Driss Lachguar : Tragédies de Fès et Safi ont des conséquences politiques.
Driss Lachguar, Premier secrétaire de l’USFP, a accordé, vendredi, un entretien au site d’information «Achkaynpress» sur plusieurs questions politiques et sociales. Il a affirmé que «la politique n’est ni un exercice de communication, ni une suite de postures opportunistes» et que l’enjeu est de «bâtir une politique sportive globale, cohérente et durable».
Le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, a accordé, vendredi, un entretien au site d’information « Achkaynpress ». Cet échange s’est déroulé dans un climat franc et direct, loin des discours convenus, et a porté sur plusieurs questions politiques, sociales et institutionnelles d’actualité.
« Aujourd’hui, à l’USFP, les responsabilités se gagnent par le travail, et non par les réseaux ou les arrangements de coulisses. » Dans un paysage politique souvent marqué par l’esquive et la langue de bois, l’entretien du leader ittihadi se distingue par sa franchise et par la cohérence d’un discours qui revendique l’expérience, la mémoire et la responsabilité comme fondements de l’action publique. « La politique n’est ni un exercice de communication, ni une suite de postures opportunistes », affirme-t-il, ajoutant qu’elle demeure avant tout « un engagement exigeant, fondé sur la lucidité, le courage et la fidélité aux principes ».
Dès les premières minutes, Driss Lachguar installe le ton en rendant hommage au professionnalisme de « Achkaynpress » et à la nature du débat proposé. Il salue « une démarche journalistique qui ose poser les vraies questions, sans complaisance et sans calcul ». Cette reconnaissance traduit une conception exigeante du débat public, où la confrontation des idées devient un levier de clarification démocratique et non un simple spectacle.
Interrogé sur l’actualité nationale et les émotions contradictoires qui traversent l’opinion publique actuellement, Driss Lachguar s’arrête longuement sur la victoire de l’équipe nationale marocaine lors de la Coupe arabe. Un succès qu’il accueille « avec fierté et émotion », tout en appelant à une lecture responsable et lucide. Selon lui, « cette victoire, aussi éclatante soit-elle, ne doit pas masquer les fragilités structurelles du secteur sportif national ».
Il évoque, avec une pointe de nostalgie, les grandes heures de l’athlétisme marocain, les exploits en boxe et les ambitions déçues dans d’autres disciplines, soulignant que « le Maroc ne peut se contenter d’exploits ponctuels ». Pour Driss Lachguar, l’enjeu est clair : « Il faut bâtir une politique sportive globale, cohérente et durable ». Il insiste sur le rôle déterminant de la Vision Royale, notamment à travers la stratégie des académies de football et des infrastructures modernes qui portent aujourd’hui leurs fruits. « Lorsque la volonté politique s’appuie sur une planification rigoureuse et des moyens adéquats, les résultats suivent », indique-t-il. Cependant, il avertit contre toute tentation d’autosatisfaction, appelant à généraliser cette approche à l’ensemble des disciplines sportives afin que le succès ne soit pas l’exception, mais la règle.
« Le Maroc n’a pas à justifier son identité. Elle est plurielle, riche et assumée, comme le consacre la Constitution », déclare-t-il en abordant le débat identitaire suscité par la participation du Maroc à la Coupe arabe. Driss Lachguar affirme que la question est tranchée depuis longtemps par l’histoire, la Constitution et la conscience collective. Il précise que le Maroc assume pleinement « son identité plurielle, dans toutes ses composantes arabe, amazighe, africaine et méditerranéenne », rejetant les polémiques stériles, et ajoutant que « ce qui importe réellement, c’est la place du Maroc dans le monde, la qualité de l’image projetée et les opportunités offertes à la jeunesse ».
L’entretien prend une tournure plus grave lorsque le Premier secrétaire évoque les tragédies qui ont récemment endeuillé plusieurs villes marocaines, notamment Fès et Safi. Des drames qu’il qualifie de « responsabilités humaines et institutionnelles ». Driss Lachguar refuse toute fatalité et toute tentative de se réfugier derrière le discours du destin : « Ce qui s’est produit aurait pu être évité si la loi avait été appliquée avec rigueur et si les mécanismes de contrôle avaient joué leur rôle ».
« La victoire de l’EN à la Coupe arabe nous rend fiers, mais elle ne doit pas masquer les fragilités structurelles du sport national », estime-t-il. Dans une analyse précise, il pointe la responsabilité partagée des autorités gouvernementales, des administrations territoriales, des agences urbaines et de l’ensemble de la chaîne décisionnelle. Il souligne l’importance d’« identifier clairement les responsabilités à travers des enquêtes sérieuses et transparentes », rappelant que, dans les démocraties matures, ce type de drame entraîne des conséquences politiques et administratives immédiates.
Concernant les inondations de Safi, Driss Lachguar adopte une perspective historique et structurelle. Il met en évidence que certaines zones sont connues depuis des décennies pour leur vulnérabilité et que des études existent, identifiant clairement les risques et les solutions nécessaires. Il déplore « l’absence de planification à long terme et de priorisation budgétaire », ajoutant que « le coût de la prévention est toujours inférieur à celui des catastrophes humaines et matérielles ».
