Belgique

Les Belges passent presque 4 heures en ligne par jour.

Les 16-24 ans passent en moyenne plus de cinq heures par jour en ligne, tandis que les personnes âgées de 75 à 89 ans ne passent qu’un peu plus d’une heure par jour en ligne. Les personnes ayant un niveau d’instruction élevé passent en moyenne 4,4 heures par jour sur les écrans, contre 3,4 heures pour celles ayant un niveau d’instruction moyen et 2,9 heures pour celles ayant un niveau faible.

À chaque tranche d’âge, son temps d’écran

Le temps de connexion varie considérablement selon l’âge, avec une tendance évidente : les plus jeunes passent plus de temps en ligne. Les jeunes adultes âgés de 16 à 24 ans figurent parmi les plus gros consommateurs, avec une moyenne de plus de cinq heures par jour. Ce temps diminue graduellement à partir de 25 ans, atteignant environ 4,9 heures chez les 25-34 ans, 4,3 heures chez les 35-44 ans, et 3,6 heures chez les 45-54 ans. Avec l’âge, la réduction du temps d’écran est incontestable. En effet, les seniors de 75 à 89 ans passent en moyenne un peu plus d’une heure par jour en ligne.

On n’a plus une génération complètement connectée et une autre complètement déconnectée

Bruno Humbeeck, psychopédagogue à l’UMons et auteur de « Moins d’écrans, plus de liens », analyse cette distinction liée à l’âge : « On n’a plus une génération complètement connectée et une autre complètement déconnectée. Si on a un pic au niveau des 26-40 ans qui est une tranche d’âge ultra-connectée, on a des résultats qui sont quand même nuancés. C’est-à-dire qu’on est dans une génération très connectée et une autre qui l’est un peu moins. Ce qui est intéressant, c’est que cette enquête démontre qu’on n’est plus totalement dans des situations de déconnexion complète de la génération la plus âgée. »

Bruno Humbeeck signale ainsi les disparités générationnelles et la manière dont les nouvelles technologies sont utilisées : « On a effectivement une tendance des générations plus âgées à rester moins longtemps en ligne. Ça ne veut pas dire que ces personnes consultent moins, mais qu’elles restent moins longtemps dans ce qu’elles consultent. »

On a de plus en plus des générations qui utilisent différemment leur connexion

Ce psychopédagogue à l’UMons explique le lien entre le temps d’écran quotidien et les différentes générations : « On peut supposer que les personnes plus âgées ont tendance effectivement à s’informer sur les technologies nouvelles, mais peut-être moins que les générations plus jeunes à acheter, et donc à faire des choix. Et ce qui prend beaucoup de temps d’écran, c’est aussi quand on compare lorsque l’on fait des achats, etc. C’est l’usage qui va changer plutôt que le fait d’être ou pas connecté. On a en fait de plus en plus des générations qui utilisent différemment leur connexion. »

Niveaux d’instruction et compétences numériques

Bien que l’âge soit le facteur principal influençant le temps passé en ligne, une enquête de Statbel souligne également l’importance du niveau d’instruction. Ceux ayant un niveau d’instruction élevé passent en moyenne 4,4 heures par jour sur les écrans, contre 3,4 heures pour un niveau moyen, et 2,9 heures pour un niveau faible. Il est à noter qu’une proportion, dans chaque catégorie, passe plus de 8 heures par jour devant les écrans, mais ceux ayant un niveau d’instruction élevé sont nettement plus nombreux.

On a affaire à une génération instruite mais qui va creuser cette instruction

Pour Bruno Humbeeck, les chiffres reflètent une certaine réalité qui contredit des idées reçues : « Les gens instruits utilisent les écrans, mais ils essaient de l’utiliser pour finalement améliorer leur niveau de connaissance. On est face à un usage raisonné des écrans. C’est pour ça que ces données-là sont importantes à diffuser pour ne pas diaboliser les écrans. On n’a pas affaire à une génération décérébrée qui serait rendue ‘stupide’ à cause des écrans. On a affaire à une génération instruite mais qui va creuser cette instruction encore davantage en les utilisant. Chercher, cela prend du temps. C’est cette donnée qui corrèle le niveau d’instruction avec le temps d’utilisation des écrans. »

Le gouffre risque de se créer si on n’apprend pas ça très tôt aux enfants

L’auteur de « Moins d’écrans, plus de liens » admet qu’au sein de chaque niveau d’instruction, il existe des utilisateurs qui passent leur temps sur des contenus peu enrichissants. Cependant, Bruno Humbeeck insiste sur le fait que les personnes les plus instruites utilisent davantage l’intelligence artificielle pour satisfaire leur quête de savoir. Cela expliquerait en partie pourquoi elles investissent plus de temps en ligne pour leurs recherches, comparativement à celles ayant un niveau d’instruction inférieur. Néanmoins, le psychopédagogue met en garde contre une possible fracture numérique si l’éducation au bon usage de l’IA n’est pas intégrée dès le plus jeune âge : « Le lien avec le niveau d’instruction va très vite le démontrer entre les personnes qui utilisent l’intelligence artificielle pour s’instruire et pour mieux analyser une information. Et ceux qui imaginent que l’intelligence artificielle va produire l’ensemble. L’intelligence artificielle est mal nommée. C’est un support artificiel de l’intelligence humaine. C’est là que le gouffre risque de se créer si on n’apprend pas ça très tôt aux enfants. Donc c’est vraiment important de le mettre dans les programmes scolaires très précocement. »

Bruno Humbeeck souligne que tant que le temps passé en ligne sert à l’instruction, il ne faut pas diaboliser les écrans, mais il rappelle également l’importance du temps de déconnexion pour se reconnecter à soi et aux personnes qui nous entourent.