France

Non, l’année cinéma 2025 n’a pas été si mauvaise.

En 2025, le nombre d’entrées dans les salles de cinéma n’atteignait que 121,81 millions, contre 145,5 millions en moyenne l’année précédente. God Save the Tuche de Jean-Paul Rouve a attiré plus de trois millions de spectateurs en France.


Soyons clairs, nets et précis : 2025 n’a pas été exceptionnel concernant les entrées dans les salles de cinéma. Aucun triomphe n’est à signaler, contrairement à des films comme *Un p’tit truc en plus* d’Artus, *Le Comte de Monte-Cristo* d’Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte, ou encore *L’Amour ouf* de Gilles Lellouche. Du côté américain, la situation n’est guère meilleure. Cependant, *Zootopie 2* connaît un succès important et les entrées d’*Avatar : de cendres et feu* sont très attendues pour dynamiser ces résultats.

Les véritables bonnes nouvelles cinématographiques de l’année proviennent des films dits d’auteurs, qui ne sont pas financés par nos impôts, et qui ont surpris en attirant un grand nombre de spectateurs. Il est bon de rappeler qu’un succès s’évalue en fonction du budget du film, et on ne s’attend pas à autant d’entrées pour *La Petite dernière* que pour *Avatar*.

*20 Minutes* retient six enseignements de cette année cinéma.

### Quelques chiffres douloureux
Il semble désormais impossible d’atteindre les 180 millions d’entrées de 2024. En novembre, seulement 121,81 millions d’entrées avaient été comptabilisées contre 145,5 millions en moyenne l’an dernier. Même *Zootopie 2*, qui frôle actuellement les 4 millions d’entrées, et *Avatar* ne pourront compenser ces chiffres décevants. Néanmoins, tout n’est pas perdu pour les salles, certaines productions innovantes ont su séduire le public, ce qui est de bon augure.

### L’Amérique (je veux la voir)
Il faut admettre que les blockbusters hollywoodiens ont été peu présents. Néanmoins, des films comme *F1 – Le film* de Joseph Kosinski ont attiré les spectateurs. Les dinosaures de *Jurassic World – Renaissance* de Gareth Edwards et la version en prises de vues réelles de *Lilo & Stitch*, réalisée par Dean Fleischer-Camp, tout comme *Dragons* de Dean De Blois, ont répondu aux attentes. Les films d’action rapide, les grosses bêtes et les peluches géantes demeurent des valeurs sûres. Il convient également de mentionner l’accueil chaleureux réservé à *Une bataille après l’autre*, fable anti-complotiste de Paul Thomas Anderson avec Leonardo DiCaprio.

### Les gros succès français
*God Save the Tuche* de Jean-Paul Rouve a fait rire plus de trois millions de Français, bien que cela soit loin des 10,8 millions d’un *P’tit truc en plus*, c’est un résultat tout à fait honorable. Les Français ont prouvé leur envie de rire en plébiscitant des comédies familiales telles que *Y a pas de réseau* d’Edouard Pluvieux ou *Chasse gardée 2* d’Antonin Fourlon et Frédéric Forestier. *La femme la plus riche du monde* de Thierry Kliffa, comédie réjouissante mettant en scène une fausse Liliane Bettencourt interprétée par Isabelle Huppert, illustre bien la capacité de certains films à faire réfléchir tout en divertissant.

### Les belles surprises
On n’aurait pas parié sur *Sirāt*, notre grand coup de cœur de l’année, pour attirer les spectateurs au cinéma. Ce film contemplatif mais violent, accompagné d’une musique techno entraînante, prouve que la qualité peut séduire même dans une forme atypique. *La Petite dernière* d’Hafsia Herzi, qui raconte l’histoire d’une lesbienne musulmane, et *Muganga, celui qui soigne* de Marie-Hélène Roux, sur le médecin congolais Denis Mukwege intervenant auprès des femmes victimes de violences sexuelles, ont aussi été de belles surprises. La Palme d’or 2025, *Un simple accident* de Jafar Panahi, ne se contentera pas de représenter la France aux Oscars. Ce suspense autour d’un homme persuadé d’avoir reconnu son bourreau a bien marché au box-office. Le public manifeste un intérêt croissant pour des sujets sociétaux, souvent difficiles. On s’attend à retrouver ces œuvres lors des César.

### L’année n’est pas finie
*Dossier 137* de Dominik Moll, où Léa Drucker enquête sur des violences policières, et *Les Enfants vont bien* de Nathan Ambrosioni, où Camille Cottin élève seule les enfants de sa sœur, affichent de beaux démarrages. *L’Agent secret* de Kelber Mendonça Filho, polar politique aux allures de film de genre, semble également bien parti. À noter également nos coups de cœur : *Dites-lui que je l’aime* de Romane Bohringer, magnifique docu-fiction sur sa mère, et le poignant *La Voix de Hind Rajab* de Kaouther Ben Hania, mêlant réel et fiction pour aborder le conflit israélo-palestinien. Ces œuvres doivent beaucoup aux festivals de Cannes, Angoulême et Venise qui les ont primées.

### Pourquoi il ne faut pas désespérer
Certes, 2025 a manqué de locomotives, mais les Français restent attachés au 7e art. Les cinéastes le soulignent : nous sommes le peuple le plus cinéphile du monde et il n’y a aucune raison que cela s’arrête. Les Français continuent de montrer leur appétit pour des longs métrages variés. Ce qui tombe bien, car c’est précisément ce qui leur est proposé.

Alors, cessons d’être défaitistes et accueillons 2026 avec enthousiasme. Cette nouvelle année s’annonce riche en blockbusters, mais pas seulement ! Rendez-vous dans les salles de cinéma dès janvier.