Interrogé sur l’absence de communication officielle de l’USFP après ces événements, Driss Lachguar répond avec sincérité. Il rejette « les gesticulations médiatiques et les réactions opportunistes », estimant que « la responsabilité politique ne consiste pas à publier des communiqués à chaud, mais à proposer des solutions sérieuses et durables ». Il explique que le parti avait envisagé d’organiser une rencontre de réflexion à Safi, mais que le Message Royal est venu recentrer l’action collective autour d’une initiative nationale nécessitant « respect, retenue et sens de la hiérarchie institutionnelle ».
C’est dans le même esprit de responsabilité que Driss Lachguar aborde sa reconduction à la tête de l’USFP pour un quatrième mandat. Une situation inédite dans l’histoire du parti, qu’il assume « sans triomphalisme ni faux-semblants ». Il rappelle que cette décision « n’est ni personnelle ni imposée », mais résulte d’« un choix collectif mûrement réfléchi, dans un contexte particulier marqué par de grands défis électoraux et organisationnels ».
Revenant sur le long processus de reconstruction du parti, il évoque avec émotion les années difficiles, marquées par les divisions, les départs et les crises internes. « L’USFP a frôlé l’effondrement », reconnait-il, avant de se relever progressivement grâce à la persévérance de ses militantes et militants. Il souligne que le parti est aujourd’hui « la seule force d’opposition disposant de deux groupes parlementaires », un acquis politique majeur témoignant du renouveau organisationnel et de la crédibilité retrouvée.
« L’aménagement du territoire ne peut plus être pensé dans l’urgence ou l’improvisation », prévient-il. Le leader ittihadi insiste sur la refondation interne du parti, mettant en avant la tenue d’un nombre inédit de congrès régionaux et provinciaux avant le congrès national. Une démarche qu’il qualifie de « révolution organisationnelle », visant à mettre fin aux pratiques de rente et à instaurer « une culture du mérite, de l’effort et de la compétence ». « Aujourd’hui, à l’USFP, les responsabilités se gagnent par le travail, et non par les réseaux ou les arrangements de coulisses », déclare-t-il.
Sur le renouvellement générationnel, Driss Lachguar se montre optimiste. Il souligne que l’USFP est « le seul parti marocain à fixer l’âge de la jeunesse partisane à moins de trente ans » et à permettre à de jeunes militantes et militants d’accéder à des responsabilités nationales majeures. « Mon ambition est de voir un jour un jeune trentenaire accéder au poste de Premier secrétaire », confie-t-il, « incarnant ainsi la continuité et le renouveau ».
L’entretien aborde également l’unité retrouvée du parti. Driss Lachguar rejette catégoriquement les accusations de purge ou d’exclusion, affirmant que le congrès s’est déroulé « dans un climat d’apaisement et de maturité politique inédit », où les divergences se sont exprimées « dans le respect des instances et des règles démocratiques ». Il assure que plusieurs figures critiques ont participé activement aux travaux du congrès et continuent de jouer un rôle au sein des structures du parti.
Sur le plan national et international, Driss Lachguar développe une vision claire et assumée de la diplomatie partisane de l’USFP, en parfaite cohérence avec la diplomatie Royale. Il rappelle l’engagement constant du parti en faveur de la cause nationale et son action soutenue auprès des forces progressistes internationales pour faire reconnaître la légitimité du plan d’autonomie comme « la seule solution réaliste et durable » à ce conflit artificiel.
Il explique que cette position est « ni improvisée, ni conjoncturelle », mais le fruit d’« un travail patient et rigoureux » mené dans les forums internationaux, les réseaux socialistes et les alliances progressistes. Il insiste sur la nécessité « d’une lecture géopolitique réaliste, débarrassée des slogans idéologiques dépassés », soutenant que la défense de l’intégrité territoriale du Royaume exige « intelligence stratégique, constance et sens des équilibres internationaux ».
Concernant le plan d’autonomie, Driss Lachguar précise qu’il constitue non seulement une solution politique, mais aussi « une opportunité historique pour corriger les erreurs du passé, renforcer la démocratie territoriale et consolider l’unité nationale ». Il indique que le Maroc, « fort de ses institutions et de sa stabilité, n’a rien à craindre d’un modèle avancé de gouvernance territoriale », dès lors qu’il s’inscrit « dans un cadre constitutionnel clair et souverain ».
Tout au long de cet entretien, Driss Lachguar démontre qu’il est un responsable politique conscient des défis actuels, mais profondément confiant dans les capacités du Maroc et de l’USFP à y répondre. Son discours mêle expérience, lucidité et espoir, esquissant un projet politique fondé sur la responsabilité, la justice sociale et la fidélité aux constantes nationales.
Cet entretien ne se limite pas à une réflexion personnelle ou partisane. Il constitue un document politique de premier plan, éclairant les choix stratégiques de l’Union socialiste des forces populaires et réaffirmant sa vocation historique : celle d’un parti de lutte, de proposition et d’avenir, au service du Maroc et des Marocains.
Adam Ali

