Belgique

Les Engagés partent du MR à Bruxelles après 550 jours de crise.

Yvan Verougstraete, le président des Engagés, va tenter un gouvernement bruxellois sans le MR avec sept partis, dont le PS, Ecolo et DéFI. Cette alliance, qui regrouperait 43 sièges sur 89 députés, ne fait pas une majorité.

Il est désormais officiel que les Engagés se séparent du MR à Bruxelles. Yvan Verougstraete, président des Engagés, assumera le rôle de formateur ce jeudi pour essayer de constituer un gouvernement bruxellois sans le MR, le parti ayant remporté les élections en juin 2024.

Il s’efforcera de former une coalition avec sept partis. Du côté francophone, la majorité se composerait du PS, Ecolo, DéFI et des Engagés.
Pour le bloc néerlandophone, Yvan Verougstraete met l’accent sur Groen, Vooruit et le CD&V.

Sur un total de 89 députés, cette alliance représenterait 43 sièges. Ce chiffre ne constitue pas une majorité. Toutefois, le leader des Engagés espère obtenir le soutien de l’Open VLD, ainsi que des deux députés indépendants, Fabian Maingain (ancien DéFI, maintenant Lib. res) et Soulaimane El Mokadem (ex-PTB). Il convient de rappeler que Fréderic De Gucht, président de l’Open VLD, a fermement exprimé son refus de gouverner à Bruxelles sans la NVA.

Dans une lettre adressée ce jeudi matin aux Bruxellois, Yvan Verougstraete souligne qu’il est temps de dépasser les jeux politiques et de trouver des solutions pour la population et l’avenir de la Région bruxelloise.

L’heure n’est plus aux jeux politiques

« Nous pourrions évidemment chercher à désigner un ou des coupable(s). Certains ne manqueront probablement pas de le faire mais je ne pense pas que ce soit la priorité des Bruxellois. L’heure n’est plus aux jeux politiques mais à l’urgence de trouver une solution, pour la population« , déclare notamment le président des Engagés, qui soutient qu’il n’existe pas de solution « idéale« . « C’est dans cet esprit que je prends le risque d’acter le constat suivant : si nous ne changeons pas de dynamique, nous n’obtiendrons pas de résultat et nous risquons de mettre définitivement l’avenir de notre Région en danger. Malgré les efforts réalisés, il faut acter que tenter mille fois la même expérience en espérant un résultat différent, c’est de la pure folie. Une folie que Bruxelles ne peut plus se permettre.« 

« Non seulement, je n’ai aucune garantie de réussir« , ajoute Yvan Verougstraete, « mais, en plus, et je veux être très clair à ce sujet, nous ne participerons pas à un gouvernement qui n’a pas l’ambition de prendre les réformes nécessaires pour redresser structurellement la Région, d’améliorer sa trajectoire budgétaire de minimum un milliard d’euros et qui voudrait faire obstruction au gouvernement Arizona dans lequel participent Les Engagés avec le MR.

Dans sa lettre, Yvan Verougstraete est clair sur son avenir personnel : « Je n’aspire aucunement à jouer les premiers rôles dans cette situation. Si quelqu’un d’autre veut prendre le lead ou a une meilleure proposition à faire, surtout qu’il n’hésite pas.« 

Yvan Verougstraete prévoit d’organiser des réunions vendredi et durant le week-end avec les différents partenaires potentiels.

La lettre d’Yvan Verougstraete aux Bruxellois

« Chères Bruxelloises, chers Bruxellois,

Je ne suis pas né politique mais Bruxellois et, comme vous,  » j’ai mal à ma Région « . Ce n’est donc pas comme Président des Engagés mais avant tout comme Bruxellois que je vous écris aujourd’hui.

Il y a dix jours, la Région Bruxelles-Capitale battait le record mondial sans gouvernement et face au risque vital pour notre Région, pour nos associations, pour nos entreprises, pour l’image de notre capitale, je tirais la sonnette d’alarme, craignant que la dynamique dans laquelle nous étions ne nous mène à une impasse.

Dix jours plus tard, je suis forcé de constater que la situation est toujours bloquée.

