France

Les distributeurs bancaires disparaissent-ils vraiment des petites communes ?

Une proposition de loi portée par le député socialiste Pierrick Courbon prévoit « le maintien d’un maillage dense en distributeurs automatiques de billets » et le développement du « cash back commerçant ». Selon le rapport sur l’accès du public aux espèces publié en juillet 2024 par le Comité national des moyens de paiements (CNMP) de la Banque de France, « la part de la population située à moins de quinze minutes en voiture d’un point d’accès aux espèces équipé d’au moins un distributeur automatique de billets » était de 98,8 % à la fin de l’année 2023.


Les distributeurs automatiques de billets (DAB) connaissent-ils un déclin dans les petites communes ? Une initiative législative portée par le député socialiste Pierrick Courbon vise à « garantir l’accès à l’argent liquide dans tous les territoires », en soulignant la diminution du nombre de DAB au fil des ans et la difficulté croissante pour les particuliers d’accéder à des liquidités.

Le projet de loi a été adopté mercredi 3 décembre par la commission des finances de l’Assemblée nationale et sera débattu en séance publique jeudi après-midi. Il prévoit « le maintien d’un maillage dense en distributeurs automatiques de billets » ainsi que le développement du « cash back commerçant », qui permet de retirer des espèces lors d’un achat.

**Baisse de l’accès aux automates en zones rurales**

Bien que la disparition progressive des DAB ne soit pas évidente dans les grandes agglomérations, elle se fait particulièrement sentir en milieu rural. « Les Français·es sont bien souvent contraints de devoir prendre la voiture ou un autre moyen de transport pour avoir accès à une agence bancaire ouverte, ou à un distributeur automatique de billets », avertit la proposition socialiste.

À Famars, petite commune de 2.500 habitants dans le département du Nord, les DAB ont disparu il y a dix ans. La fermeture, cet été, du distributeur le plus proche à Aulnoy-lez-Valenciennes oblige les habitants à parcourir 5 km pour retirer de l’argent. À La Guierche (Sarthe), les 1.200 habitants ne peuvent retirer de l’argent qu’en agence postale. « Beaucoup de personnes âgées ont ouvert des comptes dans cette agence pour pouvoir retirer de l’argent », confie une employée de mairie, « les agences bancaires et les DAB se situent dans des communes limitrophes ». Une situation qui ne « pose pas plus de problèmes que ça », précise-t-elle, ajoutant que « la mairie s’arrange toujours pour ouvrir l’agence postale au maximum et aider les personnes âgées qui ont fait le choix d’y ouvrir un compte. » L’installation d’un DAB indépendant dans la commune coûterait une dizaine de milliers d’euros.

**8.500 DAB supprimés en cinq ans**

Selon un rapport publié en juillet 2024 par le Comité national des moyens de paiements (CNMP) de la Banque de France sur l’accès du public aux espèces, « la part de la population située à moins de quinze minutes en voiture d’un point d’accès aux espèces équipé d’au moins un distributeur automatique de billets » était de 98,8 % à la fin de l’année 2023. Ces statistiques, qui indiquent une « très bonne accessibilité aux espèces », seraient, d’après la Banque de France, le résultat d’une répartition « équilibrée » des DAB sur le territoire.

Cependant, le nombre total de DAB et de points privatifs en France métropolitaine a atteint 71.541 à la fin de 2023, affichant une « baisse de -2,3 % par rapport à fin 2022 », selon le rapport. Le pourcentage de DAB a également diminué de 4,6 % entre 2022 et 2023, passant à 44.123 DAB en activité à la fin de 2023 contre 46.249 l’année précédente. En 2018, le pays en comptait 52.697.

« Sur 2.126 DAB supprimés (en un an) dans toutes les communes, 2.085 DAB sont situés dans des communes de plus de 2.000 habitants », indique le communiqué. Pour les plus petites communes, la baisse est encore plus marquée, atteignant – 7,1 % sur l’ensemble des communes de moins de 500 habitants entre 2022 et 2023.