Trump aurait créé une maladie pour discréditer ses adversaires politiques.
Le concept de « Trump Derangement Syndrome » (TDS) a été inventé par les partisans de Donald Trump pour disqualifier les critiques à son égard, suggérant que ses opposants seraient atteints d’une pathologie mentale. En mai 2025, une proposition de loi a été déposée par les sénateurs républicains Warren Davidson et Barry Moore pour demander aux Instituts Nationaux de la Santé d’étudier cette prétendue « épidémie qui touche la gauche ».
Donald Trump aurait-il créé un nouveau trouble mental ? Ceci fait référence au président américain qui a un jour proposé de traiter le Covid-19 en consommant de l’eau de javel. Qu’est-ce que le « Trump Derangement Syndrome » ou TDS ? Ce terme, importé par les partisans de Donald Trump, vise à discréditer toute critique envers lui, en insinuant que ses détracteurs souffrent d’une maladie mentale les rendant irrationnels et obsessionnellement hostiles.
Une proposition de loi déposée en mai 2025 par les sénateurs républicains Warren Davidson et Barry Moore appelle les Instituts Nationaux de la Santé à examiner cette soi-disant « épidémie touchant la gauche ». Selon eux, le TDS constitue « un état d’esprit toxique » qui « divise les familles, le pays, et engendre un climat de violence nationale. »
Donald Trump utilise également ce concept pour expliquer pourquoi Elon Musk l’a abandonné. Récemment, il a diagnostiqué ce mal imaginaire chez le réalisateur Rob Reiner, décédé aux côtés de sa femme. Dans un message sur son réseau social, il a déclaré :
« Rob Reiner est apparemment mort à cause de la colère que provoquait, chez d’autres, son TDS. Il était connu pour rendre les gens fous par son obsession enragée contre le président Donald Trump. Sa paranoïa évidente a atteint de nouveaux sommets tandis que l’Administration Trump remplissait tous ses objectifs et dépassait toutes les espérances. »
Outre la grossièreté de ce message publié le jour même de la mort de cette personne, Donald Trump détourne ainsi un concept utilisé pour discréditer toutes les critiques qui lui sont adressées. À son avis, cette prétendue pathologie invalide les arguments de ses opposants, que lui considère comme des malades mentaux assaillis par une rage irraisonnée et dénuée de fondement.
Dans le Wall Street Journal, le psychothérapeute Jonathan Alpert a examiné ce type de pathologie et a reconnu « des symptômes ». Selon lui, « nombreuses sont les personnes qui ne parviennent pas à ne pas penser à Donald Trump, malgré leurs efforts. Elles interprètent chacun des actes du président comme une attaque contre la démocratie et une menace pour leur propre sécurité. » Jonathan Alpert ajoute que ces individus évoquent Trump « non pas pour discuter politique, mais pour s’immerger dans l’obsession, la rage et la peur. »
Les analystes politiques américains sont familiers avec ce phénomène. Déjà en 2003, durant la présidence de George W. Bush, le « Bush Derangement Syndrome » avait été conceptualisé, en particulier pendant l’invasion de l’Irak par les États-Unis. Dans le Washington Post, le journaliste politique conservateur Charles Krauthammer a alors défini le BDS comme :
« une soudaine paranoïa qui affecte des personnes, par ailleurs normales, en réaction à la politique, à la présidence, voire à l’existence même de George W. Bush. »
Pour Krauthammer, le « Trump Derangement Syndrome » illustre, « au-delà de l’hystérie générale autour du sujet », une « incapacité à distinguer les divergences politiques légitimes des signes de troubles psychiques. » Durant la présidence Obama, un « Obama Derangement Syndrome » avait également été mentionné, bien que peu repris dans les éditoriaux. Selon Jonathan Alpert, ces différents « President Derangement Syndromes » partagent la caractéristique de décrire « une réalité psychologique où une figure politique devient le symbole de la menace et de la perte de contrôle. »
« Ce n’est pas Donald Trump lui-même qui est la pathologie, mais le déclencheur. Pour beaucoup, il agit comme un écran psychologique sur lequel se projettent des peurs et des insécurités non résolues. Le désaccord politique se transforme en menace personnelle perçue. Un groupe plus restreint de partisans de Trump a des réactions similaires, mais d’intensité inverse : ils ressentent de la colère et un sentiment de persécution chaque fois que Donald Trump est critiqué, comme si une attaque contre lui était une attaque contre eux. »
Instrumentalisé par les partisans de Trump depuis son premier mandat, l’argument TDS apparaît pour de nombreux psychiatres comme le symptôme d’une Amérique souffrant de la radicalisation des expressions politiques. Une tribune de professionnels de santé a souligné que le prétendu TDS prouve que la santé mentale des Américains s’est détériorée sous les présidences Trump.
La hyper-communication présidentielle, avec un Donald Trump qui s’autorise outrances, mensonges et revirements quotidiens, crée, tant chez ses opposants que chez ses partisans, une tension psychologique. Un « derangement » bien réel, celui-là.

