La France n’importe-t-elle pas du beurre, selon un député RN ?
Jean-Philippe Tanguy a déclaré : « Si on avait dit : un jour, la France importera du beurre. Si on en avait parlé il y a vingt ans, on aurait dit, mais il est fou. » En 2000, la France avait importé 125.000 tonnes de beurre, un chiffre qui a grimpé à 210.000 tonnes l’an dernier.
Il était l’invité de la journaliste Caroline Roux dans l’émission « C dans l’air ». Interrogé sur la crise agricole qui touche actuellement la France, le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy a, sans surprise, exprimé son soutien aux agriculteurs. Cependant, il a également abordé d’autres sujets, relevant le manque de souveraineté de la France, particulièrement dans le secteur alimentaire. Il a déclaré : « Si on avait dit : un jour, la France importera du beurre. Si on en avait parlé il y a vingt ans, on aurait dit, mais il est fou. » Pourtant, il a affirmé : « on importe des œufs, on importe du beurre et on importe de la volaille. »
La France, célèbre pour ses croissants et son kouign amann, importerait du beurre ? La patrie du lait, qui compte 3 millions et demi de Normands et presque autant de Bretons, le ferait-elle ? C’est effectivement le cas. Mais contrairement à ce que soutient le député du RN, cela n’est pas récent, comme le rappelle France Info. Voici les faits.
Effectivement, la France importe du beurre. Nos recherches montrent que cela a commencé il y a plus de vingt ans. « Nos statistiques les plus anciennes remontent à l’année 2000. Cette année-là, on avait importé 125 000 tonnes de beurre », explique Jean-Marc Chaumet, directeur économie au Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel). Cependant, l’an dernier, ce chiffre a considérablement augmenté, atteignant 210 000 tonnes de beurre importées. En comparaison, la France a produit 350 000 tonnes de beurre l’an dernier, un chiffre qui reste globalement stable ces dernières années.
Sans surprise, nos fournisseurs sont nos voisins les plus proches, des pays majeurs dans le domaine laitier en Europe : les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Irlande ou encore la Belgique. Toutefois, il est relativement rare de trouver du beurre étranger dans les rayons des supermarchés. En effet, le beurre importé n’est pas destiné à agrémenter nos tartines. « Les trois quarts de ce que nous importons arrivent sous forme de gros formats de 25 kg. C’est utilisé par l’industrie agroalimentaire dans le cadre d’échanges B to B », précise Jean-Marc Chaumet. Il ajoute que la France exporte également, mais plutôt des produits à valeur ajoutée, comme « les beurres AOP ou texturés, utilisés en boulangerie ». En réalité, seuls 5 % du beurre de grande consommation provient de l’étranger.
Pour détecter du beurre importé, il est donc judicieux de vérifier la provenance des produits industriels que vous consommez : brioches, plats préparés, viennoiseries ou sauces. Ces produits transformés sont à l’origine de l’augmentation de la consommation de beurre. En France, le marché du beurre en plaquette connaît un léger déclin depuis des années. Cependant, la demande continue d’augmenter grâce aux recettes dérivées. Si ces produits sont importés, c’est principalement parce que les laiteries françaises préfèrent s’orienter vers des productions à plus forte valeur ajoutée, surtout que les prix ont tendance à chuter cette année en raison d’une surproduction laitière.
L’Inde est de loin le premier producteur de beurre au monde. Les Indiens, friands de « ghee », un beurre clarifié couramment utilisé dans de nombreux plats, consomment en grande quantité ce produit. La France figure parmi les dix premiers producteurs, derrière les États-Unis, la Nouvelle-Zélande ou le Pakistan. Globalement, la balance commerciale des produits agroalimentaires français reste largement positive, avec un solde de près de cinq milliards d’euros l’an dernier. Cependant, la tendance a considérablement changé cette année.

