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Bilan international 2025 : onze mois de présidence trumpiste transformateurs

Dès son investiture le 20 janvier, Donald Trump a donné le ton en conviant les représentants de l’extrême droite mondiale à la cérémonie. « Il faut reconnaître que l’approche transactionnelle de Trump a obligé le Premier ministre israélien Netanyahou à organiser un cessez-le-feu », admet Raoul Delcorde.


Dès son investiture le 20 janvier, Donald Trump a clairement marqué son intention. Des représentants de l’extrême droite mondiale ont été invités à la cérémonie, aux dépens de certains chefs d’États. « Un de ses premiers décrets, signé ce jour-là, est de sortir de l’Accord de Paris sur le climat », souligne Regis De Rath. Presque un an plus tard, le républicain a boycotté tous les sommets environnementaux et a contribué à la banalisation des discours d’extrême droite, tant aux États-Unis que dans le reste du monde.

Les États-Unis ont retrouvé une place prépondérante sur la scène internationale cette année. Donald Trump aspire à devenir le pacificateur du monde, avec des résultats mitigés. « Il faut reconnaître que l’approche transactionnelle de Trump a contraint le Premier ministre israélien Netanyahou à organiser un cessez-le-feu. Qui parle à Poutine ? C’est Trump aussi », admet Raoul Delcorde. « On a tourné une page dans les relations internationales, on est revenu à l’idée que le monde est structuré par les grandes puissances ».

Selon Regis De Rath, cette nouvelle configuration profite principalement à la Russie de Vladimir Poutine : « Un blanc-seing est accordé à l’envahisseur russe en Ukraine, le plan de paix initial de Trump a été rédigé au Kremlin par un proche de Poutine. Le président russe est remis au centre du jeu, et on a l’impression qu’il mène Donald Trump en bateau ».

Entre la Russie qui avance et les États-Unis, se trouve l’Europe. Le spécialiste des relations internationales de la RTBF s’interroge : « Sur le dossier ukrainien, les Européens sont encore autour de la table et font front, mais pour combien de temps ? » Le diplomate Raoul Delcorde critique la faiblesse de la diplomatie européenne, tant en Ukraine que dans d’autres domaines : « Nous devrions nous désolidariser des États-Unis et affirmer la voix de l’Union européenne dans plusieurs conflits internationaux. Or, nous n’avons aucun levier au Moyen-Orient et en sanctionnant la Russie et ses dirigeants, nous nous sommes exclus de la diplomatie ».

La solidarité européenne subit des tensions à cause des États-Unis, qui soutiennent désormais ouvertement les partis politiques d’extrême droite en Europe. Raoul Delcorde met en garde : « Nous pourrions voir émerger un axe d’extrême droite de Paris à Budapest. Washington suit avec intérêt la prochaine présidentielle en France. Au Royaume-Uni, la gauche au pouvoir est fragile. En Allemagne, l’extrême droite représente la deuxième force politique. Les Européens doivent se ressaisir ».

À l’international, « l’internationale réactionnaire » se renforce avec l’élection de José Antonio Kast à la présidence chilienne, rejoignant ainsi le cercle des leaders populistes et d’extrême droite soutenus par Donald Trump.

Le journaliste de la RTBF rappelle que Donald Trump déploie un plan établi avant les élections de 2024 par l’aile ultraconservatrice du Parti républicain, le Projet 2025 : « Le scénario est extrêmement noir, si l’on examine ce que l’administration Trump a mis en place ». Regis De Rath décrit « le régime illibéral établi en affaiblissant l’État, la justice et les agences fédérales, à travers des purges et des licenciements abusifs », prenant comme exemple le Doge d’Elon Musk, ou le déploiement de l’armée dans les rues des villes démocrates. « Ses prises de position sont extrêmement haineuses, racistes, et criminalisent les populations étrangères », dénonce-t-il.

Raoul Delcorde demeure optimiste quant à une possible résistance au sein des États-Unis : « Les démocrates remportent régulièrement des élections et l’économie est mauvaise. On s’attend à une défaite des Républicains lors des élections de mi-mandat, ce qui pourrait influencer l’idéologie trumpienne ».

Il existet des signes de résistance à l’intérieur même de l’administration et du camp républicain, tel que le Secrétaire d’État Marco Rubio, qui incarne une droite plus conventionnelle et demeure assez critique vis-à-vis de la diplomatie à la Trump. L’ambassadeur honoraire complète : « Il y a ce tandem extravagant, le beau-fils du président, Jared Kushner, et son partenaire de golf Steve Witkoff, qui négocient avec la Russie et Israël. Cela ne peut pas durer ! Je pense qu’à un moment donné, l’administration classique va regagner de l’influence ». L’interview de la cheffe de cabinet de Trump dans Vanity Fair révèle déjà une administration en déséquilibre. De toute manière, l’année à venir dépendra de la dynamique américaine. Pour Raoul Delcorde, « la tornade Trump continuera à souffler ».

► Écoutez l’intégralité de ce débat dans le podcast du Monde en direct ci-dessus.