Belgique

Brigade Anti Agression Bruxelles-Capitale Ixelles : 60 ans d’interventions et anecdotes

En décembre 1965, deux drames consécutifs ont conduit à la création de la Brigade Anti Agression, dont le premier événement a été le meurtre de l’agent Van Helmont le 4 décembre lors d’une fusillade avec des braqueurs. Depuis sa création, la BAA a évolué en diversifiant ses activités, passant de l’intervention sur des actes violents à des missions comprenant des perquisitions à haut risque et des escortes de personnalités.


1965. Bruxelles est confrontée à une augmentation de la criminalité. La création d’une unité dédiée à la gestion des affaires criminelles les plus graves commence à se dessiner chez les responsables de la police de la capitale. Cependant, deux événements tragiques survenus en décembre de cette année-là vont précipiter la mise en place de la Brigade Anti Agression, référencée sous le nom de BAA.

Le 4 décembre 1965, l’agent Van Helmont est en charge de la circulation sur le Boulevard Anspach. Près de là, deux individus viennent de commettre un braquage à main armée et prennent la fuite avec leur butin. L’agent Van Helmont s’élance à leur poursuite, mais une fusillade éclate. Le policier est abattu sans ménagement par l’un des braqueurs. Ils ne seront jamais appréhendés.

Quelques semaines plus tard, l’agent De Leener est affecté à la surveillance d’une voiture volée près de la Banque nationale de Belgique. Trois hommes s’approchent du véhicule, et l’agent tente d’intervenir, mais il est abattu, et son corps est chargé dans la voiture. Son corps ne sera découvert que plusieurs semaines plus tard dans les dunes de Blankenberge.

« Ces deux faits tragiques ont amené les pouvoirs politique et judiciaire à devoir trouver des réponses et des solutions. » Frédéric ‘Prius’ Muls, premier inspecteur principal de la BAA et coauteur d’un livre à paraître, commente : « La réponse a été la création de la Brigade Anti Agression, avec l’idée d’offrir une meilleure formation aux policiers, afin qu’ils soient mieux équipés pour faire face aux menaces les plus graves. »

### Une unité spécialisée

À l’origine, la BAA était principalement une unité d’urgence et d’intervention. « Le cœur de métier, au départ, c’était la chasse aux flagrants délits », explique Prius, « les équipes effectuaient principalement des arrestations pour des vols à main armée, des vols de voitures ou des vols avec violence. »

Ces missions ont incité ‘Mimi’, opérateur de la BAA, à changer d’unité il y a sept ans : « Je venais d’une autre unité spécialisée, et ce qui me manquait, c’était le flagrant délit. Ce côté ‘chasse aux voleurs’, pour le dire vulgairement. » Cependant, depuis 1965, l’unité a évolué et ne se limite plus à ces fonctions.

Depuis 1965, l’unité a diversifié ses activités. « Nous effectuons des perquisitions à haut risque, des escortes de personnalités étrangères en visite à Bruxelles, mais également maintenant des recherches proactives », explique le premier inspecteur de la BAA. « Nous réalisons de plus en plus d’interventions, et chaque journée est différente. »

### 60 ans d’anecdotes

L’écriture d’un livre a permis aux auteurs, dont ‘Prius’, de se replonger dans des décennies d’anecdotes. L’une d’elles attire particulièrement l’attention. « L’équipe nationale lituanienne était à Bruxelles pour les championnats du monde 2021, mais tous leurs vélos ont été volés. Une enquête rapide a permis de tout retrouver. »

Cependant, malgré l’aide efficace de la BAA, l’équipe junior de Lituanie n’a pas pu participer à l’épreuve. « C’était une panne de réveil », plaisante Prius, « ils sont arrivés en retard au départ et n’ont pas pu prendre le départ. Pourtant, ils avaient récupéré tout leur matériel. C’était une des anecdotes très amusantes de la brigade. »

Le livre regorge d’histoires similaires, témoignant de la diversité des interventions. « Nous avons remonté le fil dès le début de la brigade, et avons retrouvé les premiers policiers de notre équipe. Ce livre fait le lien entre les anciens et les nouveaux. »

### Une période difficile

La BAA a récemment traversé une période sombre, marquée par les attentats terroristes à Paris et à Bruxelles. « Cela a beaucoup marqué le service, il y a eu l’arrestation d’Abdeslam, mais surtout beaucoup d’interventions précédant cet événement », se remémore Prius.

Ces années évoquent des souvenirs ambivalents pour les membres. « Le pire souvenir de ma carrière, c’est facile… c’était notre intervention rue du Dries à Forest. » Ce jour-là, plusieurs policiers sont blessés. « La tension était palpable, nous étions seulement quelques semaines après les attentats de Paris. »

Cependant, « l’arrestation d’Abdeslam, rue des Quatre Vents, reste l’un des bons souvenirs. Ce sont des moments d’euphorie, même si nous avons vite constaté que le repos ne serait que de courte durée. » Cette période fait l’objet d’un long chapitre du livre anniversaire.

### Une brigade résolument bruxelloise

La Brigade Anti Agression appartient à la zone de Police de Bruxelles Capitale Ixelles et revendique son identité bruxelloise. « Nous cultivons un peu l’esprit bruxellois, avec des expressions qui lui sont propres », affirme Prius avec fierté. « Ce vocabulaire, personne d’autre ne le comprend. »

« Il y a aussi une forme de connaissance du terrain à avoir, et une connaissance des personnes qui composent Bruxelles. Bruxelles ne laisse pas indifférent. Des collègues viennent de partout pour intégrer la BAA et s’imprègnent de notre culture bruxelloise », assure Prius. « Nous ne nous prenons jamais au sérieux, mais nous travaillons sérieusement. »

Ce sentiment de camaraderie et de confiance est le meilleur souvenir de ‘Mimi’. « Ce que je retiens, ce n’est pas un moment en particulier mais vraiment la cohésion de ma section. Nous nous faisons confiance les yeux fermés, et c’est la force du groupe. »

De nombreuses autres anecdotes, souvenirs et interventions insolites sont à découvrir dans le livre : « BAA 60 ans. Interventions spéciales et flagrants délits à Bruxelles. »