Les récits marginalisés en bande dessinée africaines à Rabat
L’Institut Royal pour la recherche sur l’Histoire du Maroc (IRRHM) a abrité, mardi, une conférence présentée par l’historien-anthropologue Aomar Boum. Cette conférence s’est focalisée sur les récits marginalisés de la bande dessinée africaine et a été introduite par le directeur de l’IRRHM, Rahal Boubrik, qui a souligné l’importance de repenser l’écriture de l’Histoire à travers l’image.
L’Institut Royal pour la recherche sur l’Histoire du Maroc (IRRHM), dépendant de l’Académie du Royaume, a accueilli mardi une conférence intitulée « Dans les marges : histoires visuelles des récits marginalisés de la bande dessinée africaine ».
Animée par l’historien-anthropologue et membre de l’Académie, Aomar Boum, cette conférence vise à s’inspirer des initiatives réalisées dans d’autres pays africains pour faire émerger une nouvelle approche de l’image, tout en contribuant au développement d’une bande dessinée renouvelée au Maroc, plaçant la culture marocaine au centre de la création.
Lors de cet événement, le directeur de l’IRRHM, Rahal Boubrik, a expliqué qu’à travers le concept « dans les marges », M. Boum propose une analyse critique de la manière dont le récit des bandes dessinées est redéfini, mettant en avant la « violence structurelle » du colonialisme ainsi que ses effets persistants après l’indépendance, sans céder à des récits héroïques ou spectaculaires.
Cette approche incite à repenser les modes d’écriture de l’Histoire et la place de la marge, vue comme un centre de production de sens et de savoir, a-t-il noté, ajoutant que ce projet pose un défi clé : celui de lire l’Histoire à travers l’image.
La conférence esquisse ainsi les contours d’un projet qui interroge les évolutions des modes d’expression contemporains, étant donné que les jeunes et adolescents s’adressent désormais à nous par leurs propres moyens, non plus à travers les livres académiques, mais via de nouveaux médias, parmi lesquels les bandes dessinées, a précisé M. Boubrik.
Pour sa part, M. Boum a souligné dans son discours que plusieurs pays africains ont utilisé le roman graphique et, plus largement, la bande dessinée, non seulement comme outil de valorisation de leurs cultures, mais aussi comme levier pour l’élaboration de nouveaux programmes éducatifs et la création de nouvelles institutions d’enseignement, cet art graphique étant employé à la fois comme support culturel et pédagogique.
Évoquant les principales écoles de bande dessinée du continent, le membre de l’Académie a mentionné que celles-ci ont cherché à s’affranchir des modèles français et belges, citant en exemple l’école de Kinshasa, qui se concentre principalement sur des questions sociales et économiques.
En présentant plusieurs bandes dessinées africaines et leurs figures emblématiques, le chercheur marocain a indiqué que, contrairement à d’autres expériences africaines, notamment en République Démocratique du Congo, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, qui sont apparues durant la période des indépendances, et au Cameroun, dont les racines remontent aux années 20 et 30, l’école marocaine de la bande dessinée s’est davantage développée durant les années 80 et 90.
Il a cependant rappelé que l’omniprésence du zellige dans les maisons et les villes du Royaume témoigne de formes anciennes de réflexion et d’expression culturelles.
L’IRRHM est un établissement national de recherche scientifique, chargé de dynamiser la recherche sur l’Histoire du Maroc et de promouvoir la connaissance de son passé proche et lointain, en vue d’ancrer l’identité marocaine et de renforcer la mémoire collective, tout en interagissant avec les divers acteurs liés à l’identité et à la personnalité à travers les ères.

