France

Retraites, congé de naissance, mutuelles : budget définitif de la Sécu.

Le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026 a été adopté définitivement ce mardi, après des transformations profondes par les députés. La décision de suspendre la montée de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans a été votée jusqu’en janvier 2028.


Adopté définitivement ce mardi, le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026 a été largement modifié par les députés. Plusieurs mesures d’économies initialement prévues par le gouvernement ont été annulées ou diminuées, tandis que de nouveaux dispositifs sociaux ont été ajoutés. En conséquence, le texte apparait politiquement plus consensuel, bien que son équilibre financier demeure très fragile.

La réforme des retraites constitue la mesure la plus marquante. Le Parlement a voté la suspension, jusqu’en janvier 2028, de l’augmentation progressive de l’âge légal de départ à 64 ans. Les assurés nés en 1964 pourraient ainsi partir à 62 ans et 9 mois, avec 170 trimestres cotisés au lieu de 171. La reprise du calendrier serait ensuite décalée d’un trimestre, à moins qu’une nouvelle réforme ne soit adoptée d’ici là, pour un coût estimé à 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard en 2027.

Des mesures sociales sensibles ont également été adoptées. Le gel des pensions de retraite et des minima sociaux, qui devait générer près de 3 milliards d’euros d’économies, a été annulé. Le gouvernement a également décidé de ne pas doubler les franchises médicales par décret, évitant ainsi une augmentation du reste à charge pour les patients concernant certains médicaments et soins.

En revanche, un nouveau congé de naissance a été introduit, s’ajoutant aux dispositifs existants. Sa durée sera d’un ou deux mois, avec une indemnisation à 70 % du salaire net le premier mois et 60 % le second, selon les indications de l’exécutif. Initialement prévu pour 2027, son entrée en vigueur a été avancée à janvier 2026 par les députés, malgré les réserves émises par le gouvernement concernant les contraintes techniques.

Sur le plan des recettes, l’Assemblée a retenu une augmentation ciblée de la CSG sur les revenus du capital suite à des négociations entre la gauche et la droite. Le relèvement du taux a été limité en excluant certains produits d’épargne et de placement, ce qui réduit le rendement attendu à environ 1,5 milliard d’euros. En outre, une surtaxe exceptionnelle d’un milliard d’euros sur les complémentaires santé a été adoptée, suscitant des inquiétudes quant à ses effets. « Cette taxe d’un milliard, pèsera à terme sur nos concitoyens », a averti le président de la Mutualité, Eric Chenut.

Enfin, l’objectif national des dépenses d’assurance maladie a été révisé à environ + 3 %, comparé à 1,6 % dans la version initiale, afin de mieux répondre aux besoins de l’hôpital et de la médecine de ville. Le déficit de la Sécurité sociale est projeté à 19,4 milliards d’euros en 2026, après 23 milliards en 2025, mais ce chiffre inclut un transfert de 4,5 milliards depuis les caisses de l’État, une opération critiquée par l’opposition comme un simple report du déséquilibre vers le budget de l’État.