Test du SwitchBot AI Art Frame : le numérique photo n’est pas mort.
Le SwitchBot AI Art Frame utilise la technologie E-Ink Spectra 6, capable d’afficher 6 couleurs primaires et offre une autonomie annoncée de jusqu’à 2 ans. Les tarifs du SwitchBot AI Art Frame sont de 150 € pour le modèle 7,3″, 350 € pour le modèle 13,3″ et 1500 € pour le modèle 32″.

Sur le plan technologique, cela paraît assez unique. La technologie Spectra 6 représente le summum de l’encre électronique, pouvant afficher six couleurs primaires pour mélanger les autres teintes. C’est prometteur. De plus, on nous annonce deux ans d’autonomie. Serait-ce le renouveau des cadres photos numériques ?
Fiche technique
| Caractéristiques | SwitchBot AI Art Frame (13,3″) |
| Technologie | E-Ink Spectra 6 (Papier électronique couleur) |
| Définition | 1600 x 1200 pixels (150 ppp) |
| Dimensions | 299 x 234 x 24 mm |
| Poids | ~1 kg |
| Batterie | 2000 mAh (Recharge USB-C) |
| Autonomie annoncée | Jusqu’à 2 ans (si très peu de changements) |
| Connectivité | Wi-Fi 2,4 GHz, Bluetooth LE |
| Stockage | 10 images max en local |
| Prix | 1499,99 € (30,5″), 349,99 € (13,3″), 149,99 € (7,3″) |
Design et performances
Le premier contact est surprenant, dans le bon sens. En sortant le cadre de la boîte, on a l’impression d’avoir entre les mains un véritable cadre photo. Les matériaux sont de qualité, le plastique imitant le bois mat est convaincant, et surtout, c’est léger. Nous sommes loin des « cadres numériques » des années 2000, ces dispositifs encombrants avec un câble d’alimentation pendouillant.
L’installation est extrêmement simple. Avec un poids d’un kilogramme, il n’est pas nécessaire d’utiliser une perceuse. Les adhésifs fournis ou un simple clou font l’affaire. SwitchBot a même astucieusement conçu le cœur du système pour être compatible avec les cadres standards d’IKEA. Vous n’aimez pas le cadre noir fourni ? Achetez un cadre en bouleau à 5 euros chez IKEA, cela s’adapte. Le modèle compatible est le RÖDALM d’IKEA. Pour le modèle de 13,3 pouces : cela correspond généralement au format 21 x 30 cm (proche du A4).

En ce qui concerne l’écran, l’E-Ink Spectra 6 est impressionnant… sous certaines conditions. Lorsque vous affichez une peinture à l’huile, comme La Jeune Fille à la Perle de Vermeer, cela en devient trompeur. On observe ce grain, cette texture mate qui absorbe la lumière ambiante au lieu de la renvoyer. C’est relaxant, organique. On a envie de toucher pour vérifier que ce n’est pas du papier.

Cependant, attention, la désillusion peut arriver rapidement si vous vous écartez des sentiers battus. J’ai tenté d’afficher des photos de vacances prises avec un smartphone. Le rendu ? C’est sympathique, mais trop terne. Les couleurs manquent cruellement de vivacité, et le contraste est faible. Si votre photo n’est pas déjà fortement contrastée et saturée, l’écran la présentera de manière « triste ». Ne comptez pas sur la fidélité colorimétrique d’un iPad Pro. Il s’agit ici d’une interprétation artistique, pas d’une réplique fidèle.

De plus, il est crucial de comprendre que cet écran n’émet aucune lumière. Zéro. Cela signifie qu’en soirée, lorsque vous tamisez les lumières pour regarder un film, votre cadre à 350 euros devient un rectangle noir presque invisible. Il fonctionne en fonction de la lumière ambiante. C’est poétique, certes, mais cela diminue considérablement son intérêt si vous vivez dans une pièce sombre ou travaillez tard.

Le renouvellement de l’image est en soi une expérience. Vous changez d’image via l’application, et là, le cadre entre en transe. Il clignote, passe par des phases de couleurs psychédéliques et scintille pendant près de 20 secondes.
C’est la nature de la technologie (les particules doivent bouger physiquement), mais cela prend du temps. Très lent. Oubliez l’idée de l’utiliser comme horloge ou pour afficher des notifications en temps réel. Il est conçu pour un changement quotidien, pas toutes les minutes.

L’autonomie est le véritable point fort qui aide à relativiser plusieurs aspects. SwitchBot annonce deux ans d’autonomie sans intervention. Dans la réalité, en changeant d’image quotidiennement, vous pouvez compter plusieurs mois sans souci. Accrocher un écran au mur sans se soucier de la proximité d’une prise électrique représente une grande liberté en matière de décoration.

