Tunisie

Compétition officielle : mise en abyme tragicomique des frères Nasser à Gaza

Le film « Il était une fois à Gaza » est en compétition officielle de la 36e édition des JCC. Dans le film, Yahia, engagé pour jouer dans un film de propagande intitulé « Le Rebelle », utilise son rôle pour se venger du policier qui a tué son ami.


Au-delà des bombardements, de l’isolement de la bande de Gaza et de la précarité due au blocus, qui perdurent depuis des années, le film illustre comment réaliser un film en temps de guerre, caractérisé par la pénurie et l’enfermement, où la survie devient essentielle.

La Presse — Il était une fois à Gaza, en compétition officielle à la 36e édition des JCC, débute comme un film de gangster avec tous les éléments du genre : drogue, poursuites et arrestations. Toutefois, à mi-parcours, lorsque Oussama, le chef, est éliminé, son apprenti Yahia croise un réalisateur qui le recrute pour le rôle principal de son film. C’est à ce moment que l’intrigue prend une nouvelle direction.

Le film montre la réalité des bombardements et de l’isolement de Gaza en période de blocus, tandis qu’il aborde le thème de la réalisation cinématographique sous tension, où la survie devient primordiale.

Dans cette situation absurde, où la tension atteint son comble, Yahia, jeune étudiant, travaille pour Oussama, un vendeur de falafels. Ensemble, ils établissent un réseau de trafic de drogue, dissimulant les produits dans des pains pitas. Un policier corrompu intercepte Oussama et le tue. Yahia promet de venger son patron. Engagé pour jouer dans un film de propagande intitulé Le Rebelle, qui est le premier film d’action tourné à Gaza, certaines scènes sombrent dans le chaos suite au refus de certains acteurs palestiniens d’endosser des costumes de soldats israéliens. Le tournage, à faible budget, utilise de vraies armes, transformant le plateau en champ de bataille. Yahia, qui incarne le chef de résistance dans Le Rebelle, profite de son rôle pour se venger du policier responsable de la mort de son ami. Bien que le récit semble parfois confus, il trouve son sens à travers le parallèle entre la réalité de la vie à Gaza et le tournage d’un film sur la résistance. Ainsi, l’univers temporel et spatial est scindé en deux mais se mêle à la fin, lorsque Yahia, en plein tournage, se venge du policier en lui proposant un sandwich contenant des comprimés de drogue. Ce double jeu entre les personnages enrichit Il était une fois à Gaza et évite qu’il ne tombe dans la banalité. Ce parallèle souligne les frontières entre réalité et fiction, qui s’alimentent mutuellement. Au-delà du tragique, le film propose de l’humour comme rempart à la morosité et à l’anxiété d’un peuple confronté à des années de guerre. Les acteurs, en particulier celui incarnant Yahia, ont réussi à donner vie à leur rôle, transformant un jeune étudiant introverti en homme capable d’affronter sa peur et d’exprimer sa colère contre l’injustice. Cette dualité a largement contribué au succès du film.