Marc Alexandre Oho Bambe : « Le Sud global et les attentes des jeunes »

La Gen Z est dehors, au sud, au nord, à l’ouest, à l’est d’Eden qui n’existe pas. Marc Alexandre Oho Bambe est écrivain, poète et slameur camerounais, connu aussi sous le nom de Capitaine Alexandre.

La Génération Z est dans la rue.

À travers le monde, elle aspire à des sociétés plus justes, ou du moins, moins injustes. Elle espère des changements : améliorer les conditions de vie, mettre un terme à la précarité et aux inégalités, abolir les dictatures meurtrières et les pensées uniques, éradiquer la faim dans les milieux défavorisés, mettre fin aux coupures de courant et retrouver la lumière, tant au sens propre qu’au figuré.

Face aux puissants qui les exploitent, les peuples sont des créateurs ignorants de leur potentiel.

Jusqu’au jour du réveil, inéluctable.

Peu importe le temps que cela prendra — des semaines, des mois, des années, des décennies, voire une éternité — un peuple finit toujours par émerger de son sommeil.

Et l’espoir revient, tenace et indéfectible, un espoir intérieur contre lequel aucun pouvoir n’a pu, ne peut, ni ne pourra jamais rien.

L’espoir ou l’espérance, mère de la résistance.

On résiste toujours parce qu’on espère quelque chose, faire bouger les lignes, renverser la table, quitter les territoires de servitude, bouleverser le désordre du monde. On résiste parce qu’on a faim, faim aussi de nourritures spirituelles, de liberté, de dignité, et d’une justice à l’écoute. Aux portes de la beauté.

Et peu importe si les révolutions ou les révoltes parviennent à renverser ou non les régimes décriés, ce qui perdure et ne se fane jamais, c’est l’espoir stimulé, l’espérance enracinée quelque part. Dans les âmes et les cœurs des individus, l’âme et le cœur des peuples. Créateurs éveillés, gardiens de l’intérêt général.

La Génération Z est dans la rue, au sud, au nord, à l’ouest, à l’est d’un Eden qui n’existe pas.

Il n’y a de paradis nulle part, mais il y a un nouveau paradigme ; désormais, il faudra compter avec elle, soutenir ses efforts et lui souhaiter de réussir là où les générations précédentes ont échoué dans certaines luttes collectives.

La Génération Z est dans la rue, une vigie vigilante qui veille sur ses dirigeants, qui secoue et ébranle leurs certitudes bâties au détriment de peuples épuisés, qui ne supportent plus le marasme politique, économique et social, qui ne peuvent plus souffrir dans le silence, qui ne peuvent plus se contenter de survivre, car survivre n’est pas vivre.

La Génération Z est dans la rue, et elle écoute du Hip Hop, elle écrit, rappe, slame, chante son spleen et ses idéaux, ses mots d’ordre et ses slogans contre le népotisme, le chômage, la corruption, la dégradation des services publics, l’indécence des gouvernements.

Soudan, souviens-toi.

Génération numérique, la Génération Z utilise mieux que quiconque les réseaux sociaux, pour se retrouver, se rassembler, investir certaines rues du monde pour combattre les maux qui la rongent, exiger équité, égalité, respect, revendiquer qu’on lui rende définitivement ses ailes pour qu’elle puisse voler.

Voler au-delà des désastres.

Voler.

Voler, vers l’avenir.

Certes, tout n’est pas parfait, mais il est beau de voir une jeunesse qui refuse que ses revendications socio-économiques, ses droits légitimes et fondamentaux — l’éducation, la santé, l’emploi, le rêve, l’avenir, ou tout au moins le rêve d’un avenir — continuent d’être confisqués, une jeunesse qui se lève.

Comme un soleil !

Jeunesse qui se lève, comme un soleil.

Marc Alexandre Oho Bambe est écrivain, poète et slameur camerounais. Il est également connu sous le nom de Capitaine Alexandre. Il est l’auteur de plusieurs recueils de poèmes. Son œuvre récente est « Carnet de vertiges. Anthologie à fleur d’encre » (Points).