La Pologne adopte la loi sur la transparence salariale, la Belgique ne tarde pas.

Au pied des tours du quartier d’affaires de Varsovie, la nouvelle loi sur la transparence des salaires a été adoptée par les Etats membres en mai 2023. Selon Eurostat, en 2023, les femmes gagnent en moyenne 12% de moins que les hommes dans l’Union européenne.

Au pied des tours du quartier d’affaires de Varsovie, la nouvelle loi sur la transparence des salaires enthousiasme Katarzyna. Cette jeune femme souhaite en tirer parti pour orienter ses choix de carrière.

« Si j’ai déjà atteint le salaire le plus haut auquel je peux prétendre dans mon entreprise, et saurai que ce ne sera pas la peine de négocier un salaire plus élevé. Et je pourrai décider si je veux continuer de travailler ici ou si je me mets à chercher un autre travail plus avantageux », s’enthousiasme la jeune femme.

Cela aidera probablement les femmes à pouvoir négocier leur salaire.

Connaître le salaire de ses collègues les mieux et les moins bien payés à poste identique. La mesure européenne a été pensée pour tenter de réduire les inégalités salariales entre les hommes et les femmes, un objectif auquel croit Magdalena, employée dans l’innovation numérique.

« Certaines femmes sont naturellement moins dans un esprit de compétition, donc ça les aidera probablement les femmes à pouvoir négocier leur salaire avec de vrais arguments chiffrés », explique-t-elle.

La loi va obliger les employeurs comme Kuba, à la tête d’une plateforme de réservation de billets de train, à publier un rapport annuel de l’écart salarial dans l’entreprise. Et s’il est supérieur à 5%, Kuba aura 6 mois pour le rectifier.

« Si on veut de bons employés, il faut les traiter de façon fair-play. Et même si certaines entreprises vont devoir s’adapter pour être conformes à cette loi, ça ne demande pas des changements révolutionnaires », argumente l’entrepreneur.

### Une directive européenne

Cette mesure est la transposition d’une directive européenne adoptée par les États membres en mai 2023.

Cette directive européenne prévoit aussi que les employeurs ne pourront pas interroger les candidats sur l’historique de leurs rémunérations. Elle comprend également des dispositions sur l’indemnisation des victimes de discrimination en matière de rémunération et des sanctions pour les employeurs qui enfreindraient la loi.

Selon la Commission européenne, le manque de transparence des rémunérations « est l’un des principaux obstacles à l’élimination de l’écart des rémunérations entre les hommes et les femmes ».

Dans un rapport publié en 2023, Eurostat indique que les femmes gagnent en moyenne 12% de moins que les hommes dans l’Union européenne.

En 2023, l’écart de rémunération le plus élevé entre les hommes et les femmes dans l’UE a été enregistré en Lettonie (19,0%) et le plus faible au Luxembourg (-0,9%).

### La Belgique a jusqu’au 7 juin

En Belgique, les autorités ont jusqu’au 7 juin pour transposer la directive européenne dans le droit belge.

Pour l’Institut pour l’égalité des femmes et hommes, cette transposition est un outil précieux pour lutter contre l’écart salarial. « C’est un outil vraiment intéressant. Le fait que vous ne sachiez pas dans quelle fourchette de salaire se situent des personnes qui effectuent un travail de valeur égale fait que vous ne pouvez pas éventuellement repérer une discrimination salariale. Cela va permettre de la rendre visible. », explique Véronique De Baets.

« Cette transparence va aussi avoir lieu dès le départ au niveau du recrutement. Ce qui va permettre d’avoir des carrières plus équitables », conclut la porte-parole.

En Belgique, l’écart salarial entre hommes et femmes est l’un des plus faibles d’Europe. Selon le Statbel, le site du Service public fédéral (SPF) Économie, « l’écart salarial entre les sexes harmonisé au niveau européen, c’est-à-dire la différence de salaire horaire entre les femmes et les hommes, s’élevait en Belgique à 0,7% en 2023. Cela signifie que les femmes gagnaient en moyenne 0,7% de moins par heure travaillée que leurs collègues masculins. »

Par rapport à dix ans plus tôt, l’écart salarial entre les sexes a baissé de 6,8 points de pourcentage en Belgique.