Crise agricole : Macron affirme que l’accord UE-Mercosur « ne peut pas être signé »

Jeudi matin, environ cinquante agriculteurs ont forcé un barrage de gendarmerie dans les Pyrénées-Orientales, bloquant un rond-point menant à l’A9, près du péage du Boulou, à proximité de la frontière espagnole.

Les syndicats agricoles principaux rencontreront vendredi le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui a supervisé les dernières annonces sur la gestion de l’épizootie de dermatose bovine, déclencheur de la colère des agriculteurs alimentée par l’accord UE-Mercosur. « J’ai eu un contact la semaine dernière et nous le verrons demain matin à son invitation à Matignon à 9h45 », a élucidé le président de la FNSEA Arnaud Rousseau sur RMC/BFMTV.

Les Jeunes agriculteurs, dont les membres sont nombreux sur les barrages routiers dans le Sud-Ouest, seront également reçus séparément à 8h30 à Matignon vendredi, comme confirmé à l’AFP.

Le nouveau président, Bertrand Venteau, ainsi que le secrétaire général de Coordination rurale, deuxième force syndicale actif surtout dans ses bastions du Sud-Ouest, seront également reçus, a précisé l’organisation à l’AFP.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré être confiant dans la capacité des 27 à parvenir à un accord permettant de financer l’effort de guerre de l’Ukraine, à son arrivée jeudi à un sommet européen dédié à cette problématique.

« Je suis confiant sur le fait qu’on va trouver une solution parce que les Européens sont unis dans cette volonté de poursuivre » leur soutien à Kiev, a assuré le chef de l’État français.

Jeudi à Bruxelles, Emmanuel Macron a réaffirmé que la France n’était pas prête à signer l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur dans son état actuel.

« Je veux dire à nos agriculteurs qui manifestent la clarté de la position de la France depuis le début: sur le Mercosur, nous considérons que le compte n’y est pas et que cet accord ne peut pas être signé », a-t-il déclaré.

Jeudi, le ministre des Transports a appelé les agriculteurs à ne pas entraver la circulation des personnes et des biens durant les fêtes de Noël, alors que leur mobilisation semble s’intensifier.

Interrogé sur Europe 1 et CNews sur sa volonté d’éviter un « blocage plus dur » de la part des agriculteurs que les barrages de routes et d’autoroutes jusqu’ici concentrés dans le Sud-Ouest, Philippe Tabarot a déclaré: « je le souhaite, je les appelle » à ne pas compromettre davantage les mouvements de véhicules et de marchandises.

« C’est un mouvement qui est plutôt populaire, que les Français soutiennent. Et ça aurait un effet inverse que de bloquer ces routes, ces autoroutes, de ne pas permettre aux Français de se retrouver » durant les fêtes, a plaidé le ministre.

En approche du dernier week-end avant Noël, il a insisté sur le « transport de marchandises, qui est un vrai enjeu. C’est un week-end ô combien important pour notre pays, économiquement (…) il faut aussi laisser circuler les camions qui transportent les marchandises ».

« On ne va pas lâcher. On s’est fait critiquer la dernière fois d’avoir quitté l’autoroute trop tôt », a affirmé à l’AFP Benjamin Roquebert, éleveur et céréalier de 37 ans en Haute-Garonne, présent sur le barrage de l’A64, en référence à la mobilisation agricole de début 2024. Le blocage va se poursuivre « Tant qu’il y aura des abattages », a-t-il garanti.

Le trafic SNCF a pu reprendre jeudi sur la ligne Toulouse-Narbonne, le blocage des voies établi depuis deux jours à Villefranche-de-Lauragais (Haute-Garonne) ayant été levé mercredi soir, selon SNCF Réseaux.

Cinq axes autoroutiers étaient fermés ou perturbés dans le sud-ouest de la France en raison des mobilisations agricoles, selon un recensement effectué jeudi matin par Vinci Autoroutes.

« Le Sud-Ouest du réseau reste très fortement impacté », a résumé Vinci Autoroutes dans un communiqué, mentionnant des coupures dans les deux sens sur l’A64 (Bayonne-Toulouse), l’A61 (Carcassonne-Toulouse), l’A20 (Toulouse-Paris, au niveau de Cahors).

Une coupure a également été signalée sur l’A89 au niveau de Périgueux tandis que dans l’est de l’Occitanie, des perturbations étaient également notées sur la bretelle A645 en direction de l’Espagne.

Ce jeudi, l’attention se porte sur Bruxelles où les agriculteurs européens prévoient d’attirer une dizaine de milliers de manifestants pour s’opposer à l’accord de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur, qu’ils estiment menaçant les productions agricoles européennes face à la concurrence du bétail ou des poulets brésiliens, par exemple. Un sommet européen se tiendra dans la capitale belge pour discuter notamment de ce sujet particulièrement sensible.

Mercredi matin, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a appelé à « l’apaisement à l’approche de Noël », mais les agriculteurs ont exprimé leur volonté de continuer à manifester et à bloquer des routes au-delà des fêtes « s’il le faut ».

La Confédération paysanne a de son côté annoncé mercredi soir prévoir une quinzaine d’actions dans presque autant de départements dans les jours à venir.

À l’avant-garde de l’opposition à la stratégie du gouvernement sur la dermatose bovine, qui a conduit à l’euthanasie de plus de 3.300 animaux depuis juin, la Coordination rurale et la Confédération paysanne ont reçu le soutien de branches locales des Jeunes Agriculteurs (JA) et parfois de la FNSEA, le premier syndicat agricole.

Une nouvelle fois, la rédaction de 20 Minutes se mobilise pour vous fournir toutes les informations concernant la crise agricole en cours. La gestion par le gouvernement de la dermatose bovine et l’accord UE-Mercosur sont les principaux éléments déclencheurs de cette colère agricole.