décennies.

Le marché immobilier algérien en proie à la stagnation

Le marché immobilier en Algérie est en crise depuis de nombreuses années. Les propriétaires de logements refusent de baisser les prix, ce qui oblige les courtiers à réduire leurs commissions. Le nombre d’intermédiaires immobiliers a ainsi considérablement diminué ces dernières années, en raison de la stagnation du marché.

A Béni Messous par exemple, les logements s’accumulent et les propriétaires cherchent à les vendre ou à les louer au plus vite. Malheureusement, malgré une offre élevée, le marché immobilier stagne depuis des années.

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Rabah Khabatou, un courtier immobilier travaillant dans les hauteurs de la capitale algérienne, explique la situation : « les prix des appartements et des villas ont augmenté de plus de 80 % malgré une baisse de la demande, le marché immobilier souffre de cette stagnation depuis des années à cause de la situation économique difficile que vivent les Algériens ». Il prévoit que cette situation va se prolonger jusqu’à la fin de l’année, ce qui affectera considérablement l’activité des courtiers.

Les courtiers immobiliers obligés de réduire leurs commissions

Le marché immobilier en Algérie est désormais confronté à une situation exceptionnelle, où malgré la stagnation et une offre plus importante que la demande, les prix restent élevés. Il est aujourd’hui difficile de trouver un appartement de deux chambres à moins de 10 millions de dinars dans les grandes villes, ce qui représente un prix inaccessible pour la plupart des algériens.

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Le manque de transactions accru oblige les courtiers à réduire leur commission à moins de 2 %, bien en dessous des 2,5 % fixés en Algérie. Cette commission correspond à un mois de loyer négociable.

Kamal Yahiaoui, courtier immobilier à Sétif, explique que le nombre de courtiers immobiliers a considérablement diminué ces dernières années en raison de la stagnation du marché immobilier. Il arrive parfois que plusieurs mois s’écoulent sans qu’une seule transaction ne soit réalisée, ce qui a des conséquences dramatiques pour les courtiers qui doivent subvenir aux besoins de leur famille.

Le courtier laissera-t-il bientôt sa place à un robot ?

Dans ce contexte de récession, le plus grand défi pour les courtiers est la prolifération de sites spécialisés dans les transactions immobilières. Les pages d’offres immobilières sur les réseaux sociaux y sont aussi pour quelque chose. Elles raccourcissent le chemin entre le propriétaire et le client, et épargnent les deux parties des frais supplémentaires tels que les commissions des courtiers et des agences immobilières.

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Selon l’expert économique Jamal Noureddine, « la plus grande menace pour la profession de courtier immobilier en Algérie, et peut-être dans les autres pays arabes, n’est pas la récession des marchés, car c’est une situation passagère, mais le monde virtuel qui offre des plateformes gratuites aux vendeurs et permet aux clients de voir la propriété en temps réel, sans intermédiaire. »

Noureddine ajoute que la profession de courtier immobilier est une profession en voie de disparition en raison du développement technologique. Ainsi, même les agences immobilières physiques sont en péril, et deviendront à l’avenir des sociétés exclusivement en ligne.

Acquérir un bien immobilier en Algérie : entre rêve et réalité

Le rêve des Algériens de mettre un toit sur leurs têtes devient de plus en plus difficile à réaliser. Les raisons sont multiples : la hausse des prix de l’immobilier et l’absence de mécanismes de financement de l’achat de logements d’une part, et la faiblesse du pouvoir d’achat en raison de l’effondrement de la valeur de la monnaie et de l’inflation qui en découle, d’une autre.

Le prix d’un appartement dans les grandes villes dépasse 11 millions de dinars, tandis que le prix moyen des maisons individuelles atteint les 25 millions de dinars (environ 200 000 dollars). Alors que le salaire minimum est d’approximativement 20 000 dinars (environ 148 dollars) par mois.

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Le gouvernement algérien a adopté l’année dernière une nouvelle taxe sur le revenu immobilier, estimée à environ 5 %, basée sur la différence entre le prix d’achat ou de construction et le prix de vente. Cette taxe s’applique aux propriétés qui ont été détenues pendant moins de 10 ans et ne touche pas les biens communs hérités des parents.

En ce qui concerne la location de biens immobiliers, le gouvernement algérien a également augmenté l’année dernière la taxe imposée sur les opérations de location à 10 % pour les maisons, tandis qu’elle varie entre 7 % et 15 % pour les bâtiments industriels et commerciaux.