En termes de performances, il est difficile de parler de « puissance ». Il s’agit d’un microcontrôleur (probablement un ESP32) qui affiche des images. Il ne chauffe pas et ne fait pas de bruit. En revanche, la limitation à 10 images en mémoire est incompréhensible. Dès que vous souhaitez changer la sélection au-delà de cette petite quantité, il faut repasser par l’application et effectuer un transfert (lent). C’est une contrainte superflue.
Un point qui déçoit les utilisateurs passionnés de technologie (dont je fais partie) : l’écosystème. SwitchBot a la réputation de sa flexibilité, notamment via ses Hubs. Ici ? Rien. Pas de compatibilité avec Home Assistant à l’heure actuelle. Vous ne pourrez pas automatiser l’affichage de la pochette de l’album en cours sur Spotify, ni afficher automatiquement la météo locale. C’est un système fermé, ce qui est frustrant pour un produit « tech ».

Enfin, en ce qui concerne la taille, le modèle de 13,3 pouces (format A4 grosso modo) constitue un bon compromis, mais à 350 euros, cela reste coûteux. Le modèle de 7,3 pouces donnerait vraiment l’impression d’être un « cadre photo de grand-mère », trop petit pour être immersif. Quant au modèle de 32 pouces à 1500 euros… il est manifestement destiné à ceux qui possèdent déjà tout chez Apple et qui s’ennuient. Le rapport taille/prix est difficile à justifier par rapport à un téléviseur The Frame de Samsung, même si les technologies ne sont pas comparables.
Applications et IA
L’application SwitchBot est un peu désordonnée. Vous avez un aspirateur robot, un thermomètre, et au milieu, ce cadre « artistique ». L’interface est fonctionnelle mais manque de raffinement. On peut ajuster le recadrage, la luminosité et le contraste (indispensable pour compenser la fadeur de l’écran), mais cela reste utilitaire.


SwitchBot s’appuie beaucoup sur l’IA pour commercialiser ce produit. Ils utilisent un modèle (probablement Gemini, alias Nano Banana) pour générer des images ou « remixer » vos photos. « Transformez votre selfie en Van Gogh », nous dit-on. En pratique ? C’est un gadget divertissant pendant cinq minutes. Les résultats varient entre « sympathique de loin » et « cauchemar anatomique ». Les erreurs sont fréquentes, et nous sommes loin des exemples affichés dans l’application. Il est également utile de savoir que vous pouvez générer plusieurs dizaines d’images par jour gratuitement sur Gemini.
Le véritable problème réside dans le modèle économique. Après une période d’essai, on vous suggère de passer à l’abonnement. Environ 5 euros par mois pour avoir le droit de générer davantage d’images ? Pardon ? On achète un matériel à 350 euros et il faut encore payer pour obtenir des fonds d’écran aléatoires ? C’est un grand non.


Heureusement, vous pouvez ignorer cette partie « IA » et simplement télécharger vos propres fichiers. Cependant, l’application ne facilite pas la recherche d’œuvres d’art classiques optimisées. Nous aurions aimé bénéficier d’une bibliothèque d’images de haute qualité gratuite, fournie avec le cadre, plutôt que d’être orientés vers un générateur d’images moyen.
Le logiciel n’est pas à la hauteur du matériel. Le hardware est de qualité (aluminium, E-Ink), tandis que le software fait « jouet ». Nous souhaitons de l’art, mais on nous propose de la génération procédurale et un abonnement. Dommage.
Prix et disponibilité
Le SwitchBot AI Art Frame est disponible dès à présent. Les prix sont clairs : 150 € pour le petit modèle de 7,3″, 350 € pour le 13,3″ (notre version de test), et un prix exorbitant de 1500 € pour le 32″.
Est-ce que cela en vaut la peine ? Pour le modèle de 13 pouces, c’est cher pour un pixel passif. Le coût élevé de la dalle Spectra 6, onéreuse à produire, justifie ce prix. Il est probable que le tarif diminue, mais pour l’instant, c’est un produit de luxe pour les early adopters souhaitant impressionner leur entourage (au sens propre).
Alternatives
Pour afficher de l’art numérique, le Netgear Meural demeure une référence incontournable. Son écran est un LCD mat rétroéclairé, offrant une visibilité de nuit excellente, avec une colorimétrie bien supérieure. En revanche, il nécessite un câblage, et il n’est aujourd’hui disponible qu’en occasion.
Pour une option plus « clé en main », il y a Aura Ink. C’est son concurrent le plus sérieux, avec la même taille d’écran de 13,3″ et la même technologie Spectra 6 (couleur), mais dans un design beaucoup plus élégant (ultra-fin, 1,5 cm). Le bémol ? L’autonomie est bien inférieure à celle du SwitchBot : trois mois au maximum contre deux ans ici. Et son prix est légèrement plus élevé (environ 400 €).

Si vous souhaitez simplement que votre téléviseur ne ressemble pas à un trou noir, le Samsung The Frame est imbattable. C’est un véritable téléviseur 4K, qui en mode veille affiche de l’art. Bien qu’il consomme plus d’électricité et ne soit pas destiné au même usage, pour le prix du SwitchBot 32″, vous pouvez obtenir un téléviseur de 65″ complet.

