Décès de l’historien culinaire Abderrazak Feki : Adieu, Râ’zouga !
Abderrazak Féki a commencé sa carrière professionnelle au département de la Culture en tant que bibliothécaire pour enfants. Sa première contribution à la rédaction a été signée le 6 mars 1998 sous le titre de « Au rythme des saisons ».
Oui, nous disons adieu à un confrère et un ami qui nous a quittés hier après une longue maladie qui a eu raison de sa ténacité face aux épreuves. Il est parti fidèle à son image de toujours, dans la discrétion et l’humilité.
Abderrazak Féki. F E K I. Il tenait à épeler ainsi son nom, non pas par particularisme régionaliste, mais pour marquer son attachement profond à la tradition, lui qui était également engagé dans tous les combats d’avant-garde pour le progrès dans divers domaines.
Abderrazak avait débuté sa carrière professionnelle au département de la Culture en tant que bibliothécaire pour enfants. Il mettait tout son sérieux et son dévouement dans cette mission. Cela lui valut l’attachement sincère de ses élèves, qui trouvèrent en lui non seulement un encadrant bienveillant, mais aussi un animateur à l’imagination fertile qui leur faisait aimer la lecture et toutes les activités qui y étaient liées.
Un homme de goût et de culture, R’zouga a intégré notre rédaction en 1998 à l’invitation de son ami Gustor, alors animateur de la page « Vadrouille », qui signait sous ce pseudonyme une chronique consacrée à l’art culinaire. Gustor souhaitait introduire dans la tradition journalistique tunisienne un genre jusque-là peu connu ou mal pratiqué. En tant que fin gourmet, R’zouga régalait régulièrement ses amis avec les fruits de ses talents culinaires, partageant avec délectation cette passion.
Sa première contribution parut le 6 mars de cette année-là sous le titre « Au rythme des saisons », où il soulignait, en matière de cuisine, l’importance de suivre le rythme de la nature pour réaliser les meilleures recettes.
Cette collaboration hebdomadaire, qui dura une vingtaine d’années, était assumée par Abderrazak avec tout le sérieux d’un homme profondément consciencieux. Avant chaque article, il se plongeait dans la documentation sur les origines et l’évolution des produits et des recettes, et s’informait auprès des ménagères sur le pourquoi et le comment des choses.
Au fil des ans, son autorité en la matière s’affirmait, et son aura s’étendait. En 2000, notre consœur Zakia Hédigi le sollicita pour les premières matinales à la télévision nationale sur Canal 7, l’actuelle Tunis I. Il y participa durant deux saisons, préparant en direct chaque matin une recette tunisienne, qu’elle soit de la capitale ou des régions, et en soulignant sa singularité ainsi que ses effets en termes de goût et de santé.
R’zouga collabora également avec plusieurs radios privées.
Retiré après sa carrière médiatique, il se consacra à un grand projet de rédaction sur la cuisine tunisienne, son évolution et ses caractéristiques actuelles. La tâche était immense, les encouragements rares et les conditions de vie difficiles. Puis vint la maladie, qui l’a inexorablement conduit vers une retraite définitive.
Que sa famille trouve ici l’expression de notre profonde sympathie, et que l’image que R’zouga laisse derrière lui, qui lui survivra longtemps, lui apporte consolation et réconfort.