Nous pourrions évidemment chercher à désigner un ou des coupable(s). Certains ne manqueront probablement pas de le faire mais je ne pense pas que ce soit la priorité des Bruxellois. L’heure n’est plus aux jeux politiques mais à l’urgence de trouver une solution, pour la population.

C’est dans cet esprit que je prends le risque d’acter le constat suivant : si nous ne changeons pas de dynamique, nous n’obtiendrons pas de résultat et nous risquons de mettre définitivement l’avenir de notre Région en danger. Malgré les efforts réalisés, il faut acter que tenter mille fois la même expérience en espérant un résultat différent, c’est de la pure folie. Une folie que Bruxelles ne peut plus se permettre.

Ce constat étant fait, la situation n’en devient pas pour autant simple. Il est clair qu’il n’y a pas de solution  » idéale « . Sinon, elle aurait été rencontrée depuis longtemps.

Plus que de choisir la solution idéale, il faut donc accepter d’opter pour la solution la plus  » réaliste  » et mettre toute notre énergie pour en faire un succès.

Concrètement, si l’on reconnaît qu’en l’état il n’est pas possible de trouver une majorité regroupant le MR et le PS ou le MR et Ecolo et que l’on ne peut pas faire reposer l’avenir de la Région sur un gouvernement en affaires courantes, il me semble que la solution la plus réaliste actuellement est de réunir les partis suivants pour démarrer des négociations : Groen, Vooruit, CD&V, PS, Ecolo, DéFI et Les Engagés.

Vous ne manquerez pas de me dire que cet attelage ne réunit pas la majorité nécessaire (et vous avez raison). Cependant, non seulement c’est la coalition qui s’en rapproche le plus, mais nous espérons par ailleurs que sur base d’une trajectoire budgétaire sérieuse et d’un projet courageux, nous pourrons ensuite compléter la majorité néerlandophone en convainquant l’Open VLD de nous rejoindre.

Je comprends en effet qu’il n’est pas possible pour les libéraux flamands de monter dans cet attelage à ce stade, vu les conditions qu’ils ont posées et que je respecte pleinement. Nous avons d’ailleurs, nous aussi, des conditions.

Non seulement, je n’ai aucune garantie de réussir mais, en plus, et je veux être très clair à ce sujet, nous ne participerons pas à un gouvernement qui n’a pas l’ambition (1) de prendre les réformes nécessaires pour redresser structurellement la Région, (2) d’améliorer sa trajectoire budgétaire de minimum 1 milliard d’euros, (3) qui aurait pour ambition de faire, avant tout, de l’obstruction au gouvernement Arizona ou (4) qui n’a pas une vraie ambition pour notre Région.

Nous ne sommes pas à la recherche de postes et préférons largement être dans l’opposition que complices d’un échec assuré.

De la même manière, contrairement à ce que certains ne manqueront pas d’insinuer (je n’ai pas de doutes sur l’amabilité en politique), je n’aspire aucunement à jouer les premiers rôles dans cette situation. Si quelqu’un d’autre veut prendre le lead ou a une meilleure proposition à faire, surtout qu’il n’hésite pas. Nous nous engageons, comme nous le faisons depuis 18 mois, à soutenir toutes les propositions crédibles.

Nous avons, avant toute chose, besoin d’un gouvernement solidaire, capable de prendre des décisions difficiles mais nécessaires.

Je lance donc un appel sincère à toutes les formations démocratiques et à la société civile qui croient encore que Bruxelles mérite mieux. Vu l’importance des enjeux, on a besoin de tout le monde et on ne peut plus perdre de temps. C’est avec l’envie de rendre à la Région son éclat que je lancerai, dès demain et pendant tout le week-end, des réunions bilatérales avec les partis mentionnés ci-dessus ainsi qu’avec les partenaires sociaux, les responsables d’administration et les représentants de la société civile.

Dès la semaine prochaine, nous organiserons des réunions thématiques avec les différents partis concernés pour co-construire un projet ambitieux pour Bruxelles.

Nous voulons faire un travail sérieux, sans perdre de temps, sachant que chaque mois qui passe, la dette de la Région augmente de plus de 100 millions d’euros, 100 millions d’euros que nous aurons de plus en plus de mal à financer si nous n’apportons pas rapidement un projet crédible, porté par une équipe unie.

Bruxellement vôtre,

Yvan Verougstraete