Ukraine : Risque accru d’une nouvelle catastrophe à la centrale Tchernobyl
Un employé a observé des cadrans et écrans dans la salle de contrôle abandonnée de la centrale nucléaire de Tchernobyl, où a eu lieu l’accident en avril 1986, tandis que des travaux de réparation du Nouveau confinement de sécurité (NSC) sont toujours en cours, nécessitant possiblement encore trois à quatre ans pour remplir pleinement son rôle en matière de sécurité. En octobre 2022, une frappe russe sur une sous-station proche a coupé l’alimentation électrique du NSC, mais M. Tarakanov a déclaré que les niveaux de radiation étaient restés « stables et dans des limites normales ».
Dans une salle de contrôle abandonnée de la centrale nucléaire de Tchernobyl, située dans le nord de l’Ukraine, un employé portant un casque orange fixe un mur gris orné de cadrans, d’écrans et de jauges qui semble interminable. C’est l’endroit où, il y a près de quarante ans, le pire accident nucléaire de l’histoire a eu lieu. Depuis le début de l’invasion russe en 2022, Kiev craint qu’une nouvelle catastrophe ne soit qu’une question de temps.
En février dernier, un drone russe a heurté le Nouveau confinement de sécurité (NSC), provoquant un important trou dans cette structure. Ce dispositif moderne, conçu pour empêcher les rejets de matières radioactives dans l’atmosphère, remplace un « sarcophage » bâti en urgence pour couvrir le cœur endommagé du réacteur numéro quatre lors de l’accident d’avril 1986.
Dix mois après cette frappe, les réparations sont toujours en cours. Le directeur du site, Sergiï Tarakanov, a déclaré à l’AFP depuis Kiev qu’il pourrait encore falloir trois à quatre ans avant que le dôme extérieur ne remplisse pleinement son rôle de sécurité. Il a précisé que, pour l’heure, ce dernier « n’assure pas sa fonction de retenir les substances radioactives à l’intérieur ». Cette déclaration reflète également les inquiétudes de l’Agence internationale de l’énergie atomique. L’avenir de ce bouclier soulève des inquiétudes quant à sa durabilité, étant donné qu’il a été conçu pour durer un siècle.
Le cratère laissé par le drone, que des journalistes de l’AFP ont observé cet été, a été couvert par un écran de protection, mais 300 petits trous, créés par les pompiers lors d’un incendie qui s’est déclaré, doivent encore être réparés. Des échafaudages encombrent l’intérieur de cette immense structure, qui a coûté plusieurs milliards de dollars, atteignant une hauteur de cent mètres. Des débris carbonisés du NSC demeurent visibles sur le sol, comme l’ont rapporté des journalistes de l’AFP lors d’une visite en décembre.
Dès le début de l’invasion en février 2022, l’armée russe a pris le contrôle de Tchernobyl, avant de quitter les lieux quelques semaines plus tard. L’Ukraine accuse régulièrement la Russie de cibler ses installations nucléaires, soulignant que les bombardements russes pourraient provoquer un nouveau drame.
Les autorités ukrainiennes ont progressivement diminué la puissance de leurs centrales nucléaires à la suite des attaques russes sur leur réseau énergétique. En octobre, une frappe russe près de Tchernobyl a endommagé une sous-station, coupant l’alimentation électrique du NSC. Cependant, M. Tarakanov a rassuré l’AFP sur le fait que les niveaux de radiation étaient restés « stables et dans des limites normales ». Dans une salle de contrôle moderne, l’ingénieur Ivan Tykhonenko suit 19 capteurs et unités de détection, veillant en permanence sur l’état du site.
Il a expliqué que certaines des 190 tonnes d’uranium présentes dans la centrale en 1986 « ont fondu, ont coulé dans le réacteur, la salle du sous-réacteur et restent présentes ». Les inquiétudes autour du sort de Tchernobyl – et des conséquences potentielles – demeurent importantes. Une nouvelle attaque russe ou même un bombardement à proximité pourrait entraîner l’effondrement de l’intérieur de la structure antiradiations, a averti M. Tarakanov.
« S’il y a une frappe directe sur le site, ou même à proximité, cela provoquerait un mini-séisme dans la région », a-t-il déclaré. « Personne ne peut garantir que la structure de protection restera intacte après cela. C’est la principale menace », a-t-il mis en garde.

