Après 60 ans en Algérie, Michelin quitte le marché : un retrait aux multiples enjeux
La célèbre entreprise française Michelin, spécialisée dans la fabrication de pneus, a décidé de se retirer définitivement du marché algérien après six décennies de présence.
Cette décision marque un tournant majeur dans les relations économiques entre la France et l’Algérie et reflète les défis économiques et réglementaires que rencontrent les entreprises étrangères sur le territoire algérien.
Implantée en Algérie depuis 1963, Michelin a cessé sa production locale en 2013 après la fermeture de son usine de fabrication de pneus pour camions située à Bachdjerrah.
Cette unité, qui employait 700 personnes et produisait 250 000 pneus par an, exportait 40 % de sa production.
Toutefois, la perte de compétitivité du site a poussé Michelin à privilégier l’importation de ses produits fabriqués à l’étranger plutôt que leur fabrication locale.
Des contraintes économiques et réglementaires
Selon le média Tout sur l’Algérie, Michelin a rencontré des difficultés à obtenir les licences d’importation nécessaires pour poursuivre ses activités en Algérie.
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De plus, la politique économique du pays, axée sur le soutien à la production locale et la réduction des importations, n’était plus compatible avec le modèle économique de l’entreprise.
Depuis plusieurs années, l’Algérie met en œuvre des réformes visant à renforcer l’industrie nationale et réduire sa dépendance aux produits étrangers.
Ce changement de cap a notamment bénéficié à des entreprises locales comme Iris, qui prévoit de produire 800 000 pneus par an dès la seconde moitié de 2025 pour répondre à la demande nationale.
Une conjoncture mondiale difficile pour Michelin
Sur le plan international, Michelin traverse une période délicate. Fin 2024, l’entreprise a annoncé la fermeture de deux usines en France, entraînant la suppression de plus de 1 250 emplois.
La concurrence des fabricants chinois, conjuguée à la hausse des coûts de production et de l’énergie, a rendu la pérennité de certains sites industriels difficile.
Le retrait de Michelin du marché algérien intervient dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre Alger et Paris.
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Ces dernières années, plusieurs entreprises françaises, dont RATP Dev et Suez, ont quitté l’Algérie, tandis que Renault a mis fin à sa production locale.
En parallèle, l’Algérie diversifie ses partenariats économiques en se rapprochant d’autres pays comme l’Italie et la Corée du Sud.
Ce réalignement stratégique a eu un impact direct sur les intérêts économiques français, avec des pertes estimées à 18 milliards de dollars pour les entreprises hexagonales.
Alors que Michelin tourne la page de son aventure algérienne, l’Algérie poursuit son ambition de développer une industrie locale forte, avec l’objectif de devenir un acteur incontournable dans la production et la distribution de pneus sur le marché national et régional.