France

Mort de Brigitte Bardot : adieux au cinéma et défense des animaux

Brigitte Bardot sauve une petite chèvre vouée à la mort le 6 juin 1973 lors du tournage de Colinot trousse-chemise et déclare que ce film sera le dernier. En 1986, elle crée la Fondation Brigitte-Bardot pour défendre les animaux, déclarant qu’elle souhaite donner le meilleur d’elle-même aux animaux.


À l’approche de ses quarante ans, Brigitte Bardot en a assez d’être B.B. Sur le plateau de tournage de *Colinot trousse-chemise* réalisé par Nina Companeez dans le Périgord, l’actrice vient en aide le 6 juin 1973 à une petite chèvre condamnée à mort. Cet acte marquera un tournant pour elle.

Lors d’un dîner de fin de tournage avec l’équipe et quelques journalistes de *France Soir*, elle déclare que ce film sera son dernier. « J’arrête le cinéma, c’est fini, ce film est le dernier, j’en ai marre », annonce-t-elle. L’information est relayée mondialement par *France Soir* en un rien de temps.

Après une carrière de vingt ans et près de cinquante films, Brigitte Bardot, à 38 ans, décide de consacrer sa vie à la protection des animaux. « Il faut laisser de soi une belle image, quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent », confie-t-elle à l’écrivain Hervé Guibert dans *Le Monde* en 1981.

Brigitte Bardot ne reviendra jamais sur sa décision : « C’est très dur d’arrêter le cinéma quand on s’appelle Brigitte Bardot. Il faut une volonté farouche pour ne pas recommencer. […] Je devais apporter aux autres, aux animaux, ce que l’on m’avait offert toute ma vie », explique-t-elle au *Monde* en 2021.

Son affection pour les animaux n’est pas récente. En 1955, elle déclare à *Cinémonde* : « J’aimerais vivre à la campagne, dans une ferme, et élever des animaux sans jamais les tuer. J’en ferai le refuge de toutes les pauvres bêtes de la région. » À l’époque, personne ne prend cette jeune starlette au sérieux.

**Une pionnière dans la défense des animaux**

Le 9 janvier 1962, Brigitte Bardot inaugure la séquence « Avocat d’un soir » du magazine de l’ORTF, *Cinq colonnes à la Une*. Elle déclare : « C’est-à-dire que les petits animaux, les veaux, les moutons et les chèvres sont égorgés vivants », dénonçant ainsi la cruauté dans les abattoirs et se mettant en avant en tant que protectrice des animaux.

En montrant une vache en train d’être égorgée à l’écran, elle maîtrise son sujet : « Ça dure quelquefois trois, quatre ou cinq minutes. Et pendant ces trois, quatre ou cinq minutes, la bête est vivante et souffre. »

À l’époque, l’indifférence envers le sort des animaux est répandue. Son intervention suscite des rires. « Vous ne trouvez pas étrange que vous, Brigitte Bardot, vous vous occupiez de ces problèmes ? », questionne le présentateur Pierre Desgraupes. Elle répond : « Je trouve surtout étrange que personne d’autre ne s’en occupe. » Elle opte alors pour un régime végétarien et s’engage pour cette cause.

Suite à cette émission, elle se rend place Beauveau avec trois pistolets d’abattage indolore dans son sac Vuitton, demandant un décret pour généraliser leur utilisation. Dix ans plus tard, ces outils sont présents dans tous les abattoirs de France.

**La chasse aux phoques, son premier combat**

En mars 1977, invitée par Paul Watson, fondateur de la Sea Shepherd Conservation Society, elle se rend au Canada et met sa notoriété au service de la défense des bébés phoques tués pour leur fourrure. Ce combat, très médiatisé, atteint son apogée avec une couverture de *Paris Match* le 1er avril 1977, où elle pose sur la banquise.

Après des efforts constants auprès de Valéry Giscard d’Estaing, elle réussit en 1978 à faire interdire le commerce des produits issus de la chasse aux phoques. C’est au Canada qu’elle fait la connaissance d’Allain Bougrain-Dubourg, un fervent défenseur de la cause animale, qui sera son compagnon pendant sept ans. Il affirme qu’elle lui apporte « la capacité de la révolte publique » tandis qu’il lui transmet « un peu de cohérence dans son combat ».

**La création de la Fondation Brigitte Bardot**

En 1986, elle fonde la Fondation Brigitte-Bardot pour défendre les animaux. « J’ai donné ma jeunesse et ma beauté aux hommes. Maintenant je donne ma sagesse et mon expérience et le meilleur de moi-même aux animaux », déclare-t-elle alors. Pour ce projet, elle a besoin de rassembler 3 millions de francs, une somme qu’elle ne possède pas. En 1987, elle vend aux enchères 117 objets personnels et cinématographiques, incluant un portrait de Marie Laurencin et la robe de son premier mariage avec Roger Vadim.

La fondation participe régulièrement à des procès pour maltraitance animale, travaille à la création de sanctuaires pour animaux dans plusieurs pays, participe aux réintroductions d’espèces animales et finance de nombreux refuges.

De 1989 à 1992, Brigitte Bardot anime 12 numéros de *S.O.S Animaux* pour sensibiliser l’opinion publique aux souffrances endurées par les animaux. En 1991, elle fait don de sa propriété La Madrague à sa fondation pour en accroître le capital et obtenir la reconnaissance d’utilité publique.

Durant les années 1990, elle milite contre la consommation de viande de cheval, dénonce la torture des ours et la chasse aux tigres et rhinocéros en Chine, tout en finançant un programme de stérilisation et d’adoption massive des chiens errants de Bucarest.

**Un noble combat entaché par des propos racistes**

Le 23 décembre 2006, dans la newsletter de la fondation, Brigitte Bardot adresse une lettre à Nicolas Sarkozy pour critiquer la pratique de l’Aïd al-Adha en France, ce qui lui vaut sa cinquième condamnation en onze ans pour incitation à la haine raciale, en raison de propos sur la communauté musulmane.

Ces dernières années, Brigitte Bardot s’est particulièrement insurgée contre le commerce de la fourrure, le gavage des oies et des canards (en invitant l’actrice américaine Pamela Anderson à prendre la parole devant les députés de l’Assemblée nationale française en 2016), la chasse aux phoques au Canada, le braconnage en mer (offrant en 2014 l’asile à son ami Paul Watson), l’inscription de la tauromachie au patrimoine culturel français ou encore la chasse aux dauphins aux Iles Féroé.

De nobles combats, néanmoins, entachés par les déclarations racistes de l’ancienne star de cinéma. Ses propos inacceptables dans une lettre ouverte au préfet de La Réunion en 2019, où elle qualifie les Réunionnais de « population dégénérée », entraînent la démission de Didier Derand, délégué à la Fondation Bardot pendant vingt-cinq ans, d’origine réunionnaise. La Fondation, présidée par Brigitte Bardot, se désolidarise rapidement, affirmant que la lettre constitue une « initiative personnelle ». « Oh vous savez, à part m’occuper des animaux de façon extraordinaire, je n’ai rien d’admirable », confiait-elle à *Vogue* en 2000. On ne peut que l’admettre.