Belgique

Deedee Mac Cole, la maquilleuse bruxelloise des grandes stars de mode.

Diane a commencé sa rébellion il y a bientôt 15 ans, après ses études de relations publiques, où elle a réalisé un mémoire sur la disponibilité des produits de maquillage pour les peaux noires et métisses. Deedee gère son salon « Tamiim » à partir de 2018, qui accueille une clientèle venant se faire maquiller pour des événements ou apprendre à se maquiller.


La rébellion de Diane a débuté il y a près de 15 ans, après ses études en relations publiques, durant lesquelles elle a réalisé un mémoire sur l’accessibilité des produits de maquillage pour les peaux noires et métisses. Elle a ensuite suivi une formation privée en maquillage, ce qui a immédiatement suscité chez elle un véritable coup de foudre pour cette profession. Deedee a été d’abord engagée chez MAC Cosmetics.

« Je me suis retrouvée dans une industrie qui, je l’ai vite compris, était limitée pour les personnes non-blanches. Je voyais que les personnes qui me ressemblaient étaient mal reçues, mal conseillées », raconte Deedee. « J’étais avec une manager qui avait osé me dire que quand je voyais des personnes noires du type Matonge qui s’approchaient, je devais un petit peu faire attention, rester près d’elles pour éviter qu’elles volent », s’insurge la Bruxelloise.

Cette expérience a été un déclic pour Deedee, qui a décidé de changer les choses en ouvrant un salon de maquillage inclusif. « Je voulais un endroit où j’accueillerais les femmes qui me ressemblent et toutes les femmes de la même manière, avec la même bienveillance, avec le même professionnalisme », explique la Belge d’origines rwandaise et mauricienne.

Depuis 2018, Deedee dirige son salon « Tamiim » comme un espace de beauté, où sa clientèle vient se faire maquiller pour des événements ou pour suivre des cours privés ou en groupe.

La pandémie de Covid a cependant mis à mal l’activité de Deedee : son entreprise n’étant pas essentielle, l’absence de mariages et d’autres grands événements a entraîné une rarefaction de sa clientèle. Elle a donc pris la décision de diversifier ses activités et a commencé à collaborer sur des séances photo avec des artistes, d’abord en Belgique puis à Paris. Un soir du Nouvel An, elle reçoit un appel de la chanteuse Yseult lui proposant de travailler avec elle. « Je l’ai accompagnée lors de plusieurs défilés, lorsqu’elle était invitée en tant que guest », raconte Deedee. « C’est là que j’ai découvert le monde de la mode, je voyais les équipes de makeup artists travailler et courir partout. Ça m’a intéressée pour la première fois », se souvient la Bruxelloise.

Au fil du temps, Deedee a décroché plusieurs contrats, réalisant l’un de ses rêves en intégrant l’équipe de la célèbre makeup artist Pat McGrath, qui est notamment la maquilleuse officielle pour Louis Vuitton. « C’est une légende vivante du maquillage, par sa créativité et la façon dont elle gère son business. Elle fait partie des personnes qui m’inspirent le plus avec Charlotte Tilbury et Lisa Heldrige », déclare-t-elle.

« Pour une fois, je n’étais pas de trop », ajoute-t-elle.

Bien que travailler dans le monde de la mode n’ait pas été son rêve initial, Deedee y a trouvé sa place et un cadre pour exprimer sa créativité et sa personnalité. « Découvrir ce monde-là, à ce moment-là, ça m’a vraiment scotchée. J’avais l’impression d’être moins folle qu’avant. J’ai souvent entendu : ‘Tu vois trop grand, tu racontes n’importe quoi, tu en fais des caisses’. Et donc là, j’avais l’impression d’être entourée que de personnes comme ça et ça m’a fait énormément de bien de, pour une fois, ne pas être de trop », confie Deedee.

Depuis, son quotidien consiste à « courir, courir, courir » entre les fashion weeks et les projets de son équipe. Une vie à grande vitesse qui lui convient bien en tant que perfectionniste toujours en quête de « plus ». Elle garde en tête comme moteur de sa carrière le souhait de faire évoluer les mentalités, à sa manière. « Ce dont je rêve, ce n’est pas de maquiller une personnalité en particulier. C’est de travailler uniquement avec des personnes qui partagent mes valeurs, qui travaillent vraiment sur les valeurs d’inclusivité », conclut Deedee.